362%. C’est l’augmentation, en seulement dix ans que la valeur moyenne des voitures de collections a prise, selon une étude de Knight Frank Luxury Investment en 2017. Un pourcentage impressionnant, qui s’explique avant tout par plusieurs raisons. L’internationalisation du marché, avant tout, a joué un rôle fondamental dans l’accroissement de l’intérêt. Avec la Russie, la Chine, et le Moyen-Orient, pays qui voient leur nombre de très riches augmenter continuellement, le phénomène est bien vite devenu mondiale, et a eu un effet domino. Ainsi, une augmentation d’investisseurs attire toujours l’oeil, fait parler d’elle et amène, inexorablement, de nouveaux clients prompts à foncer dans ce qui semble être une nouvelle aubaine. Avec une telle croissance, il s’agit néanmoins de freiner les ardeurs de certains, peut-être trop excités devant ce qui semble être une formidable opportunité. Car le marché n’est pas aussi simple que cela, et une erreur peut vite être faite, amenant avec elle des conséquences néfastes et un investissement plutôt bancal. Depuis 2018, la hausse des prix est plus calme, un signe de maturité après des années de flambée selon les spécialistes, qui montre aussi une certaine robustesse de ce marché qui continue de progresser malgré les crises et n’a pas cédé à une bulle spéculative. Il faut aussi noter que dans ce marché est apparu de plus en plus ces dernières un nouveau participant massif, en l’apparition du trentenaire. Passionnés, ces derniers ont petit à petit mis de côté l’achat de voitures sportifs, préférant privilégier l’acquisition de véhicules dont ils rêvaient plus jeune et pour lesquels le lien affectif est évident.
Des charges financières conséquentes d’entretien
Si le budget à l’achat n’est pas nécessairement une somme astronomique (il est possible de trouver des 2CV négociable aux alentours de 10 000 euros, ou encore une Peugeot 205 GTI, qui peut s’acheter pour 9 000 euros en bon état), de nombreuses charges supplémentaires vont évidemment peser sur votre investissement. Entre les coûts d’entretiens, les coûts de maintenance, une assurance obligatoire et assez salée quand bien même le véhicule n’est pas utilisé, les dépenses mensuelles peuvent ainsi vite représenter un réel souci, si vous n’avez pas anticipé la chose. Préférez au passage toujours les voitures qui ont été conservées dans leur état d’origine, sans aucun changement d’embrayage, de système de freinage et surtout de moteur, ce qui suppose évidemment un faible kilométrage. Et, à ces coûts déjà non-négligeables s’ajoute évidemment l’espace de stockage qui implique donc un garage qui là aussi sera encore une dépense qui peut faire du mal à votre porte-monnaie. L’investissement initial est donc très loin de couvrir l’intégralité des coups qui peuvent vite devenir une charge fort pesante. Une situation qui peut encore plus s’aggraver tandis que les années passent, et que le pari d’une augmentation de valeur du véhicule ne devient guère gagnant. Il est aussi bon de préciser que la conduite de ces voitures de luxe peut évidemment être contre-productive, les acheteurs étant généralement très intéressés à l’idée d’acheter un véhicule avec le plus petit nombre de kilomètres au compteur.
Le danger de son succès
Le succès et la popularité grandissante de ce marché peut aussi paradoxalement, être une composante de sa propre destruction, à l’image de l’adage du serpent qui se mord sa propre queue. Au cours des 20 dernières années, la production mondiale des voitures de prestige a été multipliée par 5. Il y a donc de plus en plus de véhicules produits pour chaque modèle, ce qui minimise l’effet de rareté. Par exemple, la production annuelle de Ferrari est passée de 4000 véhicules en 2000 à 9000 véhicules en 2017. Le marché pourrait donc devenir un peu moins attractif. Néanmoins, et il convient de le préciser, l’avantage de placer dans le domaine des voitures de luxe est qu’il est proche d’impossible de tout perdre. Si la valeur d’une voiture n’augmente pas de manière conséquente sur une certaine durée d’année, il est rare de les voir perdre en valeur. Ou tout du moins, la baisse de son prix ne pourra jamais arriver à l’équivalent de l’argent investi au départ de cette décision. À l’image de la sortie de la Dodge Viper en 1990 : beaucoup de collectionneurs ont acheté cette dernière, persuadés que son style unique et agressif couplé à son moteur V10 645 ferait d’elle une pépite dans les années à venir. Malheureusement pour eux, l’augmentation de prix attendu ne s’est jamais faite sentir. Et, après avoir dépensé 50 000$ à l’achat il y a près de trente ans, la Dodge Viper s’achète aujourd’hui aux alentours de 40 000%. Soit une perte à la revente de l’équivalent de 20%, sans prendre en compte les coûts de maintien. Soit un retour sur investissement évidemment négatif, mais loin des pires crashs que certaines personnes ont pu vivre sur d’autres marchés.
Trouver la perle rare
Avant tout, le choix de la voiture en question est déjà plus complexe qu’il n’y parait. Un néophyte pourrait ainsi parfaitement penser que plus le modèle est ancien, plus il prendra de la valeur. Ceci ne pourrait être plus faux. Car il faut apposer une sérieuse distinction entre voitures de collections et « objets de musées », qui regroupent généralement la grande majorité des automobiles d’avant-guerre. Autre bémol à l’achat des véhicules les plus anciens, le danger de les voir vite devenir des gouffres financiers en termes d’entretien et de maintenance. Ils sont aussi souvent très gourmands en carburant, ce qui peut vous coûter cher si vous utilisez le véhicule. Enfin, vous aurez aussi sûrement du mal à trouver des pièces de rechange. Tant de raisons de ne pas foncer tête baissée dans ce qui pourrait au premier abord être une évidence, mais n’est en réalité qu’un traquenard.
Qu’il s’agisse de la Bugatti Royale, construite en seulement 6 exemplaires et qui vaut aujourd’hui autour de 40 millions d’euros, ou de quelques Citroën DS comme neuves, intouchables à moins de 45.000 euros, le principal critère de gain à la revente est la rareté du véhicule, et non l’ancienneté.
Une voiture classique est un véhicule qui définit une époque. Ces véhicules peuvent changer la donne dans la technologie automobile au moment de leur lancement, ou ils pourraient être des icônes de l’industrie qui les rendent recherchés par les collectionneurs. Une voiture avec une histoire de course améliore son pedigree et augmente son attrait auprès des acheteurs potentiels. Les emblématiques véhicules de Carroll Shelby ou Raymond Loewy sont de bons exemples de voitures qui restent pertinentes des décennies après leur sortie initiale.
Avoir été propriétaire d’une célébrité peut également conduire à améliorer le potentiel de devenir iconique. Les voitures appartenant à des légendes hollywoodiennes comme Steve McQueen ou Paul Newman représentent une époque spécifique et résument une génération.
Un marché de connaisseur
Nous nous retrouvons donc sur un marché bien plus complexe que certains pourraient penser au premier abord. Une personne n’ayant que peu de connaissances dans le domaine pourrait donc se retrouver dans un achat paraissant prometteur sur le papier, mais aux conséquences financières, tant à l’achat qu’à l’entretien, particulièrement néfastes. Au final, comme dans la quasi totalité des investissements financiers, une véritable connaissance et une rigueur constante sont de mise pour réussir ce qui ne doit pas être un pari mais bien une décision pragmatique et réfléchie. L’achat affectif ou compulsif est ainsi une quasi garantie d’un futur compliqué. Au final, il n’est pas déraisonné de comparer l’achat de voitures de luxe à la simple conduite de celles-ci : laissez l’excitation de mise, privilégiez les décisions rationnelles et réfléchies, et essayez tout de même de profiter de l’expérience.
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