Il y a 30 ans, la Grande Boucle effectuait un passage remarqué au Grand-Duché. Une édition 1992 qui, pour célébrer le traité de Maastricht, fit un passage sur les routes des pays fondateurs de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier).
L’édition 1992 est entrée dans l’album des plus belles éditions du Tour avec, à cette occasion, la deuxième victoire sur l’épreuve de l’Espagnol Miguel Indurain. Mais cette édition 1992 fut aussi celle des records, avec six pays traversés en plus de la France : Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Luxembourg, Italie et Espagne. Les cinq premiers cités afin de rendre hommage à la création de la CECA.
Vainqueur sortant de son premier Tour, Miguel Indurain est favori à sa propre succession cette année-là. Et pour lancer l’Espagnol, quoi de mieux qu’un départ depuis la péninsule ibérique ? Ses principaux adversaires déclarés sont les Italiens Gianni Bugno et Claudio Chiappucci, tandis que Greg LeMond veut toujours croire à un nouveau sacre, et que Laurent Fignon tient désormais le rôle de lieutenant au profit de son leader, le champion du monde Bugno.
À noter que ce Tour de France 1992 est le premier pour un cycliste qui va devenir le chouchou du public français, Richard Virenque. Les tricolores entament d’ailleurs tambour battant ce Tour de France avec la victoire de Dominique Arnould lors de la première étape, qui surprend les sprinteurs à San Sebastian. Pour son premier Tour, le Suisse Alex Zülle revêtira le maillot jaune une journée, avant de le céder à… Richard Virenque, au soir de la deuxième étape à Pau.
Un exploit qui fera date
Après les passages en Belgique, aux Pays-Bas, puis en Allemagne, la plus grande course cycliste au monde débarque à Luxembourg le 13 juillet 1992. Leader de l’épreuve, c’est une septième journée avec le maillot jaune sur les épaules que le Français Pascal Lino s’apprête à vivre tout au long des 65 kilomètres du contre-la-montre luxembourgeois. Le profil de ce chrono est très roulant dans sa première partie, en direction de l’est du pays, puis un passage le long de la Moselle via notamment Ehnen, avant de revenir vers Canach, Schrassig, Munsbach puis la côte de Senningerberg et enfin l’arrivée dans la capitale au rond-point Schuman.
Et si l’on connaissait déjà à l’époque les aptitudes de Miguel Indurain pour l’exercice du contre-la-montre, l’Espagnol va ce jour-là réaliser un authentique exploit. Ses adversaires Gianni Bugno et Greg LeMond vont être relégués à plus à 3′41′′ pour l’Italien, et 4’04’’ pour l’Américain. Coéquipier de Indurain chez Banesto, le Français Armand de Las Cuevas terminera deuxième, mais à trois minutes tout de même de son leader. Une performance stratosphérique qui fera dire à Gianni Bugno que Indurain « fut un extraterrestre » sur ce chrono.
Lancé à toute allure sur les routes luxembourgeoises, au bout de 7 kilomètres, Indurain distance Bugno de déjà 22 secondes ! Greg LeMond qui, lui, n’est même pas équipé d’un casque aérodynamique, contrairement à ses adversaires espagnol et italien, fait tout de même bonne impression dans la première partie du chrono. Mais Miguel Indurain survole littéralement la route, dans son style totalement éblouissant. Au pointage du 37e kilomètre, « Miguelon » explose le meilleur temps alors détenu par le Français Gérard Rué de quasiment deux minutes, à 53,046 km/h de moyenne !
Et « Super Miguel » assomma ses adversaires directs
Symbole du rythme diabolique de l’Espagnol, il remonte Giancarlo Perini, parti deux minutes avant lui. Puis c’est au tour de Eddy Bouwmans, parti quatre minutes plus tôt, d’être avalé. Mais Indurain ne va pas s’arrêter là, puisque même Laurent Fignon, parti six minutes plus tôt, est repris par le train d’enfer de celui qui réussira la prouesse de remporter cinq Tours consécutifs. En 1 h et 19 min, Miguel Indurain frappe donc un grand coup sur la Grande Boucle 1992, même si ce jour-là Pascal Lino (6e à 4′06″) parvient au prix d’un effort héroïque et contre toute attente à conserver sa tunique jaune de leader.
C’est à Sestrières quelques jours plus tard, lors de la 14e étape du Tour, que Miguel Indurain s’empara du maillot jaune. Mais ce jour-là, c’est Claudio Chiappucci qui réalisa un numéro extraordinaire. Après une centaine de kilomètres en solitaire, l’Italien s’impose devant son public en altitude. Indurain, victime d’une hypoglycémie, ne parvient pas à suivre les meilleurs dans les derniers kilomètres, mais récupère suffisamment de temps pour prendre les commandes du général.
Le lendemain, Gianni Bugno tentera d’attaquer Indurain dans l’Alpe d’Huez, où il était parvenu à s’imposer deux fois en 1990 et 1991. Mais le Transalpin ne parvint pas à distancer Indurain, et pire, il est même décroché dans l’ascension du col de la Croix de Fer. Sur le contre-la-montre de 64 kilomètres disputé entre Tours et Blois à deux jours de l’arrivée sur les Champs-Élysées, Miguel Indurain s’imposa une nouvelle fois, et il ne pouvait dès lors plus rien arriver à « Super Miguel » dans la conquête de son deuxième Tour de France.
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