L’ancien international revient sur ses souvenirs 60 ans après son triplé face au Portugal le 8 octobre 1961. À désormais 80 ans, il suit encore les résultats de la sélection.
C’est à Niederkorn accompagné de sa femme que Adolphe Schmit dit « Ady » coule désormais des jours paisibles. Lui qui fut dans les années 60 et jusqu’au milieu des années 70 un milieu de terrain reconnu au pays ainsi qu’en France ou il mena la majeure partie de sa carrière, nous a accueilli pour évoquer ses souvenirs footballistiques. Entre la sélection nationale, Sochaux, Mulhouse, mais aussi Epinal, les anecdotes sont nombreuses et parfois croustillantes.
Mais c’est tout d’abord au Fola que le jeune Ady fourbit ses armes à l’époque, entre 1959 et 1962. Une époque où il rencontre sa femme qui travaille alors dans le café de sa mère à Esch, et qui est une fervente supportrice de la Jeunesse… Finalement la rivalité sportive entre les deux clubs eschois n’empêchera pas le couple de convoler en noces au début des sixties. C’est également au début de cette décennie que le milieu de terrain va faire ses débuts avec l’équipe nationale.
Face à la Suisse B en match amical le 28 mai 1961, Ady Schmit inscrit son premier but pour le Luxembourg. Mais c’est cinq mois plus tard qu’il va faire connaître son nom aux quatre coins du pays. Ce 8 octobre 1961, le Luxembourg reçoit en effet le Portugal au Stade Municipal, à l’occasion des qualifications pour la Coupe du monde 1962. Côté lusitanien, un certain Eusebio fait ses débuts ce jour-là sous les couleurs de son pays.
Peu avant la demi-heure de jeu, Ady Schmit ouvre le score pour la sélection de Robert Heinz. Puis il double la mise à la 56e, avant de réaliser le hat-trick seulement trois minutes après! Le Luxembourg mène donc 3-0, avant qu’Eusebio ne baptise d’un but sa première sélection (82e), et que Nicolas Hoffmann ne redonne trois buts d’avance aux siens (4-1, 84e). Yaúca réduira la marque en fin de match (4-2, 89e), mais rien n’y fera, le Luxembourg bat le Portugal, chose qui n’est plus arrivé depuis. « Cette fois là contre le Portugal on avait eu des possibilités, Eusebio c’était pas n’importe qui, il était déjà un peu connu » fait remarquer Ady Schmit.
Sochaux, la belle époque
Si les souvenirs de ce match se sont quelque peu estompés après soixante ans, Ady Schmit avoue suivre encore les résultats de la sélection: « Je regarde toujours le football à la télé, mais je ne vais pas aux matchs, même si aller au nouveau stade pourquoi pas. Mais il faut quelqu’un pour m’accompagner » explique Ady. « Le problème c’est qu’il est souvent invité mais à chaque fois c’est seulement une place » explique sa fille. « Et si on doit se prendre un billet on est pas à côté de lui… ». Avis donc à la FLF, pourquoi ne pas réunir de nombreux anciens lors de la future inauguration du nouveau Stade de Luxembourg ?
Concernant sa carrière en France, Ady Schmit est un peu plus prolixe : « J’ai joué neuf ans à Sochaux, mais aussi à Mulhouse, et à Epinal en tant qu’entraîneur-joueur. Au début à Sochaux c’était en deuxième division et après on est montés en première. J’étais bien là-bas, je me donnais à fond. J’allais beaucoup à la pêche (rires), et je m’entendais bien avec tout le monde ». Avec 287 matches (et 70 buts) sous le maillot du FCSM, Ady Schmit participe à la renaissance du club dans les années 60. Vice-champion de D2 en 1964, le club sochalien retrouve ensuite l’élite du football français. En 1967, Sochaux atteint la finale de la Coupe de France, mais doit s’incliner en finale au Parc des Princes face à l’Olympique lyonnais (3-1). En 1963 et 1964, Ady Schmit soulèvera deux fois la Coupe Charles Drago, un challenge pour les équipes éliminées de la Coupe de France avant les demi-finales. Lors de la finale 63, Ady inscrira un doublé face à l’UA Sedan-Torcy (5-2), puis il ouvrira le score lors de la suivante en 64, pour une victoire 4-0 de Sochaux contre l’US Forbach.
Sur son rôle sur le terrain, l’ancien milieu avoue avoir évolué « à tout les postes sauf gardiens de but (rires). Mais je préférais jouer en tant que milieu offensif. Je tirais de loin ! Même des corners rentrants. Et je tirais du pied gauche comme du pied droit, ce qui à l’époque était plutôt rare ».
Plus tard en fin de carrière, il deviendra entraîneur du Spora, alors qu’il avait eu l’opportunité de rester en France, à Thonon-les-Bains : « Mais j’avais déjà donné ma parole au Spora, je n’ai pas changé d’avis… ». Son fils Laurent Schmit (né en 1971) jouera lui aussi au football, notamment à Niederkorn. Ady Schmit possède en tout cas un avis plutôt tranché sur le football moderne : « J’ai beaucoup de remarques à faire (rires). Certains croient qu’on peut jouer au football sans courir ».
Un de ses principal regret c’est aussi le manque de reconnaissance au pays pour les anciens joueurs : « Quand je vois les clubs en France, les joueurs sont souvent ensemble et se rassemblent. Ici au Luxembourg ça n’existe pas… » regrette Ady. 60 ans après, les livres d’histoire eux n’oublient pas qu’il reste le dernier et seul joueur luxembourgeois a avoir inscrit un triplé face au Portugal…
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