Euro 2020 : Présentation du Groupe D

10 minutes

Dans ce quatrième groupe de l’Euro 2020, on retrouve une Angleterre prometteuse mais sans résultats majeurs depuis des décennies, une Croatie vice championne du monde, une République Tchèque loin de son niveau glorieux des années 2000, et une Écosse qui effectue son grand retour: décryptage des forces en présence.

« Toujours confiants, jamais gagnants ». Voilà ce qui pourrait adéquatement décrire la sélection anglaise de ces dernières décennies. Depuis son titre de champion du monde en 1966, l’Angleterre n’a tout simplement jamais réussi à remporter de nouveau trophée international, ni même rallier une finale. Pourtant, par le passé, tout le pays a cru, d’innombrables fois, en son groupe de représentants. Aux débuts des années 90 jusqu’à l’Euro 96, l’espoir était grand. Un état d’esprit sûrement encore plus élevé à l’aube des années 2000 où les Three Lions affichaient un des plus bel effectif de l’histoire. Las, l’histoire se répétait, encore et encore, à base d’empilement de joueurs sans réel projet, et désillusions douloureuses.
Est-on parti pour revivre la même situation ? Dur à dire. Une chose est certaine : les résultats sportifs sont au rendez-vous et, sur la lancée de leur demi- finale en 2018, les hommes de Gareth Southgate semblent avoir développé une certaine âme et projet de jeu. Forte de ces quelques certitudes, la sélection devra néanmoins faire attention dans ce groupe aux allures de piège.

À l’image de la Croatie, son bourreau en Russie et qui se verrait bien refaire le même coup. Depuis cette finale historique il y a trois ans, le groupe entraîné par Zatko Dalic semble rentrer dans le rang mais a tout de même décroché la première place de son groupe de qualifications. Dorénavant amputés de Rakitic qui a pris sa retraite internationale en 2019, les Croates, toujours portés par leur maître à jouer Luka Modrić essaieront de s’appuyer sur leur excellent travail en terres Russes pour passer l’écueil de la phase de groupes.Et l’affrontement entre anglais et croates, remake d’une demie-finale mémorable en 2018 promet de faire parler la poudre.
La République Tchèque, elle, ne suscite plus la même peur que lors des précédentes années. Passé une splendide vingtaine, des années 90 à la fin des années 2000, la sélection ne regorge plus d’autant de joueurs aux statistiques et niveau de jeu intimidants. Néanmoins, malgré cette absence de talents notables, l’expérience accumulée au fil des matchs pourrait être un atout clé pour se sortir de ce groupe.

Reste enfin l’Écosse. Après 23 ans sans compétitions internationales, c’est là
le grand retour de l’équipe au Tartan. Une qualification arrachée des suites
de deux victoires étriquées dans les barrages pour l’Euro 2020 contre l’Israël et la Serbie. Le hasard a placé le groupe entraîné par Steve Clark avec son meilleur ennemi anglais et devrait offrir une joute mémorable entre deux pays qui ressentent le besoin, plus que tout de terrasser leur voisin dans le moindre affrontement sportif. Néanmoins, avant de penser à cela, il faudra réussir ses débuts face à la République Tchèque, adversaire le plus modeste de leur poule.

Ainsi, comme dans les trois groupes précédents, la première place ne devrait pas déroger à l’équipe tête de série. A domicile, l’Angleterre devrait réussir à dominer ses adversaires et se qualifier aisément pour le second tour. La question plus difficile concerne ses trois adversaires, et en particulier la Croatie, certes finaliste du dernier Mondial mais loin du niveau développé alors. Une aubaine pour l’Écosse et la République Tchèque ? Réponse le 13 juin.

LE PRONO DE LA REDACTION :

L’Angleterre semble se peaufiner au fil des années. Et la perspective de prendre sa revanche sur la Croatie devrait être une motivation suffisante pour aller chercher la victoire. La qualification pour les huitièmes de finale devrait se faire sans difficulté. Quant à la Croatie, dans un groupe au niveau assez hétérogène, elle devrait réussir à glaner la deuxième place. Nous n’avons absolument aucune idée de qui terminera 3e. Parfois, cela fait du bien d’être honnête.

ANGLETERRE :

Pour enfin réussir à conjuguer le mauvais sort et arriver au bout d’une compétition internationale, Gareth Southgate compte sur une équipe d’Albion qui semble lentement mais sûrement arriver à maturité.

Peut-être doté de moins d’expérience en 2018 en Russie, le groupe anglais avait craqué mentalement à l’idée de rejoindre la France en finale de Coupe du Monde avec sa défaite en demie-finale contre la Croatie. Une situation traumatisante au pays, qui pourrait ne pas se reproduire, la quasi intégralité du groupe ayant gagné en expérience et maîtrise. Et, au-delà des capacités mentales, la sélection est aussi assurément dotée d’un talent fou. Que cela soit au niveau de l’arrière garde, composée entre autres de Walker, Stones, Maguire ou Chillwell, d’un milieu joueur et porté par un ensemble entre puissance (Henderson, Rice) et haut niveau technique (Foden, Ings, Grealish), le bloc semble difficile à manœuvrer et tout aussi périlleux à arrêter.
Enfin, l’attaque déborde de joueurs du plus haut niveau et aux profils variés et complémentaires. Ainsi, entre Rashford, Sterling, Kane ou encore Jadon Sancho, le combo de vitesse, puissance, jeu de pivot et finition parait absolument létal. Et, pour protéger tout ce beau monde, Jordan Pickford, respecté en Angleterre et haï par les supporters de Liverpool, n’a jamais déçu sous la tunique des Three Lions. Seul véritable défaut du groupe anglais : des remplaçants peut-être encore un peu verts pour des matchs à grand enjeu. Un contingent jeune et prometteur mais qui risque de sentir ses jambes trembler au moment de conclure – ou sauver – une action décisive dans une rencontre couperet. Quoi qu’il en soit, la Fédération peut compter sur une certaine continuité avec Gareth Southgate, en place depuis 2016. Sous son égide, le consensus, tant du public que de ses joueurs semble total et la progression indéniable. Et, avec la perspective de jouer quoi qu’il se passe une demie-finale à domicile à Wembley, la motivation sera assurément présente pour transformer une compétition en terrain neutre à un dernier carré avec le soutien intégral de ses supporters. De quoi voir encore plus loin, et une potentielle place dans la finale ? Wait and see.

LE JOUEUR A SUIVRE : HARRY KANE

L’attaquant anglais a encore porté à bout de bras son équipe de Tottenham cette saison. Avec 22 buts inscrits et 13 passes décisives en 32 matchs de Premier League, « HurriKane »a encore affolé les compteurs, et compte bien emmener l’Angleterre le plus loin possible lors de l’Euro 2020. Avec lui les Three Lions sont en tout cas bien armé pour aller plus loin que les huitièmes de finale en 2016.

CROATIE :

Après sa finale de Coupe du monde perdue face à la France en juillet 2018, la Croatie s’est qualifiée pour l’Euro en terminant première de son groupe de qualification, c’est la cinquième fois consécutive que les Vatreni seront présents au championnat d’Europe. La sélection au damier s’appuie toujours sur sa génération dorée incarnée par Luka Modrić, mais paraît tout de même sur le déclin. Quelques joueurs arrivent tout de même à tirer leur épingle du jeu, à l’image de Kovacic, utile à Chelsea, Brozovic, essentiel dans le titre de l’Inter Milan, Rebic, létal cette saison au Milan AC, ou encore Duje Caleta-Car, tantôt brillant tantôt quelconque avec l’Olympique de Marseille.

Un Modrić qui, à désormais 35 ans, ne voit pas encore arriver son remplaçant dans l’entre-jeu croate. Un manque de renouvellement pas encore inquiétant pour le Ballon
d’Or 2018, encore excellent cette saison au sein du Real Madrid, mais plus préoccupant pour le reste du groupe. L’effectif de la Croatie qui émarge à 29 ans de moyenne d’âge devient vieillissant, et le vivier de ce petit pays de 3 millions d’habitants n’est pas si étoffé que cela. On devrait donc retrouver à l’Euro les mêmes visages qui ont fait briller la Croatie lors du Mondial en Russie, mais sans doute pas avec le même résultat final…

LE JOUEUR A SUIVRE : ANTE REBIC

Le joueur du Milan AC aura soigné ses statistiques cette saison avec les Rossoneri. Avec 11 buts en 25 matchs il aura contribué à la bonne saison des Milanais, revenu sur le devant de la scène après plusieurs années loin du haut de tableau de SerieA. A l’Euro il devrait être à surveiller comme le lait sur le feu…

ECOSSE

Cela faisait bien longtemps que l’on n’avait pas vu l’Écosse à pareille fête. Absente des compétitions internationales depuis la Coupe du monde 1998 en France, les Écossais sont entrés dans une nouvelle ère, vingt-deux ans plus tard. Tombeurs successivement en barrages de Ligue des Nations d’Israël et de la Serbie après la loterie des tirs au but, les joueurs de Steve Clarke ont affiché des ressources mentales insoupçonnées durant leur parcours qualificatif.

Emmenée par une génération qui parvient à faire son trou parmi les meilleurs clubs d’Angleterre (Robertson à Liverpool, McTominay à Manchester United, Tierney à Arsenal), l’équipe d’Écosse aura en outre l’opportunité d’évoluer à Glasgow lors de deux de ses trois matchs à l’Euro. Un avantage non-négligeable dans un pays où les supporters sont réputés pour les ambiances extraordinaires qu’ils créent, et leur capacité à transcender leurs joueurs. La « Tartan Army » aura aussi particulièrement à cœur de jouer un vilain tour à son voisin anglais, ennemi de toujours. On ne pense pas aller trop loin en déclarant qu’une victoire face à la perfide Albion serait vécu, au pire comme un énorme moment, et au mieux comme l’exploit de l’année. Malheureusement ils ne pourront pas compter sur Kenny McLean (Norwich), blessé à un genou avant la compétition.

LE JOUEUR A SUIVRE : ANDY ROBERTSON

Le joueur des Reds est l’âme de cette équipe écossaise dont il est le capitaine depuis septembre 2018. Archétype du défenseur latéral moderne, il sera un des atouts majeurs du onze écossais et aura à cœur de faire parler sa pointe de vitesse pour prendre à revers les adversaires de l’Écosse.

REPUBLIQUE TCHEQUE

Il y a encore quelques années, cette nation était de celle que l’on voulait absolument éviter. La génération dorée des Koller, Nedved, Poborsky et autres Tomas Rosicky
s’est achevée et le pays est rentré dans le moule des équipes dites de seconde zone. Présente en 2016 en France (élimination au premier tour), la République tchèque a ensuite manqué (comme très souvent) le rendez-vous mondial de 2018. Qualifiée pour l’Euro 2020 grâce à sa deuxième place en éliminatoires derrière l’Angleterre, elle va retrouver ces mêmes Anglais lors de la phase finale. L’équipe de Jaroslav Silhavy débarque dans la compétition sans véritable star mais avec une équipe homogène et solidaire.

Si certains éléments proviennent des clubs du pays comme le Slavia (Boril, Coufal, Kral…), la République Tchèque pourra s’appuyer sur sa diaspora de l’étranger avec Krejci de Bologne, Kalas de Bristol, mais aussi et surtout Patrik Schick qui alterne le haut et le bas depuis le début de son encore jeune carrière (Leverkusen).

42e au classement FIFA, la République Tchèque visera un passage en huitième, probablement grâce à une présence parmi les quatre meilleurs troisièmes. À moins qu’elle n’arrive à créer une véritable surprise en allant glaner, au nez et à la barbe de ses adversaires l’une des deux premières places du groupe.

LE JOUEUR A SUIVRE : PATRICK SCHICK

Révélé lors de la saison 2016/17 sous le maillot de la Sampdoria, Patrik Schick a depuis connu des hauts et des bas, que ce soit avec la Roma, Leipzig ou Leverkusen. Son sens du but sera en tout cas un des atouts principaux de la Tchèquie (31 sélections, 14 buts) lors de l’Euro.

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