On les a un peu perdu de vue ces dernières années au point de ne plus vraiment les élever au rang de favori. Les Pays-Bas restent, pourtant, l’une des places fortes européennes du ballon rond. Le palmarès des Oranje est là pour le rappeler. La richesse de l’effectif est un autre argument imparable. La vie d’une très bonne équipe de football est ainsi faite de cycles qui la propulsent au pinacle avant de la reléguer aux oubliettes. Les Néerlandais ont semble-t-ils mangé leur pain noir ces dernières années et une performance de choix à cet Euro les réhabiliterait parmi les meilleurs du monde.
On pointera comme principal problème l’absence d’un grand gardien. Jasper Cillessen n’est pas le premier venu, mais sa longue absence dans les cages de Valence en raison d’une cuisse douloureuse ne l’a pas consolidé dans un statut de n°1 incontournable. On pourra aussi toujours pinailler en disant qu’il manque à cette génération un leader fort en gueule. Un Robben, un Van Nistelrooy, voire un Van der Sar mais les Blind et autres Wijnaldum ont de l’expérience à revendre et le collectif batave peut mettre en miette n’importe quel adversaire. Ceux d’un calibre légèrement inférieur en font une proie
de choix pour la bande à De Boer qui n’est jamais aussi à l’aise que face à une équipe joueuse mais moins talentueuse. Néanmoins, il y a motif à croire en de nouveaux leaders de groupe en la présence de Frenkie De Jong ou Matthijs De Ligt, tous deux devenus indiscutables dans leurs clubs de la Juventus ou du F.C Barcelone.
C’est le cas de l’Ukraine et de l’Autriche qui s’avanceront dans cet Euro avec des certitudes que leurs deux sélectionneurs ont bâtis au fil des années. Andrey Shevchenko et Franco Foda ont bénéficié de temps pour construire des groupes qui arrivent à maturité. Ce n’est pas le seul point commun entre ces deux nations. On y trouve de très bonnes individualités dans le concert européen. Alaba, le défenseur autrichien du Bayern que Foda a avancé sur son échiquier. Zinchenko, le poumon gauche de Manchester City lui aussi plus offensif et plus axial en sélection a gagné en temps de jeu et régularité dans cette année historique pour les cityzens.
Malinovskyi, le magicien de l’Atalanta et Sabitzer, le brillant homme à tout faire du Red Bull Leipzig valent aussi le détour. Trop rarement présentes dans des phases finales de tournois majeurs, l’Ukraine comme l’Autriche ne peuvent pas se permettre de rater la deuxième marche de l’Euro. Il leur faudra se montrer performants contre la Macédoine du Nord, valeur d’ajustement de Groupe C.
Le pays des Balkans est heureux comme un premier communiant à l’idée de s’inviter au banquet européen et d’y mettre un souk pas possible. Du haut de ses 37 ans, papa Pandev veille sur une bien belle génération et n’hésitera pas à l’inviter à lâcher la bride pour réussir un coup. Sans réelle pression, le petit poucet de la compétition aura a cœur de jouer libéré, sa simple présence étant déjà une grande victoire.
Après avoir tenu en échec l’Angleterre puis battu l’Allemagne, la Macédoine du Nord s’est ouvert l’appétit. Le pays le moins peuplé de l’Euro sait qu’il ne suffit pas de réussir un seul coup pour jouer un rôle majeur dans un tournoi de longue haleine. Mais un bon résultat face à l’Autriche en ouverture l’installerait dans une position de poil à gratter comme la Bulgarie lors de la Coupe du monde 1994. Et commencer une bien belle histoire, qui plairait à tous les supporters de David contre Goliath.
LE PRONO DE LA RÉDACTION
Les Pays-Bas semblent avoir une longueur d’avance, mais méfiance. En débutant par l’Ukraine et l’Autriche, il n’y aura pas de place à l’erreur. Le duel pour la seconde place devrait être remporté par les hommes de Schevchenko, qui semblent de plus en plus sûrs de leur jeu sous l’égide de l’ancien Ballon d’Or. Enfin, pas de miracle pour la Macédoine du Nord.
Les Pays-Bas ont presque pris l’habitude de faire sans lui ces derniers mois, mais la vie sans Virgil van Dijk n’est pas tout à fait la même qu’avec le défenseur
de Liverpool. Son absence en club n’est pas passée inaperçue. Frank De Boer composera sans lui pour redonner des couleurs à une nation privée de dernière Coupe du monde et absente aussi à l’Euro français il y a cinq ans. Branchés sur courant alternatif ces derniers mois, les Oranje n’ont pas toujours séduit notamment face aux gros calibres. Il s’agira de ne pas prendre l’Autriche et l’Ukraine à la légère pour déjà se qualifier pour le tour suivant.
Le jeu « à la hollandaise » est promesse de spectacle et De Boer doit poursuivre le travail entrepris par Koeman. Avec un mélange de vécu et de jeunesse, tous les espoirs sont permis.Les différents profils font des Bataves une équipe imprévisible avec des attaquants qui se complètent bien. On pense au grand De Jong de Séville qui s’associe bien aux ailiers Berghuis et Promes. Voire à Depay, véritable couteau suisse que De Boer peut utiliser où bon lui semble. La zone de turbulence traversée par la sélection néerlandaise s’est terminée vers la mi-2019 avec un parcours abouti en Ligue des Nations où seul le Portugal est venu gâcher la fête batave.
Les qualifications pour l’Euro ont vu des Oranje rivaliser avec l’Allemagne avec pour seule fausse note un match nul en Irlande du Nord synonyme de deuxième place du groupe.
Pas de quoi déstabiliser un groupe qui peut toujours compter sur l’inoxydable Blind pour former la charnière centrale au côté de De Ligt, voire au côté d’un De Vrij tout auréolé d’un titre de champion d’Italie avec l’Inter qui vient compléter une saison de toute beauté. Il s’agira de mettre les ego de côté pour former un vrai groupe cimenté. Ce qui a parfois joué des tours aux Pays-Bas.
LE JOUEUR À SUIVRE : MATTHIJS DE LIGT
Malgré son jeune âge, De Ligt est déjà un véritable taulier. Devenu intouchable à la Juventus, l’élégant arrière central incarne la nouvelle génération, avide de titres et résultats. Il sera assurément l’un des plus veaux joueurs à suivre de la compétition.
Lorsque le besoin s’en fait sentir, l’Ukraine a l’art d’appeler à la rescousse les anciennes gloires locales. Après Oleg Blokhine, c’est Andrei Shevchenko qui est au chevet de
la sélection depuis 2016 et l’élimination peu heureuseau premier tour de l’Euro. L’ancien Ballon d’Or a redonné du souffle à une sélection qui s’appuie sur ses deux locomotives locales (Dynamo Kiev et Shaktar Donetsk) pour former le réservoir d’une sélection qui compte trois ou quatre expatriés de talent. On pense à Zinchenko (Manchester City) que le sélectionneur a replacé dans un milieu de terrain où son rôle de fourmi est appréciable. Devant lui, Malinovskyi a pris de l’épaisseur à l’Atalanta et Yarmolenko peut toujours être une source de tourment pour l’adversaire. Des arguments de choix pour une troisième participation à l’Euro, la quatrième à une phase finale d’un tournoi majeur après le beau quart de finale à la Coupe du monde allemande de 2006. Sous le règne de Shevchenko, l’Ukraine a montré de beaux progrès, avec une amélioration des résultats et du jeu. Et le groupe a aussi prouvé sa capacité à changer de style de jeu quand nécessaire, à l’image de son match nul héroïque en mars face à l’équipe de France. Une attitude que les ukrainiens devront retrouver pour mettre à mal ses deux concurrents hollandais et autrichiens.
LE JOUEUR A SUIVRE : OLEKSANDR ZINCHENKO
Le très bon latéral gauche de Manchester City
est l’un des électrons libres dans le milieu de terrain d’Andrei Shevchenko. Pratiquement devenu indispensable sous Guardiola, il semble avoir passé un cap cette année. Son profil hybride offre de nombreuses alternatives à son entraîneur.
L’Autriche a longtemps souffert de sa comparaison avec sa voisine suisse, mais Das Team semble armée pour jouer les trouble-fêtes dans un Euro qu’elle a rarement fréquenté. 2021 marquera seulement la 5e apparition de ce pays dans la compétition, où elle n’a jamais pu faire mieux que son quart de finale lors de la toute première édition en France en 1960.
L’entraîneur allemand Franco Foda a trouvé le système dans lequel peuvent s’exprimer au mieux des stars de l’équipe qui arrivent à maturité. Un moment en délicatesse avec sa sélection, Alaba respire beaucoup mieux dans le système de Foda avec un flanc gauche qu’il arpente avec gourmandise. Avec Baumgartlinger en pare-choc et le talentueux Sabitzer en soutien du fantasque Arnautovic, l’Autriche ne manque pas d’arguments pour postuler aux huitièmes de finale. Promue en Ligue A en Ligue d’Europe après
des performances appréciables contre la Roumanie et la Norvège, Das Team arrive le moral au zénith pour retrouver notamment une Macédoine du Nord qu’elle a battue en qualification. Il s’agira de répéter ce succès pour conserver une chance de passer la phase de groupes et rejoindre les huitième de finales de la compétition. Avec un groupe dans l’ensemble assez homogène, un bon résultat contre l’Ukraine ou les Pays-Bas serait assurément un grand pas vers le tour suivant. Reste aux autrichiens, portés par David Alaba, de réussir cette prouesse.
LE JOUEUR A SUIVRE : DAVID ALABA
L’homme aux quatre poumons joue un cran plus haut en sélection qu’avec le Bayern. Le couteau suisse autrichien a un vécu et une élégance qui en font un leader naturel sur le terrain. Officiellement partant du club bavarois une belle performance durant la compétition ne ferait qu’élever sa côte sur le marché des transferts.
C’est le pays le moins peuplé qualifié pour cette phase finale et l’énorme surprise de la campagne qualificative. La Macédoine du Nord s’est hissée pour la première fois dans un tournoi majeur à l’issue d’un véritable parcours du combattant. Troisième de son groupe, elle a ensuite battu le Kosovo puis la Géorgie en barrages de Ligue des Nations pour représenter l’ex-Yougoslavie à l’Euro en compagnie de la Croatie. Une performance hors-norme pour un pays qu’absolument personne n’attendait dans la phase finale de ce championnat d’Europe des Nations.
Imaginez la joie d’un Goran Pandev au crépuscule de sa carrière : l’attaquant du Genoa va enfin pouvoir humer l’atmosphère d’une phase finale après une brillante carrière en Serie A majoritairement. Et apporter le vécu à une nation toute jeune qui manque d’expérience, mais pas de talent. Les nuls récents contre l’Angleterre et la victoire historique et inoubliable contre l’Allemagne prouvent qu’il ne faudra pas prendre cet adversaire à la légère, même si se montrer performant dans la durée est une tout autre histoire. C’est dans ce registre que Pandev pourra apporter tout son expérience à un groupe qui assume son statut de jeune cadet, et qui aura à cœur de démentir les pronostics. Après tout, rappelons-nous bien que le petit poucet sort grand vainqueur de son aventure.
LE JOUEUR A SUIVRE : ELJIF ELMAS
La pépite du Napoli est branchée sur courant alternatif avec son club mais sa technique pourrait le propulser au rang de révélation de l’Euro.
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