Jeff, avec cette qualification arrachée à moins d’un moins des JO, vous êtes la preuve qu’il faut y croire jusqu’au bout!
Je pense que oui (rires).
Expliquez nous comment cette place vous est revenue, et de quelle manière vous avez accueilli la nouvelle de votre qualification?
En fait je le savais car un collègue à moi travaille pour World Archery (ndlr: la fédération internationale de tir à l’arc), et il m’a dit « dès que je sais quelque chose je te préviens », et samedi dernier vers 14h, il m’a envoyé un message pour me dire que le Fidji renonçait à sa place pour les JO. Donc je n’avais plus besoin d’attendre les résultats de l’archer tchadien, j’étais devenu le premier pour avoir la place en raison de mon ranking mondial. J’étais super content car sur beaucoup de compétitions j’ai raté de pas loin la qualification. Je n’étais pas confiant à 100%, j’avais toujours un petit doute mais depuis que cela a été officialisé hier je commence à réaliser.
Ce seront vos troisièmes JO, mais cette fois ils seront complètement différents des précédents avec cette crise sanitaire?
Oui sûrement, ce ne sera pas pareil que les autres. J’ai déjà commencer à regarder ce que l’on peut faire ou pas sur place, mais oui c’est clair que cela va être super strict, on sera enfermé, on ne pourra pas sortir beaucoup voir pas du tout, mis à part pour les compétitions. À Londres j’étais resté jusque’à la fin, j’avais été voir les nageurs luxembourgeois, voir plein d’autres choses… Et là une fois les compétitions terminées il faudra repartir, ce ne seront pas les mêmes sensations. Mais cela reste des Jeux!
En 2004 à Athènes pour vos premiers JO vous n’aviez même pas 20 ans, vous en avez désormais 36, c’est une fierté d’avoir su maintenir ce niveau d’exigence tout au long de ces années, ponctuées par une autre participation aux JO de Londres?
C’est peut-être parce que je fais une pause de huit ans entre chaque édition (rires). Ça me donne du temps pour un repos de quatre ans. Non je plaisante. En fait, déjà à Londres je pensais que ce serait mes derniers Jeux olympiques. Parce que avant je travaillais à mi-temps, et ensuite je travaillais à plein temps. Et je pensais que ce ne serait pas possible pour moi de conserver le même niveau lors de compétitions internationales, surtout avec beaucoup moins d’entraînements. Mais j’ai continué et finalement cela a fonctionné.
C’est difficile de concilier vie professionnelle et carrière de sportif?
Oui c’est plus difficile. Même au tir à l’arc car maintenant la plupart des archers sont des professionnels. Moi je travaille huit heures par jour comme la majorité des gens, et ensuite j’ai du temps pour le tir à l’arc. C’est plus compliqué c’est sûr, je perds beaucoup de temps sur mes entraînements en raison du travail.
En période olympique on parle beaucoup plus de sports d’habitude moins médiatisés, est-ce que votre qualification peut créer un engouement autour du tir à l’arc, et attirer plus de jeunes dans les clubs peut-être?
Je pense que oui. Je ne sais pas concernant les autres clubs, mais à Strassen depuis la pandémie on a énormément de demandes afin de commencer le tir à l’arc, et on a une longue liste d’attente!
En tir à l’arc est-ce que l’âge est finalement un facteur moins important que dans d’autres sports?
Oui, mais de moins en moins! Quand j’étais jeune il y avait pas mal d’archers qui dépassaient la quarantaine, mais c’est la jeunesse qui prend les devants maintenant. Je ne serai pas le plus vieux à Tokyo mais dans le top 10 des plus âgés surement.
Cela traduit une certaine évolution dans la discipline, plus de professionnalisation que naguère?
Sûrement! C’est beaucoup plus professionnel qu’il y a vingt ans par exemple. Ce qui a énormément changé, c’est l’encadrement aussi autour des jeunes. Beaucoup d’entraîneurs actuels étaient athlètes en même temps que moi à l’époque.
Quel va être votre programme d’ici Tokyo?
Déjà il y a quelques sollicitations médiatiques. Il faut que je récupère mes affaires auprès du comité olympique. A partir de lundi prochain je pourrai m’entraîner un peu plus, et je pars le 15 juillet. Cela ne me donne pas beaucoup de temps, mais je vais me préparer du mieux possible.
Avec quelles ambitions vous rendrez-vous à Tokyo?
En début de saison, mon objectif était de ne pas faire les mêmes erreurs que les saisons d’avant, ou parfois j’étais nerveux. Et quand on a commencé les compétitions internationales cette année, je me suis plus concentré sur moi-même et sur mon tir. Cela m’a beaucoup aidé. Je me fixe pas d’objectif en terme de performances, je voulais juste être content de mon tir et de moi-même. Et jusque ici cela fonctionne bien donc je ne vais pas changer d’approche.
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