« Maturité ». Voilà un mot qui revient depuis des mois dans la bouche des joueurs, membres du staff, et dirigeants du F91. Que cela soit lors de la seconde partie de saison, où certaines critiques s’élevaient face au jeu moins fantasque du leader du championnat, ou lors du match aller de cette campagne de Ligue des Champions, Dudelange a ainsi constamment répondu avec ce nom commun.
Et force est de constater qu’il n’y a pas là de mensonges ou entourloupe. Dudelange a grandi, c’est certain. À la folie naïve d’il y a deux ans, qui avait offert des rencontres dingues mais parfois au bilan comptable insuffisant, les joueurs de Carlos Fangueiro ont su apporter le pragmatisme. Peut-être plus sûr de sa force, sûrement plus conscient de ses capacités à anesthésier son adversaire, le F91 ne se rue plus à l’attaque. Un constat parfaitement validé lors du match aller, où le bon sens a souvent prévalu face à l’enthousiasme débordant. Dominateur, le club de la Forge du Sud avait su calmer le jeu alors que Mehdi Kirch était sévèrement expulsé, carton rouge qui changeait logiquement la donne. Et, après le numéro d’Hassan, qui faisait rejoindre prématurément un joueur de Tirana aux vestiaires avant de trouver l’ouverture précieuse du score, les interrogations des observateurs étaient réelles. Le F91 allait-il se ruer à l’attaque pour marquer le pion du break, au risque de se voir égaliser ? C’est peut-être dans ces quinze minutes finales que l’évolution du jeu s’est fait le plus sentir. Sans se regrouper dans ses vingt derniers mètres, et sans se jeter aux avant-postes, Dudelange a tout simplement géré. A fait tourner, a cherché – patiemment – une solution, sans pour autant subir. Une évolution notable, promesse d’un futur européen envisageable, à l’heure de retrouver l’adversaire de la semaine passée, qui compte bien, avec le soutien d’un public chaud comme la braise, retourner la situation.
Incertitudes devant…
Car tout n’est pas non plus rose pour le champion de BGL Ligue. Un mercato conséquent sur le plan des départs a remis en cause le projet de jeu souhaité par Carlos Fangueiro, vainqueur du Dribble d’Or 2022. Le technicien, qui a perdu Muratovic et surtout Bettaieb devant n’a plus autant d’options aux avants-poste qu’auparavant pour combiner et trouver la faille dans les arrières-gardes adverses. Des absences qui se sont indéniablement remarquées au Stade Jos Nosbaum, alors que le jeu offensif manquait clairement de vitesse pour destabiliser en deux instants la charnière de Tirana. Si Sinani a essayé d’orienter le jeu, et que Bojic a réussi à plusieurs reprises à percer les lignes, les difficultés se sont faites sentir dans les trente derniers mètres. L’ouverture du score, sur un long centre et une tête splendide est d’ailleurs un exemple de l’évolution presqu’obligatoire du football de Dudelange, au vu d’un mercato qui a laissé des traces.
Car les départs de Muratovic et Bettaieb ne sont pas les seuls à avoir fait du mal, loin de là. Le recrutement de Kevin Van den Kerkhof par Bastia est sûrement le mouvement estival qui déstabilise le plus le F91. Alors que le latéral aux trois poumons apportait sécurité derrière mais aussi un apport évident sur le plan offensif, son départ laisse un grand vide. Si Gashi s’est démené et a offert une prestation intéressante, l’impact et la vitesse de ce dernier n’a évidemment pas été similaire qu’un Van den Kerkhof souvent inarrêtable. Et, alors que le système de Fangueiro était évidemment impacté par la perte du piston droit, l’absence de Mehdi Kirch, capitaine essentiel, devrait là aussi sérieusement contrecarrer les plans du coach. Sans deux de ses éléments les plus vitaux au bon fonctionnement du système du F91, il s’agira de voir qui les remplacera, et avec quelle efficacité.
… Sécurité derrière
Le mercato n’a pas laissé que des traces sur le plan offensif. De nombreux départs ont aussi eu lieu sur le plan de l’arrière-garde. Mais ces mouvements ne semblent pas pour le moment avoir la même incidence. Déjà, parce qu’Aldin Skenderovic, fin connaisseur de BGL Ligue et joueur défensif polyvalent, semble avoir trouvé sa place au sein de la défense à trois mise en place par le technicien portugais. Mais aussi et surtout car le recrutement de Da Costa semble, après une seule rencontre, avoir été une franche réussite. Impressionnant de sérénité et puissance physique lors du match aller, l’international s’est comporté comme un taulier, et un observateur peu au fait du championnat Luxembourgeois n’aurait sûrement jamais cru que le défenseur jouait-là son premier match. De bon augure avant un match retour que l’équipe locale semble déterminée à retourner. Da Costa, ayant déjà vécu des ambiances particulièrement chaudes, pourra évidemment apporter son expérience à ses nouveaux coéquipiers.
Car lee public devrait assurément répondre présent. Et le KF Tirana semble décidé – et particulièrement confiant – à l’idée de retourner la rencontre. L’ambiance, qui promet d’être folle, pourrait potentiellement déstabiliser le groupe, pas habitué à jouer dans ce type d’atmosphère. Mais il convient avant tout de reprendre le match aller pour anticiper le clash de ce soir. Et il ne fait là aucun débat : le F91 avait été infiniment supérieur à son adversaire. Et avait su s’adapter aux aléas de la rencontre, tout en maintenant du début à la fin un état d’esprit conquérant mais aussi raisonné. Bref, une attitude de club mature, bien décidé à l’emporter pour continuer un long été indien. La maturité : ce mot qui revient, encore et encore, à juste titre, pour expliquer l’évolution de Dudelange en un adversaire parfois froid, parfois passionné, mais à la recherche constante d’un objectif : la victoire. Une attitude qui a parfaitement fonctionné mercredi dernier. Sera t-elle encore aussi efficace ce soir ? Réponse sur les coups de 20h.
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