Lucas Correia : «Absolument imposer notre jeu »

7 minutes

C’est une des révélations de l’an passé. A tout juste 18 ans, Lucas Correia a été un joueur décisif pour le titre de BGL Ligue du Fola. Pour cette nouvelle saison dans laquelle il doit assumer un nouveau statut, le jeune ailier virevoltant revient avec nous sur son début de saison, et évidemment, la confrontation à venir face à Kairat Almaty.

Comment est-ce que tu sens physiquement déjà, avec un début de saison assez intense et beaucoup de matchs ?

Dans mon cas, je n'ai pas énormément joué dans les matchs européens donc physiquement ça va. C’est vrai que je n’ai pas eu beaucoup de pauses mais physiquement, on est très bien suivi au Fola et moi-même je fais très attention à moi. Aucune fatigue particulière.

L’an dernier, tu as vite trouvé ta place au sein de l’effectif. Tu t’attendais à jouer autant ?

Je vais être particulièrement honnête, non. Pas du tout. C’est quelque chose qui s’est fait rapidement, naturellement. Malheureusement, Steph Bensi s’est blessé au début d’année et finalement ça s’est transformé en opportunité pour moi, comme beaucoup de jeunes l’année dernière. J’ai su profiter de la chance qu’on m’a offert, et je pense avoir redonné la confiance que le coach a placé en moi.

Qu’est-ce qui à tes yeux t’a permis de faire ton trou si rapidement ?

Je pense qu’avant tout mon gros point fort l’an passé était l’absence de prise de tête. La pression, je n’y pensais pas beaucoup. Je profitais aussi de l’effet de surprise puisque les adversaires ne me connaissaient pas donc forcément c’était plus facile pour moi. Après, les résultats étaient bons, je ne me posais pas trop de questions et je savourais le moment. Le fait que je prenne énormément de plaisir et que je pouvais faire ce que j’aime le plus dans la vie m’a permis de rapidement évoluer et de passer un cap, et j’ai grandi concernant ma manière de jouer. J’étais un gosse, et j’ai su m’adapter à un niveau plus adulte. J’étais aussi très bien entouré avec les bonnes personnes à mes côtés qui ont trouvé les bons mots pour me pousser. Et attention, mes débuts n’ont pas été tout rose, les deux premiers matchs ont été très moyens, mais plus les matchs avançaient, et plus je commençais à m’habituer. Mais la clé reste le plaisir.

Qu’est ce que tu dois encore améliorer dans ton jeu à tes yeux ?

Au jour d’aujourd’hui, la première chose c’est diminuer mes mauvais choix. Je pense que j’ai tendance à exagérer un peu, à trop porter mon ballon, et pas la lâcher assez vite, et prendre des mauvaises décisions. Mais c’est une question d’expérience. Je dois faciliter mon jeu. C’est des défauts de gosse. Et aussi sur le plan mental.

Dans quel domaine précisément ?

Je suis quelqu’un qui a beaucoup de « up and down » en ce qui concerne la confiance. Quand tout se passe bien alors je suis impeccable, mais dès que les choses se corsent, j’ai tendance à très vite douter de moi, et ça se voit tout de suite dans le jeu. Un jeune qui n’a pas confiance en soi, c’est très compliqué.

C’est ce que ton entraîneur te dit sur les axes à améliorer ?

On a eu une petite discussion en début d’année parce qu’effectivement les dernières semaines ont été plus compliquées. Il m’a dit que la différence entre le Lucas de l’an dernier et ceui-ci, c’est que je me pose beaucoup plus de questions. J’ai acquis un certain statut maintenant, et cela a entraîné que je me mette la pression un peu tout seul. L’objectif donc c’est me focaliser à nouveau sur le plaisir. Quand on a évolué rapidement, on a tendance à penser que tout va toujours avancer à ce rythme la. Et ça fait quelques temps que j’ai l’impression de stagner un peu, et c’est un sentiment qui me frustre beaucoup et j’ai tendance à dramatiser les choses.

Parlons un peu de Conference League : face à Linfield, vous avez réussi à faire un excellent match aller, avant de beaucoup plus subir au retour. Est-ce que la pression vous a par moment rattrapé ?

C’est évident que le deuxième match on a énormément souffert, qu’on n’a pas su imposer notre jeu. Je n’étais pas sur le terrain donc je ne sais pas ce qu’ils ont pu ressentir. Mais le football est un jeu mental. Eux sont venus pour gagner et nous étions plus concentrés sur garder le résultat. Forcément, quand tu commences à subir un peu et que les autres voient qu’il y a un truc à faire, on a de plus en plus de mal à tenir le coup. On va pas se mentir on a eu beaucoup de chance, on aurait pu en prendre deux ou trois que ça n’aurait pas été un vol. On est mal rentré dans le match et eux si, et on a donc commencé à souffrir, à fermer derrière sans réussir à ressortir.

Quelles vont être les clés pour aller chercher cette qualification à tes yeux ?

J’aimerais beaucoup citer le coach qui a dit qu’on n’avait rien à perdre, et là-dessus il n’a pas tort. Je pense qu’on a déjà beaucoup prouvé. Vis-à-vis du match, on doit éviter de refaire les mêmes erreurs que contre Linfield. On doit absolument imposer notre jeu. Techniquement, on est à l’aise et à un bon collectif. On ne sait pas beaucoup de l’adversaires, on connait certaines indivualités forcément mais la clé demain sera déjà d’y aller sans pression, pour montrer ce qu’on sait faire, et se rappeler que son arrive à faire cela, on a vraiment quelque chose à faire. En tout cas on y croit dur.

On a appelé le rédacteur en chef d’un des plus gros magazines de sport au Kazakhstan, qui nous a dit qu’au pays, il voyait ce tirage comme une superbe opportunité. Qu’est-ce que tu aurais à répondre à ça ?

Je veux pas rentrer dans une petite gueguerre. Si à leurs yeux ils voient une opportunité, tant mieux, ils auront peut-être tendance à nous sous estimer. On pourra utiliser ça pour les surprendre. Je pense que Soligorsk nous sous-estimait aussi, Linfield de même. Ca ne me dérange pas d’avoir le rôle d’outsider si à la fin il y a un résultat.

Un déplacement au Kazakhstan, c’est un gros kiff ou plutôt une plaie pour toi ?

Honnêtement, c’est compliqué. Si dans un contexte normal , on me dit qu’on va voyager dix heures dans un pas que je n’ai jamais visité et qu’on va pouvoir visiter autre chose que juste le stade et l’hôtel, je te dis gros kiffe. Mais dans la situation actuelle… Je ne dirais pas que c’est une plaie car c’est quand même une belle expérience que beaucoup de joueurs de mon âge ne peuvent pas prétendre vivre, mais… deux trois heures de voyage ça l’aurait fait aussi (rires) !

Vous allez à nouveau jouer au Stade Josy Barthel. Est-ce que tu préfères cela ou jouer dans « ton » stade ?

J’aime beaucoup notre stade. Après, Josy Barthel, de par la pelouse, de par la capacité, de par ce que cela représente au pays, c’est une belle expérience. J’ai assez d’opportunités de jouer dans notre stade, beaucoup moins au Josy Barthel, donc c’est une belle expérience.

Tu es encore très jeune, et tu sembles sur une excellente voie pour le moment. Tu te fixes des objectifs à moyen – long terme ?

J’ai toujours été très objectif et réaliste. J’ai des buts qui ont parfois tendance à me faire oublier l’essentiel. Long terme, évidemment, j’ai les rêves que chaque joueur de foot a : jouer la Champions League et les grosses compétitions. Et à court terme ça serait de continuer d’évoluer, et évidemment toucher le monde pro dans quelques mois ou quelques années, voir ou sont mes limites, pour qu’à la fin de carrière je puisse dire que j’ai été au plus haut de mes capacités.

Moien Rédaction

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