Le signe d’un match de début de saison avec deux groupes sortant de préparation estivale, du feu dans les jambes des joueurs mais pas encore assez de coffre pour tenir 90 mn. On a senti une équipe dudelangeoise au point tactiquement, bien préparée à appliquer un plan de jeu précis, ce qui a nécessité une grosse débauche d’énergie collective et donc causé une baisse de régime importante en seconde partie de 2ème mi-temps. Du côté du Progrès, le match a commencé à partir de la 45ème minute. Les joueurs de Stéphane Léoni sont totalement passés à côté de leur 1ère mi-temps offrant même le second but adverse par une succession d’erreurs plus invraisemblables les unes que les autres.
Les éléments clés du jeu de Dudelange : Le travail des 2 attaquants Bettaieb et Muratovic
Carlos Fangueiro alignait sa formation en 5-3-2 avec un milieu en triangle pointe haute, soit deux milieux défensifs – Morren et Bojic – et un meneur de jeu – Sinani. Lors du premier « 6 mètres » dudelangeois, on a pu observer que cette phase de jeu avait été préparée pendant la semaine d’entraînement par le coach Fangueiro. On voyait Jonathan Joubert lever la main comme un tireur de corner annonçant une combinaison. Cela déclenchait des déplacements bien précis de ses coéquipiers et traduisait une volonté de prendre le risque de relancer court face au pressing du Progrès. L’objectif de ce type de phase de jeu est de faire presser haut l’adversaire et donc d’étirer son bloc. On parle ici de prise de risque car, dans ses 25 mètres, toute perte de balle peut être fatale. En 1ère mi-temps, le F91 a souvent réussi à ressortir proprement le ballon grâce à la qualité technique de ses joueurs et, également, le pressing à l’envers du Progrès. Les espaces créés entre les lignes du bloc des joueurs de Léoni ont parfaitement été utilisés par les décrochages des deux attaquants Bettaieb et Muratovic. Ces deux joueurs offraient à chaque fois des solutions de relances verticales qui éliminaient les attaquants et milieux du Progrès.
Nous verrons en détail les carences défensives des locaux dans le chapitre suivant donc mettons en avant l’intelligence de jeu des deux attaquants dudelangeois qui, grâce à leurs appels, libéraient des espaces pour leurs coéquipiers. Les deux buts du F91 ont d’ailleurs pour origine deux décrochages qui ont forcé les défenseurs centraux de Niederkorn à quitter leur zone. Cela a donc créé de la profondeur pour Dejvid Sinani qui, complètement seul, ouvrira le score (0-1, 10ème) et offrira le second but sur un plateau (0-2, 19ème, Muratovic). Pendant toute la 1ère période, le F91 a systématiquement procédé de la sorte n’ayant même pas besoin d’utiliser les ailes, et leurs pistons, pour apporter le danger.
En seconde période, le Progrès ayant redescendu son bloc pour contrarier la relation « attaquants-Sinani », le duo Bettaieb-Muratovic a adapté son jeu en allant rechercher les côtés avec Kirch et Van Den Kerkhof qui augmentaient leur volume de jeu offensif. Les joueurs du F91 ont, au fur et à mesure de la 2ème mi-temps, payé leurs efforts et ont eu de plus en plus de mal à garder le ballon. La possession est donc passée du côté d’un Progrès retrouvé défensivement et le bloc dudelangeois est logiquement redescendu d’un cran. Face aux assauts de leurs adversaires, les joueurs de Fangueiro ont parfois manqué de rigueur défensive, notamment sur les deux buts encaissés. Le Progrès amenant le danger par de nombreux centres, on a souvent observé un marquage assez « large » dans la surface de Joubert qui sera puni deux fois.
La 1ère mi-temps du Progrès Niederkorn : Totalement ratée défensivement.
Stéphane Léoni proposait un système en 4-3-3 avec un milieu en triangle pointe basse. Face à un F91 en jambes offensivement, le Progrès s’est sabordé défensivement et a facilité la tâche de son adversaire. En effet, les joueurs de Léoni étaient systématiquement loin du joueur dudelangeois qui recevait le ballon sans aucune pression. Chaque déplacement défensif se faisait avec une à deux secondes de retard et cela déséquilibrait totalement le bloc du Progrès. Sur l’action amenant le but de Sinani :
– Lamine Ba suit, à contre-temps, le décrochage de Bettaieb
– Skenderovic gère le déplacement de Muratovic et ne couvre pas la montée de Ba
– Latic se fait surprendre par le déplacement du buteur dans l’espace laissé libre par la charnière centrale
Le second but encaissé est pratiquement une copie conforme du premier. Seulement, l’origine de l’action est un coup franc à 55 mètres du but de Flauss et marquera une nouvelle fois les carences défensives du Progrès :
– Lamine Ba suivra une nouvelle fois le décrochage de Bettaieb.
– On peut observer le placement du latéral droit Bastos, beaucoup trop loin de Lamine Ba, ce qui l’empêche d’assurer sa couverture et donc empêcher SInani de recevoir, seul, le ballon en profondeur.
– Skenderovic est donc obligé de lâcher son marquage sur Muratovic et, avec 5 secondes de retard, vient mettre la pression sur Sinani.
– Sinani peut tranquillement décaler Muratovic qui allumera, sans pression, Sébastien Flauss.
Il est bien évidemment « facile » de mettre en avant les erreurs alors que l’on n’est pas soit même sur le terrain. Ici, l’objectif n’est pas de critiquer mais de détailler les actions amenant les buts encaissés pour montrer que ceux-ci sont le fruit d’erreurs trop importantes car ne respectant pas les principes défensifs de base. En tendant l’oreille vers le banc du Progrès, on entendait d’ailleurs Stéphane Léoni passer toute ta 1ère mi-temps à demander à ses joueurs d’être au contact du porteur de balle adverse. Ce fut pratiquement sa seule consigne… Ce qui est assez étonnant, c’est que l’on aurait pu penser que l’effectif du Progrès comportait des joueurs assez expérimentés pour prendre leurs responsabilités et faire tirer tout le monde dans le même sens. Mais il faudra attendre la mi-temps et une mise au point dans les vestiaires pour que son équipe se remette dans le match et domine la seconde période.
2ème mi-temps du Progrès : La reprise du contrôle du ballon grâce à une agressivité enfin retrouvée.
Au coup d’envoi de la seconde période, Ben Vogel changeait de position et passait en sentinelle. Irvin Latic, lui, montait d’un cran. On observait aussi que le bloc du Progrès redescendait d’un cran pour serrer ses lignes afin de réduire les espaces utilisés par le trio Bettaieb-Muratovic-Sinani. Cela contrariait donc le jeu du F91 et augmentait le nombre de récupérations de balle des joueurs de Niederkorn grâce, enfin, à une vraie agressivité sur le porteur de ballon. La possession est donc rapidement revenue dans le camp des Jaunes et Noirs. En 1ère mi-temps, on avait d’ailleurs pu observer que les seules actions créées par les locaux étaient le fruit de récupérations liées à un pressing haut. En phase d’attaques placées, on pouvait encore deviner une autre consigne du coach Léoni qui a sûrement dû demander à ses défenseurs latéraux – Bastos et Karayer – de beaucoup plus participer offensivement. En effet, en 1ère mi-temps, les défenseurs dudelangeois ont rarement été inquiétés sur les côtés, gérant, grâce à leur défense à 5, les ailiers du Progrès par des 2 contre 1. Face à ce type de défense, avec un axe très dense, les solutions se trouvent logiquement sur les ailes. Les montées de Bastos et Karayer ont donc permis :
– D’augmenter le nombre de centres et donc de faire reculer la défense adverse.
– D’étirer la ligne des 5 défenseurs du F91 et donc de créer des espaces dans l’axe qui, hier, ont démarqué les attaquants et notamment les buteurs.
– De fatiguer l’adversaire en multipliant les temps forts.
Les deux buts du Progrès illustrent bien le travail offensif des latéraux puisque, sur deux attaques placées :
– Bastos délivre un centre pour Bonhert (1-2, 43ème)
– Le même Bastos, pourtant à 35 mètres du but adverse, déclenche un centre qui amènera l’égalisation de Mazure (2-2, 67ème)
Dans les deux cas de figure, la défense dudelangeoise était mise sur le reculoir par le surnombre offensif des joueurs du Progrès.
Thomas Fullenwarth
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