Félicitations pour cette victoire contre Sarajevo, une victoire importante non seulement pour le club, mais aussi pour le football féminin luxembourgeois. Quelle a été la clé tactique pour gagner le match ?
On avait bien analysé en amont du match l’équipe de Sarajevo. On savait quels étaient leurs points forts et faibles, et on s’est servi de ça pour pouvoir travailler tactiquement. C’est ensuite le coach Alex qui a mis en place une équipe et des consignes très précises par rapport à ça. On savait qu’elles étaient plus athlétiques que nous car elles s’entraînent tous les jours, elles sont professionnelles, donc on savait qu’il y avait une différence à ce niveau la. Il fallait du coup être beaucoup plus concentré et faire attention aux détails. On savait qu’elles étaient particulièrement dangereuses sur coups de pieds arrêtés, ce qui a occasionné quelques frayeurs pendant le match, même si on a été particulièrement vigilantes. On savait aussi que c’était une équipe qui n’allait pas forcément venir nous chercher. Il n’y avait pas un gros pressing. Et c’est une équipe qui n’a pas l’habitude de ne pas avoir le ballon et défendre. Cela nous a permis d’avoir une grosse possession de balle et les mettre dans une situation qu’ils ne connaissent pas particulièrement. On a pas déjoué du tout, y compris après avoir marqué. On a pas mis le bus, on a continué d’imposer notre style et je pense que c’est grâce à ça qu’on a remporté cette victoire.
Sur le plan physique, est-ce que la fin de match a été difficile ou cela ne s’est pas tant ressenti ?
Je pense qu’on a réussi grâce au mental. On était en mode guerrières. Sur la toute fin de match, j’ai eu le sentiment qu’on commençait un peu à flancher, avec plus de déchets. Elles poussaient énormément, mais on a réussi à tenir malgré le stress, malgré l’intensité. On avait pas le droit de craquer. C’est ce qui nous a permis de nous transcender.
La pré-saison a été très courte, non ? Il y a quelques semaines, vous avez rejoint le club et êtes immédiatement parti jouer la Champions League; le processus a-t-il été compliqué ?
Non. La présaison a été courte, mais on a quand même eu un mois de préparation dense, avec beaucoup d’entraînement et cinq matchs amicaux. On a joué contre des équipes « au dessus de nous », pour se rapprocher de l’opposition qu’on allait avoir face à Sarajevo. On était donc déjà conditionnés pour jouer des matchs d’un niveau supérieur. Le stage de quelques jours a aussi été bénéfique, bien qu’intense. Mais tout le monde était la pour cet objectif, on savait qu’il fallait rentrer dedans tout de suite. Et l’intégration des nouvelles joueuses a été tellement facile que l’alchimie a très vite pris. Le mix de tout cela explique à mes yeux cette réussite.
On a l’impression que le Racing est un groupe unifié, et avec beaucoup de confiance. D’après votre expérience, pensez-vous que c’est fondamental ?
Fondamental. Le groupe vit super bien, et je ne dis pas ça pour le dire. Je n’ai jamais été dans une équipe avec une aussi bonne entente. Il n’y a pas de groupe, pas de clans, on est une grande famille. Le coach a insisté là-dessus : on est peut être moins fortes sur le papier que Sarajevo, mais vivent-elles aussi bien que nous ? On est tellement unie et soudé, avec une concurrence hyper saine qui tire tellement vers le haut. Cela a été une force énorme.
Seulement deux jours de repos et de préparation pour le prochain match qui aura lieu ce samedi contre le Benfica du Portugal… quelles sont les attentes pour ce match ?
Récupérer déjà du match de mercredi. Ne pas s’enflammer non plus. Ce qui a été fait est historique, bien sûr qu’on a fêté ça, mais ça n’est qu’une étape. Il y a encore quelque chose à aller chercher samedi. On doit être contente de ce qu’on a fait, mais aussi savoir se remobiliser tout de suite et être concentré sur la rencontre de ce week-end. On s’et entraîné hier (ndlr : l’interview a été réalisé vendredi), on a encore une séance aujourd’hui, et il va falloir repartir sur les mêmes bases. Cela sera encore une fois un adversaire plus costaud que nous, mais on sait maintenant qu’on est capable de faire des exploits, et on va tout faire pour réussir ça à nouveau. Il n’y a pas de « on a déjà fait un joli résultat, le boulot est fait ». La rage d’aller chercher encore plus est vraiment présente. On ne veut pas s’arrêter là.
Benfica est un adversaire particulièrement solide. Quel sera, à votre avis, la clé pour gagner le match ?
Les détails. La concentration : remettre tous les ingrédients de mercredi mais avec encore plus de rigueur. Toutes les petites erreurs de contrôles, de mauvais choix doivent disparaitre. Cela peut-être fatal face à un adversaire comme Benfica.
Pensez-vous qu’il soit juste que pour les matchs de ces tours, vous n’ayez que trois jours de repos alors que pour les matchs des hommes, la marge est de 7 à 8 jours ?
Je vais être honnête, je ne me suis pas posé la question. C’est vrai que c’est court. Après, on fait une préparation en prenant en compte ces enchaînements. Bien sur qu’on aurait aimé avoir plus de repos, mais c’est la même chose pour l’adversaire. Il n’y a pas de déséquilibre, on est sur un pied d’égalité.
En ce qui concerne votre expérience professionnelle, que pensez-vous pouvoir apporter au Racing ?
L’expérience, déjà. Pouvoir encadrer les plus jeunes, puisqu’on a un peu tous les âges dans l’équipe. Beaucoup de joueuses dans l’équipe ont un beau passé footballistique, je ne suis pas la seule. Le but c’est d’apporter des petites choses en plus, des consignes sur le terrain et amener une concurrence qui peut élever le niveau de jeu global. Et aussi réussir à augmenter la confiance et sérénité du groupe dans sa globalité.
La semaine prochaine, le 28 exactement, le championnat de football féminin débute au Luxembourg. Comment vous préparez-vous pour ce championnat ? Avez-vous également travaillé en vue de celui-ci ou pensez-vous d’abord à la qualification pour la Champions League ?
Sincèrement, on était focus à 100% sur la Ligue des Champions. On ne s’est pas encore penché sur la question du championnat, car la première échéance était l’Europe. On ne s’est pas encore attardé sur les équipes du Luxembourg, qui sont des adversaires que le club connait déjà. Et cette préparation faite vis-à-vis de la Champions League va permettre d’aborder le championnat en étant prêtes athlétiquement.
Vous n'êtes pas seulement une joueuse, on vous a également vu travailler au PSG sur des projets extra-sportifs. Avez-vous des projets de cette taille dans le football luxembourgeois ? Prévoyez-vous de réaliser des événements sportifs ou vous concentrez-vous à 100 % sur votre rôle de joueuse pour le moment ?
J’aimerais bien pouvoir apporter des choses à ce niveau-là. Bien sûr que je me concentre sur mon rôle de joueuse, mais à Paris je savais jongler entre le football et des projets annexes. J’ai par exemple ouvert une école de foot féminine il y a deux ans avec des joueuses de 5 à 13 ans. Le projet marche très bien, et j’aimerais pouvoir faire quelque chose de similaire au Luxembourg. Ca commence à pousser un petit peu.
Vous ressentez un certain désir de voir le football féminin se développer au Luxembourg ?
Je suis arrivé il y a pas si longtemps que ça, même si j’observais tout de même ce qu’il se passe. Je pense qu’il y a beaucoup de choses qui se mettent en place. Il faut évidemment prioriser la formation, puisque c’est la base de tout. Plutôt que d’aller chercher des joueuses à droite et à gauche, je pense que c’est primordial de développer avec des joueuses du Luxembourg. On est les premières ravies qu’on vienne nous chercher en France, Allemagne et Belgique etc… Mais il va falloir monter des structures et écoles féminines. Il y a beaucoup de choses à faire à ce niveau-là. Maintenant que je suis ici pour plusieurs années, c’et vraiment quelque chose qui est dans un coin de ma tête.
Entretien réalisé par Valentina Claverie
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