Swift Hesperange 0-1 UNA Strassen : l’analyse tactique

8 minutes

Ce Dimanche, au Stade Alphonse Theis d’Hesperange, nous retrouvions deux équipes aux dynamiques totalement opposées. Le Swift se présentait sur le terrain au bout d’une semaine que l’on peut deviner compliquée puisque l’effectif a dû gérer le limogeage de son coach, Vincent Hognon, et la prise en charge logiquement « pressée » de son remplaçant, Aniello Parisi. Forcément, il est compliqué pour un nouvel entraineur de prendre le train en route et donc de révolutionner une équipe en quelques jours. À travers cette analyse, nous essaierons de voir ce que Parisi a essayé de mettre en place. Nous constaterons évidemment que, comme dans la majorité des cas, la vérité se trouve sur le terrain et qu’il y’a des choses qui ne dépendent pas d’un entraineur. Du côté de Strassen, cette rencontre pouvait bonifier un gros mois de Septembre et les points pris face au Fola et au Progrès. Mission remplie pour les hommes de Christian Lutz qui ont mis leur intensité défensive au service d’un plan de jeu basé sur l’utilisation du ballon à la récupération.

La clé défensive de Strassen : Une densité axiale pour pousser le Swift sur les ailes et/ou récupérer le ballon le plus haut possible.

Christian Lutz proposait un système en 4-1-4-1 avec une sentinelle, Kevin Bacconier.

Le bloc de l’UNA était positionné médian bas afin de garder les différentes lignes les plus serrées possibles.

Deux défenseurs centraux + une sentinelle + deux milieux axiaux + Nicolas Pérez, soit 5 à 6 joueurs amenant une vraie densité axiale pour pousser le Swift à rechercher les côtés et terminer ses actions par des centres.

Une idée pertinente puisque les éléments offensifs d’Hesperange avaient un profil basé sur la vivacité plutôt que sur les centimètres.

Cette stratégie défensive a porté ses fruits puisque les duels défensifs gagnés par la défense, combinés aux centres « moyens » des joueurs de couloir adverses ont permis aux joueurs de l’UNA d’écarter le danger pendant quasiment tout le match.

Malgré des lignes serrées et une sentinelle, Strassen a parfois eu du mal à couper les relances verticales vers Philippe ou Stolz, souvent bien placés entre les milieux et les défenseurs centraux de l’UNA.

Même si nous verrons que le Swift n’a pas mis ce qu’il fallait pout bonifier ces relances verticales réussies, il faut mettre en avant l’impact physique des joueurs de Strassen qui a rattrapé le décalage créé par ce type de passe.

Défensivement, l’UNA est monté en puissance tout au long du match et cela s’est traduit par sa hauteur de récupération de balle sur le terrain.

Pendant la première demi-heure, les joueurs de Strassen ont principalement récupéré le ballon dans leurs 30 mètres, ce qui traduisait un bloc bas et un temps fort du Swift.

Lorsque le ballon était récupéré, les Hesperangeois avaient le temps de se replacer.

A partir de la 32-33ème, la ligne de récupération de balle est remontée.

Cela a permis aux joueurs du coach Lutz de se projeter rapidement face à une équipe désorganisée puisqu’attaquant à 6 ou 7 joueurs.

C’est à partir de ce moment que Strassen a pu montrer à son adversaire qu’il pouvait lui faire très mal si celui-ci perdait le ballon.

 

La clé offensive de l’UNA Strassen : Une rapide transition offensive rendue possible par les récupérations de balle.

Avant de présenter cette clé tactique, il est important de préciser que Strassen a marqué son but lors d’une de ses très rares attaques placées.

Contrarié par un 4-2-3-1 adverse bien en place pendant 30 minutes, il a été compliqué pour les visiteurs d’utiliser ses défenseurs latéraux.

Il aura fallu un retard dans le déplacement offensif de l’ailier droit hesperangeois pour permettre une relance sur l’arrière gauche Stulin.

Ce dernier réussira à trouver Perez qui, dans un rôle de pivot, trouvera son ailier gauche en profondeur.

L’action se terminera, à l’opposé, par le but de Cédric Cossou. (0-1, 42ème).

Au total, cette action de jeu ne comptera que 3 passes.

Mais celle-ci nous aura montré l’ADN du plan de jeu offensif de Christian Lutz qui a tant mis en difficulté le Swift.

En effet, à chacune des récupérations de balle du milieu de l’UNA, on a pu observer que la priorité était de trouver Nicolas Perez par une relance verticale, idéalement au sol.

On notera que l’avant-centre s’est toujours rendu disponible en anticipant ses appels.

On peut imaginer le bonheur de ses milieux de terrains, après avoir récupéré le ballon et levé la tête, de voir leur avant-centre démarqué.

Une vraie performance de la part de Perez qui traduit la plus-value du joueur.

Nicolas Perez a également parfaitement joué son rôle de pivot puisqu’il réussissait, souvent en une touche de balle, à trouver en profondeur ses ailiers et, dans 90% des cas, son ailier droit Cossou.

A la 77ème, lorsque le Swift est passé à 3 joueurs derrière, Strassen a logiquement reculé son bloc et a subi les assauts de son adversaire.

On notera qu’à chaque récupération de balle, Nicolas Perez a continué à être démarqué et l’UNA a continué à se projeter vers l’avant et prendre des risques pour aller tuer le match.

Un comportement risqué, mais ambitieux et traduisant la confiance du groupe, et très appréciable pour les supporters que nous sommes.

 

Swift Hesperange : Une supériorité offensive mal utilisée par un manque de dépassement de fonction des joueurs et, défensivement rarement dans le bon tempo.

Le nouvel entraineur Aniello Parisi ne révolutionnait pas le système de jeu de son équipe en maintenant un système en 4-2-3-1.

On observait plutôt un changement au niveau du milieu de terrain et des attaquants.

Offensivement, et comme évoqué brièvement dans l’analyse de l’UNA, le Swift a eu la possession du ballon une grande partie du match face à un bloc bas.

On a donc pu observer, lors des attaques placées, un positionnement offensif bien adapté au système de jeu de Strassen :

–  Les latéraux, Sacras et Malget, positionnés haut et poussant leurs 2 ailiers dans l’axe.

–  Une ligne de 3 milieux offensifs et un avant-centre essayant de se rendre disponibles autour de la sentinelle adverse.

–  Les premiers relanceurs, déclencheurs, étaient soient les milieux défensifs Marques et Loua ou la charnière centrale lorsque celle-ci prenait ses responsabilités.

Souvent, les relanceurs hesperangeois ont réussi à trouver cette fameuse relance verticale, qui cassait les lignes de Strassen, vers Rayan Philippe ou Dominik Stolz.

On pouvait remarquer le décalage créé et la désorganisation dans le bloc des visiteurs.

Seulement, le Swift n’a jamais réussi à bonifier ce décalage car il n’a pas réussi à combiner dans l’axe.

On n’a jamais observé plus d’un joueur en mouvement, et quittant sa zone de confort, autour du coéquipier recevant la 1ère relance.

Ce dernier était donc obligé de contrôler le ballon et le Swift perdait l’avance qu’il avait sur son adversaire.

L’UNA était donc replacé et repoussait le ballon vers les ailes et forçait son adversaire à terminer son action par un centre plutôt que par une combinaison dans l’axe.

Ce manque de dépassement de fonction est récurrent du côté d’Hesperange et on remarque que les seuls joueurs qui apportent de la diversité dans leur comportement sont Stolz et Couturier.

Bien que possédant l’un des effectifs les plus forts (sur le papier) de BGL Ligue, il est impossible de battre un adversaire bien en place, et mettant de l’intensité défensive, en évoluant de cette manière.

Défensivement, le Swift a perdu son match face à un adversaire.

Il l’a perdu dans l’impact mais aussi dans sa capacité à s’adapter à un adversaire qui a appliqué le même plan de jeu offensif pendant tout le match.

En effet, ce Dimanche, il fut étonnant de voir la défense du Swift en retard, quasiment à chaque fois, lors des transitions adverses.

Sur le but de Cossou, on a même pu voir Nicolas Perez montrer du doigt à Florian Weirich, et à ses adversaires, qu’il allait envoyer le ballon en profondeur (ce que Perez a fait quasiment tout le match d’ailleurs).

On aurait pu attendre de tels joueurs, mêlant sélections internationales et expérience (ou formation) professionnelle, une « compréhension » des déplacements de Nicolas Perez et de la prise de profondeur automatique des ailiers Weirich et Cossou.

La capacité d’analyse des joueurs est une qualité qui marque souvent la différence entre le niveau amateur et le haut niveau.

Tout comme une autre capacité : le dépassement de fonction.

Hier après-midi, on n’a pas retrouvé ces deux éléments que l’on attend, légitimement, dans un effectif tel que celui du Swift Hesperange.

Et cela ne dépendra jamais d’un coach, quel que soit son « nom ».

 

Thomas Fullenwarth

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