On y trouve un peu de tout. Des gloires locales, des espoirs qui ne se confirment pas et des promesses qui éclatent au grand jour jusqu’à devenir de grands champions. Le palmarès de la Flèche du Sud est un joyeux coffre à trésors duquel on exhume volontiers
quelques pièces rares.
Celle qui nous ramène 20 ans en arrière est unique en son genre, comme en témoigne sa trajectoire peu commune. Biberonné à la piste, Bradley Wiggins a fini sur la première marche du Tour de France. Onze ans plus tôt, il devenait le deuxième Britannique à
inscrire son nom sur les tablettes de l’épreuve luxembourgeoise. Dix-neuf ans après Neil Martin, dont peu de monde se souvient, et cinq ans avant Geraint Thomas, avec qui il trustera l’or en poursuite aux Mondiaux de Manchester (2008), avant de le voir à son tour
mettre les Champs-Élysées à ses pieds.
Un père louche
Bradley Wiggins est né à Gand le 28 avril 1980. Sa mère, Linda, est britannique ; son père, Gary, est australien et honnête pistard. Un paternel qui charrie une réputation sulfureuse de passeur de produits dopants. Au point qu’il utilise les couches du petit Bradley
pour planquer des fioles. La famille vole rapidement en éclats et Gary quitte le foyer. Bradley ne réentendra la voix de son père que 14 ans plus tard, au téléphone, et ne le reverra qu’en 1999.
Entre-temps, il s’en est passé des choses. On prêtait au jeune garçon une double personnalité. D’un côté, il était fan d’Arsenal, mais de l’autre, il adulait Gary Lineker et Paul Gascoigne, icônes des Spurs ennemis. C’est finalement dans l’école de foot de West Ham,
autre équipe londonienne, qu’il frappe ses premiers ballons, avant qu’un événement ne change le cours de sa vie.
Nous sommes au cœur de l’été 1992 et Chris Boardman persécute la concurrence lors de la poursuite individuelle des Jeux olympiques de Barcelone. Le déclic s’opère. Le jeune garçon fera comme son papa, mais en beaucoup mieux. Et quoi de mieux pour se glisser dans la peau d’un champion en devenir que de s’imprégner de son histoire. Bradley engloutit avec gourmandise tout ce qui lui passe sous la main. Bouquins, cassettes vidéo. Il colle des posters au mur et devient rapidement intarissable sur le sujet. Et même s’il rêve de
victoires sur le bitume, c’est à l’intérieur, dans la tradition anglaise, qu’il fourbira ses armes.
Seul dans sa bulle
Sa capacité à vivre dans une bulle, focalisé sur un objectif bien précis, le propulse rapidement au rang d’étoile de la discipline. Il devient champion du monde de poursuite individuelle en 1998 à Cuba. L’avenir lui réserve encore bien des surprises. Il goûte au
bronze aux Jeux olympiques de Sydney en 2000 dans la poursuite par équipes, ainsi qu’aux mythiques épreuves des Six Jours.
Le Tour de France, Graal ultime
La carrière de «Wiggo » est lancée. La Française des Jeux de Marc Madiot met le grappin dessus. Le rouleur alterne toujours courses sur route et épreuves sur piste et fête sa première victoire chez les professionnels au Tour de l’Avenir 2003. Le Crédit Agricole (2004-
2005) puis Cofidis (2006-2007) seront les points de chute de ses deux prochaines équipes, avant d’obliquer vers High Road puis chez Garmin (2009).
Là, il délaisse la piste, où sa moisson de médailles les années précédentes est impressionnante au point d’être fait Commandeur de l’ordre de l’Empire britannique. Sur route, il montre rapidement une appétence pour les Grands Tours.
Il prend la troisième place du Tour de France en 2009 et change une nouvelle fois d’équipe au terme de la saison. Direction Sky. Trois ans plus tard, Wiggins crève l’écran en remportant la Grande Boucle. Il devient le premier Britannique à monter sur la plus haute marche du podium des Champs-Élysées, devançant son compatriote et
coéquipier Chris Froome de plus de trois minutes. Sous cette éclatante réussite sportive, le feu couvait pourtant chez Sky. Froome, qui n’avait pas attendu Wiggins sur les pentes de la
Toussuire, fut rappelé à l’ordre dans l’oreillette. Le futur vainqueur goûta très peu à cette trahison. On ne le revit plus jamais briller sur une épreuve de longue haleine. Épisodiquement, il signa quelques performances sur des courses de moindre envergure.
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