La tête sur les épaules

Le F91 a confirmé, hier soir à Tirana, sa capacité à gérer les rencontres, et garder la tête froide dans des matchs qui peuvent fort vite céder à la folie. Une attitude et un état d’esprit encourageants, avant de continuer l’aventure européenne.

Le football a cela de magique – ou d’injuste, c’est selon – que l’analyse d’une rencontre ne peut être mise en place indépendamment du résultat. C’est ainsi, et cela le sera sûrement toujours. Le constat de cette deuxième joute opposant le KF Tirana au F91 Dudelange aurait donc pu, inéluctablement, être fort différent si les locaux avaient su concrétiser lors de leur temps fort. Mais les joueurs emmenés par Carlos Fangueiro ont su affronter les forts courants adverses, avant de surmonter la vague, et finalement faire plier un adversaire motivé, mais limité. 

Il y avait dans ce match hier un sentiment qu’on retrouve souvent, lorsqu’une équipe au profil modeste affronte un adversaire d’un calibre supérieur. Un début de match en fanfare, un public déchaîné, et la sensation que l’exploit est en marche. Et puis, la plus grosse écurie, presqu’inéluctablement, finit par prendre le dessus, et éteint petit à petit les espoirs de l’opposition. C’est dans l’ensemble le scénario de cette rencontre, qui a vu Dudelange, au vu de la globalité du match, assurer sa qualification de manière méritée, malgré les velléités adverses.

Un collectif serein, des individualités indispensables

Si on excepte ces vingt minutes où le navire semblait proche de couler, la croisière aura été, dans l’ensemble, assez tranquille pour Dudelange. Refusant de se laisser dominer la grande partie du match, le F91 a sorti une rencontre assez similaire à celle du match aller, avec une différence notable : l’avantage mathématique. Encore une fois, sans se ruer au but, sans chercher coûte que coûte à planter, le club de la Forge du Sud a bâti son succès avec, avant tout, des fondations solides. Le trio défensif Diouf – Skenderovic – Da Costa a encore une fois apporté énormément pour soulager un portier qui aura lui aussi, effectué une rencontre de grand acabit. 

Le milieu a lui su devenir maître de la gonfle avec une certaine autorité, réussissent à conserver le ballon, et empêchant Tirana d’enflammer la rencontre. Dudelange a ainsi tissé sa toile, lentement mais sûrement, calmant un public pourtant bien chaud avant de l’anesthésier définitivement sur deux merveilles. Évidemment, la reprise extraordinaire de Dejvid Sinani, qui ira fracasser tant le filet que les derniers espoirs des 6 000 supporters présents, sera le but le plus marquant. Mais cela serait faire injure au pion tout aussi splendide de Bojic, qui après une percée, a su asséner une frappe absolument imparable, et qui a fait un bien fou.

Cette maturité, dont nous parlions hier, s’est d’ailleurs aussi vu à l’orée du dernier quart d’heure, lorsque l’idole locale Xhixha a redonné un petit espoir à son équipe. Alors que les visiteurs auraient pu être assailli par le doute, et soumis à une pression monstre, il n’en a rien été. Car le F91 a su conserver le ballon, et, comble du tout, s’est offert les plus belles opportunités de cette fin de match, face à un adversaire qui se ruait tête baissée vers l’attaque, avec panache, mais aussi énormément de naiveté. Une attitude qui rappelait paradoxalement le Dudelange d’il y a deux ans, joueur, volontaire, mais trop souvent puni.

Voit-on là les prémisses de ce Dudelange 2022/23 ? Une équipe presque froide, mais qui, malgré des départs conséquents, croit totalement en ses capacités à l’emporter, et est prêt à prendre son temps pour en arriver là ? Dur à dire. Déjà, le mercato n’est pas terminé. Un ou deux renforts offensifs sont encore pleinement envisageables pour renforcer un groupe peut-être pas nécessairement armé aux avants-gardes. Et l’adversaire du soir était, objectivement, un ton en dessous des champions en titre de BGL Ligue. 

La pression d’un public bouillant, des absences – dues au mercato ou suspension -, un adversaire décidé à retourner la rencontre : les conditions étaient présentes pour faire chavirer Dudelange. Mais le bateau n’a pas coulé, loin de là, et est arrivé à bon port. Avant de repartir, dès la semaine prochaine, pour un nouveau match de Ligue des Champions, qui pourra permettre d’en savoir plus sur ce F91 new look. Si l’architecture du club pour cette édition 22/23 semble de plus en plus identifiable, il n’y a là pas la moindre raison de se presser. Après tout, le F91 s’est assuré encore six rencontres européennes pour en savoir plus sur ses capacités.