Benjamin Romeyns : le jeune zèbre a une faim de lion

L’attaquant belge de 21 ans, qui a fait toutes ses classes au Sporting Charleroi avant de tenter l’aventure une saison à La Louvière, a signé au FC Wiltz cet été. Et il n’a pas mis bien longtemps à s’adapter à son nouvel environnement puisqu’il cumule déjà 8 buts et 3 passes décisives en 12 matchs de BGL Ligue. Pas rassasié pour autant, il compte bien faire encore mieux en deuxième partie de saison et aider son club à remonter au classement. Portrait d’un buteur qui n’est pas là pour blaguer.

Il a un ballon dans les pieds depuis qu’il a 4 ans et demi. Son père jouait au foot, son grand frère aussi. Le début de l’histoire est classique. Mais ensuite, tout le monde ne fait pas forcément toute sa formation dans un club professionnel historique de Jupiler Pro League. Benjamin Romeyns, 21 ans, a enfilé le maillot noir et blanc du Sporting Charleroi à 7 ans et n’en a pas connu d’autres jusqu’à ce qu’il parte à La Louvière à 20 ans, pour gagner du temps de jeu. Mais il reste sur le banc, et même s’il met 7 buts, si le club finit champion de 4e division belge et fait un beau parcours en Coupe de Belgique en rencontrant notamment Anderlecht en 16e de finale, il n’est pas vraiment satisfait de sa situation. Dans le même temps, le FC Wiltz le repère : « On avait besoin d’un nouvel attaquant. C’est difficile pour nous, ici, de faire venir des gars qui claquent 20 buts par saison, alors on doit être créatifs. Notre directeur sportif, Robert Jansen, a repéré Benjamin. On a rapidement réussi à le convaincre de nous rejoindre », raconte le président du club, Michaël Schenk. Le principal intéressé confirme : « Je suis venu voir les installations et j’ai été séduit. Quand tu vois le stade, les vestiaires, ça donne envie. Et puis les dirigeants m’ont promis du temps de jeu et c’est tout ce que je voulais. » L’affaire est conclue, le jeune attaquant signe. Même si lorsqu’on lui demande ce qu’il connaissait du championnat luxembourgeois, ce dernier répond en toute franchise : « Sans vous mentir… Dudelange, c’est tout. Un peu Differdange. Dudelange est connu partout en Belgique, c’est la référence quand on parle du Luxembourg. À part ça, vraiment, rien du tout. »

Un vrai 9, fort dans la finition

Malgré ce saut dans l’inconnu, l’intégration se fait vite et bien au sein de l’effectif. « Il y a pas mal de Belges, de Français, tout s’est fait naturellement. Et puis il s’agissait d’une nouvelle équipe, avec plus de la moitié de l’effectif qui se renouvelait, donc je n’étais pas le seul dans cette situation, chacun a dû participer au début de ce nouveau cycle. À la base, je suis plutôt timide et réservé, mais là les choses se sont tout de suite bien passées. On a fait un stage de préparation une semaine en Bosnie, l’ambiance était incroyable, on a vraiment bien rigolé et c’est là que l’on a commencé à créer un groupe. »

Sur le terrain, Benjamin Romeyns ne met pas longtemps à faire parler ses qualités et claque son premier but dès la deuxième journée de BGL Ligue, le 14 août, à la 88e minute contre Rosport. La finition est un de ses premiers atouts. « La prise de profondeur aussi, j’aime bien profiter de ma vitesse pour partir dans le dos des défenses », ajoute-t-il. Il faut dire qu’il n’a jamais changé de poste depuis qu’il a chaussé les crampons, tout petit, chez les Zèbres de Charleroi : « J’ai toujours été un vrai 9, je n’ai jamais évolué ailleurs sur le terrain. » Il enchaîne le match suivant en marquant contre Mondercange, même si son équipe s’incline 4-1. Les débuts sont prometteurs. À mi-saison, l’attaquant a déjà soigné ses stats avec 8 buts et 3 passes décisives. Pas mal, quand on vient d’arriver et que le club stagne à la 10e place. « Même si c’est son job hein, on l’a recruté pour ça ! », lance un intendant du club, chambreur, dans les couloirs. Son meilleur match ? « Contre le Fola je dirais. Je commence sur le banc, il y a 1-1 à la mi-temps. Le coach me fait entrer et je plante rapidement deux buts. Ensuite, on déroule et on finit par s’imposer 5-1 », se rappelle le nouveau buteur du FC Wiltz. « Individuellement, je ne peux être que satisfait. J’espère faire mieux en deuxième partie de saison, voire plus. » Il espère surtout que son équipe prendra rapidement des points afin de vite s’éloigner de la zone de relégation, après une première moitié de championnat décevante sur le plan des résultats. En tout cas, le Belge est confiant : « Avec le groupe que l’on a, on aurait largement pu être dans la première partie de tableau si on n’avait pas pris autant de buts évitables dans les dernières minutes, comme contre Mondorf où on perd des points bêtement (Wiltz menait encore 4-2 à la 86e minute). Mais contre Dudelange et Hesperange, que l’on a affrontés juste avant la trêve, on n’a pas été ridicules malgré la défaite. À la reprise, on a trois gros matchs importants face à des concurrents directs (Rosport, Mondercange et la Jeunesse), ce sont des matchs à six points. Si on les gagne, on passera vraiment une meilleure deuxième partie de saison. » Quelques victoires, c’est tout ce qui manque selon lui : « Si on parvient à enchaîner quelques bons résultats, la confiance reviendra et on aura tout de suite davantage de stabilité. Même si, jusque-là, on n’a pas eu les résultats que l’on espérait, la manière était là dans le jeu. On sent que l’on peut faire quelque chose. »

« On doit parfois un peu le secouer et lui rentrer dedans ! »

L’avant-centre d’1,85 m, fan de Manchester City depuis toujours et de Sergio Agüero, a en tout cas approfondi ses connaissances et pris la mesure du football luxembourgeois. Après quelques mois, il a déjà compris que la BGL Ligue ne correspondait pas forcément à l’image que l’on en a en Belgique : « Les gens là-bas ont beaucoup d’a priori et pensent que le niveau n’est pas top. Sincèrement, je ne m’attendais pas à ce que j’ai trouvé en arrivant. Le niveau est en réalité vraiment bon, plus fort que la 4e division belge dans laquelle j’évoluais l’année dernière. Pour comparer avec la Belgique, je dirais que l’on se situe entre la division 2 et la division 3. »

Olivier Minaire

Au FC Wiltz, les dirigeants savent que le classement final du club dépend en partie des performances de leur recrue. Et même si ses stats de première moitié de saison sont satisfaisantes, ils attendent encore plus de leur attaquant : « On doit parfois un peu le secouer et lui rentrer dedans ! Le coach l’a mis deux ou trois fois sur le banc pour lui faire comprendre. Il a un très grand potentiel, mais se repose parfois sur ses lauriers. Il doit se faire un peu plus mal dans certaines situations. Benjamin a vraiment une grosse marge de progression », détaille Michaël Schenk. Le joueur a conscience qu’il peut s’améliorer : « Je dois notamment essayer de mieux conserver le ballon dos au but, de rester plus costaud. Et sur le travail défensif, bon… c’est connu que nous, les attaquants, on n’aime pas trop ça. Mais il faut que je m’y mette, surtout quand on joue en bloc bas. » Le président n’est pas inquiet : « Quand on le titille, on obtient de lui la réaction que l’on attend. Et son beau-père m’a promis qu’il allait lui offrir des baskets pendant la trêve pour qu’il souffre un peu ! »

Prolongation en vue

Preuve de la confiance qui règne entre les deux parties, des discussions sont en cours pour une éventuelle prolongation, alors que le contrat de Benjamin Romeyns arrive à son terme à la fin de la saison. « Je me vois ici dans un futur proche. Je cherche de la stabilité, du temps de jeu, et Wiltz me l’offre. J’ai emménagé à Bastogne avec ma copine qui a trouvé un travail. On est bien installés. » Dans le camp des dirigeants, le ton est tout aussi positif : « Les choses sont en très bonne voie pour une prolongation. Il est heureux ici, sur et en dehors du terrain, notamment avec son travail d’assistant social. Benjamin est un bon garçon, il est jeune. Il doit encore bosser pour être à 200 %, mais ça va venir », développe Michaël Schenk.

Si le jeune zèbre de Charleroi parvient à s’aguerrir, à rester sérieux, concentré, travailleur, tout en conservant son efficacité devant le but, il a tous les atouts pour se transformer en lion et faire rugir de plaisir les supporters de l’Am Pëtz.

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