Raphael Duarte : « J’allais observer Nagelsmann à Hoffenheim »

7 minutes

Devenu entraîneur de la Jeunesse Canach à seulement 22 ans, Raphael Duarte, encore étudiant à l’Université de Belval, est un ovni du football luxembourgeois. Inspirations, autorité, ambitions… C’est avec humilité qu’il s’est confié sur sa fonction. Rencontre avec le plus jeune coach d’une équipe sénior au Luxembourg.

Quel est ton parcours en tant qu’entraîneur?

J’ai commencé par entraîner les jeunes de Canach vers l’âge de 16 ans et j’ai tout de suite vu que c’était fait pour moi. J’ai joué jusque mes 18 ans mais le coaching me passionnait plus. Au début, on m’a demandé de superviser les autres équipes pour l’équipe première de la Jeunesse Canach. Puis je suis devenu adjoint (ndlr : en 2016)… J’ai ensuite été analyste video pour Hostert.

Comment se retrouve-t-on à la tête d’une équipe de Promotion d’Honneur à seulement 22 ans? 

La Jeunesse Canach cherchait un entraîneur et j’étais resté en contact avec le directeur sportif, avec qui j’avais de bons rapports.  On m’a fait la proposition et je me suis simplement demandé si j’étais prêt. Quand j’en étais convaincu, je ne me suis plus posé de questions. La situation était difficile, on n’avait que deux points d’avance sur le dernier… On a relevé le défi avec Dimitri (son adjoint), qui m’a beaucoup aidé. Je n’ai jamais été seul.

Quelle est la philosophie que tu veux prôner?

J’ai toujours pensé que mon équipe devait être active dans toutes les phases de jeu, tant en phase possession qu’en phase défensive : vouloir contrôler le jeu même sans ballon, savoir gérer tous les moments du jeu, savoir quoi faire avec le ballon, savoir comment, quand et où presser l’adversaire. Je crois aussi qu’il faut savoir s’adapter à la division dans laquelle nous jouons, et pas seulement à l’adversaire. L’idée de jeu que j’ai en Promotion d’Honneur est forcément différente de celle que j’aurais eu dans une autre division.

Qu’est ce qui te motive le plus à entraîner?

En ce moment, c’est mon équipe et ce qu’on veut construire ensemble. J’ai envie de faire quelque chose de beau avec eux. On est un beau groupe, ça fonctionne bien. Ça me motive de tout donner pour eux et essayer d’avoir du succès avec eux. Je vois à quel point ils s’investissent et ça me motive. De plus, pas mal de choses ont changé au club depuis un an et demi. De nouvelles personnes sont arrivées dans le comité et je vois leur travail de l’ombre. Ça me tient à coeur de tout donner pour eux car je sais ce qu’ils consacrent au club.

De qui t’inspires-tu?

S’inspirer de quelqu’un, c’est possible, mais il ne faut pas spécialement chercher à imiter ou reproduire. Je crois que chaque entraîneur doit avoir ses propres idées. J’ai essayé de regarder quelques entraîneurs pour voir leur manière de fonctionner. J’ai par exemple observé Manuel Cardoni, Jeff Saibene à Bielefeld, mais aussi Dino Toppmöller et Julian Nagelsmann. Quand il entraînait encore Hoffenheim, j’allais parfois regarder séances d’entraînement. Hoffenheim, ce n’est pas loin. J’y allais le matin, et je revenais pour mon entraînement du soir. 

Tu es fan de Porto… Des entraîneurs comme Mourinho ou Villas Boas ont également entraîné très tôt…

Je ne pense pas qu’ils soient liés à ma volonté d’entraîner. Mais bien sûr, les deux sont deux grands entraîneurs… Je suis très loin de tout ça ça. Les deux peuvent m’inspirer mais je ne dis pas que je veux être comme eux.

 

 

Comment gères-tu tes rapports avec des joueurs plus âgés?

Les joueurs qui étaient là à mon arrivée, je les connaissais déjà. J’avais déjà parlé avec certains joueurs cadres avant de venir… Je leur avais demandé ce qu’ils en pensaient. Ils m’ont dit : on te respecte, on veut travailler tous ensemble. Ça m’a renforcé dans l’idée de prendre l’équipe. Il y a  aussi d’autres joueurs que j’ai fait venir et ceux qui ont prolongé. 

As-tu déjà rencontré des problèmes d’autorité?

Non, tout se passe bien avec tout le monde… Je gère leurs réactions comme tous les autres entraîneurs. Je prône la communication. Je ne suis pas un dictateur! Je leur explique ce que je veux et ce que je ne veux pas et ils sont  tous réceptifs.

Et quels sont tes rapports avec les autres coaches? 

Je m’entends très bien avec tous les entraîneurs. À côté du foot, je suis contact avec d’autres entraîneurs qui sont même parfois des adversaires. Je ne me sens pas différent…

Lors de ta première demi-saison, vous avez terminé 10e et la saison passée, 8e… Avec quatre victoires en cinq matches, vous réalisez un très bon début de championnat. Quelles sont vos ambitions cette saison?

Depuis trois ans et que le club a été relégué de BGL Ligue, chaque saison, on a été dans la deuxième partie du tableau… La saison dernière, on a quand même vu une amélioration et on veut continuer dans cette voie. Au début, on doit d’abord prendre des points pour s’assurer une saison tranquille. Peu importe la qualité d’un effecitf, on peut traverser une mauvaise période et les choses vont très vite dans le foot. On veut d’abord prendre des points et ensuite, on pensera peut-être à jouer la montée. Avec la qualité qu’on a cette saison, je crois qu’on a le droit d’y penser. Cependant, on ne se met pas de pression particulière, on a beaucoup de nouveaux joueurs et il faudra un certain temps avant qu’on trouve nos automatisme. Mais à moyen terme, l’objectif sera bien sûr de monter en BGL Ligue.

Combien d’heures consacres-tu chaque jour pour au football?

Beaucoup. C’est très chargé quand j’ai cours… En ce nomment ça va, car j’ai une seule matière à suivre pour valider mon Bachelor. Je dirais que je passe entre 5 et 8 heures par jour. Je vais très tôt au stade, je prépare aussi des choses à la maison etc…

 

Qu’est-ce que tu penses que ta jeunesse peut apporter à ton équipe?

Je suis jeune, je n’ai encore rien fait. J’ai tout à prouver. J’en ai conscience et je sais que je dois beaucoup travailler, beaucoup apprendre. Mon manque d’expérience me pousse à travailler plus, à plus me remettre en question. Je veux tout faire pour réussir et c’est peut-être un plus…

Quelles sont tes ambitions personnelles?

Pour quoi pas en faire un jour mon travail? Ce serait beau de vivre de sa passion. Je n’y pense pas tous les jours, mais c’est dans un coin de ma tête, d’un jour entraîner une équipe professionnelle. 

Raphael Duarte en joueur, ça donnait quoi?

Ce n’était pas bon (rires). J’étais gardien, je n'étais pas très grand et puis je n’avais pas non plus beaucoup de talent. J’ai joué à Wormeldange jusque et je me suis déjà assis sur le banc de l’équipe première qui évoluait en Division 1. Non, je n’ai jamais eu beaucoup de qualité et quand j’ai commencé à entraîner, je n’ai pas eu beaucoup de mal à décider d’arrêter ma carrière si jeune (rires.) Je n’aurais jamais pu jouer en BGL Ligue.

Joues-tu encore parfois? 

Oui avec des amis mais pas au post de gardien de but (rires). En ce moment je ne joue pas, je me suis blessé dans un petit tournoi (rires)

Propos recueillis par Yannis Bouaraba

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