Article issu de notre magazine Noob!
Peux-tu présenter 4Elements ?
Bien sur. 4Elements est la plus grande organisation e-sportive au Benelux. Elle date de 2018. En 2020, nous avons fait une fusion avec FWRDGG ce qui nous a permis de nous accroître encore plus. On a des équipes présentes dans différents pays. On est en train de restructurer en ce moment, mais les trois jeux sur lesquels on veut clairement se positionner sont Counter Strike, League of Legends et Fifa. Evidemment, on reste ouvert à d’autres jeux, mais à l’heure actuelle, les trois dont j’ai parlé sont ceux sur lesquels nous sommes le plus présents.
Combien de personnes travaillent au sein de la boite ?
Avant la restructuration, nous étions plus de 100 personnes. On doit avoir une dizaine de personne dans le management, après il y a les joueurs, qui tournent autour de quarante, représentés dans plusieurs équipes. E à cela, il faut ensuite rajouter les créatifs, les codeurs, les content creators, etc… L’objectif de la restructuration avec FWRDGG était aussi dans le but de rendre l’équipe moins internationale, et se focaliser sur plus de luxembourgeois.
Pourquoi êtes-vous en pleine restructuration ?
Notre CEO Paul Helder a dû nous quitter pour des raisons personnelles et a voulu se reconcentrer sur sa vie de famille. En toute honnêteté, je pense que c’est une bonne chose pour tout le monde. On peut repartir de l’avant et continuer de grandir.
Avez-vous des joueurs luxembourgeois dans la team ?
Oui, évidemment. Nous avons Ivanilson, qui est joueur international à FIFA. Il a récemment gagné contre un joueur du RB Leipzig, ce qui en dit long sur son niveau. En termes de pourcentage, je dirais que nous sommes approximativement avec un tiers de joueurs luxembourgeois. Je pense qu’on devrait rester avec le même taux par la suite. A FIFA, nous avons vraiment un excellent vivier sur lequel on compte s’appuyer. Pour ce qui concerne League of Legends et Counter Strike, c’est un peu plus compliqué, mais nous avons toujours un contingent de joueurs d’ici.
Quel est l’objectif sur le court, moyen terme ?
Sur le court terme, c’est assurément la restructuration. Le moyen terme, c’est de travailler à nouveau avec une équipe de foot. On espère mettre ça en place avec le RM Hamm Benfica, et l’objectif est aussi de coopérer avec un club sur le plan national, mais aussi plan international. Le mix des deux pourrait être très intéressant, même si évidemment, l’association avec un club du Luxembourg est la toute première clé.
Comment vois-tu la situation de l’e-gaming au Luxembourg ?
C’est compliqué. Un grand problème au Luxembourg c’est que la plupart des compétitions ici sont sur FIFA, Rocket League ou Clash Royale. Et on voit ainsi que les joueurs dans d’autre jeux comme Counter Strike ou League of Legends n’ont pas de compétition pour se développer. Par exemple en Dota, on a seulement 100 joueurs au Luxembourg. Donc la probabilité d’avoir un grand joueur se révéler est assez faible. On peut faire un parallèle avec l’académie de foot à Mondercange. Sa création a permis de développer des talents grâce à des structures solides. C’est ce qui manque clairement ici.
Tu vois une progression ?
Oui il y a une progression sans aucun doute. Il y a de plus en plus de partenaires qui rentrent, mais beaucoup d’entre eux préfèrent encore les médias traditionnels que ceux qui touchent les jeunes. Et beaucoup de partenaires ne comprennent pas tout à fait comment ce monde fonctionne. Ils n’utilisent pas tout le potentiel de l’e-gaming.
Tu es aussi le Président de la LESF. Quelle est votre relation avec le COSL ?
On a eu un rendez-vous avec eux récemment. Le problème c’est que le COSL se replie derrière le CIO dans son argumentation. C’est un souci, car il se doit d’être aussi le représentant des sports Luxembourgeois, et pas seulement olympiques. « Si le CIO l’accepte, nous l’accepterons aussi », et cela ne va pas plus loin que ça. C’est à mon avis un grand problème. Nous n’avons pas demandé d’être un sport olympique, mais reconnu. Et d’autre part, ils ont cet argument que je ne comprends pas qui est que FIFA pourrait être un sport, mais pas Counter Strike. Comme ça n’est pas un miroir d’une discipline sportive traditionnelle, ils n’acceptent pas CS. Mais je ne comprends pas ce raisonnement. Que la pratique de jeux vidéo ne soit pas un sport, ok. Mais la définition de sport ou non se joue sur ce qui se passe en terme de pratique physique vis-à-vis de la manette et le corps humain, et non de l’écran. Je ne pourrais jamais accepter cette argumentation. Une autre explication qu’ils nous ont donné pour expliquer leur réticence est que l’e-sport est commercial… Je ne sais pas quoi répondre à ça. Les Jeux Olympiques sont le plus grand évènement commercial au monde. La Coupe du Monde, la NBA… toutes les compétitions professionnelles ont un aspect commercial. Donc ça ne fait aucun sens.
Pourquoi penses-tu qu’il est difficile pour l’e-gaming d’être considéré comme un véritable sport ?
Je fais une différence entre e-sport et e-gaming. À mon avis, l’image que l’e-sport a dans le monde n’est pas encore l’image de l’e-sport, mais plus du gaming. Une image assez clichée et loin de la réalité. Si on regarde la scène de l’e-sport actuel, quasiment tous les joueurs ont des nutritionnistes, des entraîneurs physiques, des analystes du sommeil, des psychologues. Si on compare aux autres sports, c’est pratiquement la même chose. La vraie différence va se jouer dans le domaine amateur, car il n’y a là plus aucune structure pour pratiquer avec sérieux. La on a un problème. Et pour développer ça, il faut commencer par le haut, donner une notoriété à tout, pour permettre à tout le monde de mieux saisir ce sport, à commencer par les parents. Aujourd’hui, ces derniers sont encore ignorants de la situation, et les enfants peuvent vite en profiter. Ils peuvent dire n’importe quoi : « il faut que je joue plus de dix heures par jour », ce qui n’est pas vrai. En offrant un cadre plus accessible et compréhensible pour tous, avec plus de poids et crédibilité, les choses seraient meilleures pour tout le monde. Si le Ministère des Sports était aussi avec nous, on pourrait faire beaucoup plus de travail. Il faut absolument structurer tout cela.
Il y a t-il des promesses en termes de joueurs ici au Grand-Duché ?
A FIFA, il y a clairement Ivanilson et XFabinho. Il y a aussi LXBFifa qui fait une très bonne saison, ou encore Diogo Santos, même si ce dernier est moins à l’aise sur cette version de FIFA. Ce qui est très normal. La saison prochaine, le nouveau jeu sera peut-être parfait pour lui. Et on a encore d’autres talents, qui n’ont pas pu participer à la Orange E-League cette saison. En Counter Strike, nous avons aussi Marix qui se développe de manière très prometteuse. Et ainsi de suite, comme en Rocket League. Donc il y a clairement du potentiel, même si le top du top se retrouve plus dans FIFA.
Avez-vous des grands évènements prévus dans le futur avec 4Elements ?
Oui. 4Elements n’est pas directement responsable des évènements, c’est plutôt l’agence derrière qui se charge de ça. Mais on a plusieurs projets dans la pipeline. Un qui est planifié pour la fin de cette année ou au début de l’année prochaine. On essaye aussi d’avoir un Blastpremier pour l’an prochain, mais c’est compliqué. On a l’accord de Refrsh ce qui est un excellent départ. Ils étaient même intéressés à l’idée de le faire cette année, mais avec le COVID, ça n’était pas le plus simple.
Le Luxembourg peut-il devenir une place forte de l’e-gaming ?
Théoriquement oui, sinon nous n’aurions pas lancé ce projet. Mais il faut encore beaucoup se développer. Il faut une aide sur le niveau politique, institutionnel. En Chine on présente le Luxembourg comme un pays où l’export est important et a un futur par certains ministres. Maintenant, je n’ai encore rien vu de ça. C’est bien gentil de dire des choses pour passer des accords, mais maintenant il faut passer à l’acte.
Quel message enverrais-tu à tous ces politiciens et institutions ?
C’est naturel que les politiciens aient une différence d’âge avec les jeunes. Mais ils doivent se rappeler qu’ils sont dans l’obligation de représenter les jeunes, et les prendre en compte. Je ne suis pas ici à dire « il faut faire ceci ou cela », mais faire l’effort de voir si les passions des jeunes sont quelque chose de concrets, ce que l’e-sport est assurément. S on regarde, presque un dixième du monde regarde l’e-sport une fois par année minimum. Ceci n’est pas quelque chose d’éphémère, mais bien qui se développe encore et toujours plus. Il faut donc regarder si l’on peut faire des choses, quoi, et bien se rappeler que oui, la jeunesse compte aussi.
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