C’est avec un débit de paroles saccadé par des répétitions de souffles qu’Ivan Centrone commence à répondre à nos questions lors d’un début d’après-midi pluvieux de fin septembre. Pendant que l’automne connait ses premiers jours et frimas, le cycliste de Roubaix Natura4Ever met des coups de pédales en grosse cadence lors d’une séance d’home-trainer. Deux jours avant de participer à la course Paris-Chauny. La dernière épreuve de sa première saison en tant que coureur professionnel. L’ex bijou du Team Differdange aura connu des débuts pros inédits en raison de la pandémie qui a frappé la planète dès février-mars.
La saison aura été tronquée et même arrêtée quelques mois, ce qui lui laisse quelques regrets. En effet, le puncheur que l’on surnomme « Ivanovic » dans son entourage ne s’était pas montré timide lors de ses premières courses. Il s’était fait remarquer au Tour de La Provence, au Tour du Haut-Var mais aussi au Grand Prix Montséré où il s’est hissé dans le Top 30. Puis coup d’arrêt forcé alors que la Covid-19 embrasait le quotidien du globe terrestre. Comme beaucoup d’athlètes contraints de rester la plupart du temps confiné à la maison, il doit réinventer son quotidien. Le vélo n’est pas mis de côté, mais il en profite pour faire des séances de muscu avec son frère Vincenzo. Son aîné de 20 ans est aussi passé le monde cycliste pro à la fin des années 2000.
Il s’illustre au milieu des Jumbo Visma
Le grand frère épaule son petit protégé et est fier de ce qu’il accomplit. Notamment à l’été, quand, au sein du peloton, il revêtit une journée le maillot de meilleur grimpeur sur le Tour de l’Ain, lors de la première étape entre Montréal-La-Cluse et Ceyzériat. Le vainqueur de cette course préparatoire au Tour de France a vu s’imposer Primoz Roglic, rien que ça… Passées les hostilités avec le rouleau compresseur jaune des Jumbo Visma, « Van-Van » a, par la suite, signé un top 20 au Skoda Tour de Luxembourg puis un quasi Top 10 (onzième place…) sur Paris-Camembert. Le peloton apprend à composer avec celui qui vient souffler ses vingt-cinq bougies à la mi-septembre.
Puncheur, mais aussi grimpeur, celui qui est originaire des Pouilles en Italie, a pour seul but l’arrivée au sommet. Sa carrière n’a pourtant pas été linéaire, avec une pause à l’adolescence conséquente à un gros ras-le-bol de la discipline, puis un passage furtif au football à l’Una Strassen. C’est en 2015, qu’il revient vers son premier amour, bien décidé à s’y concentrer de manière très sérieuse. A cette période, les Mads Pedersen, Mathieu Van der Poel et autres Wout Van Aert font déjà parler d’eux. Il les a côtoyés lors du Critérium Européen des Jeunes en 2009 organisé au Grand-Duché. Ce fan de Peter Sagan –« une légende su sport »- du show NBA mais aussi des jeux vidéo, le concède volontiers : « J’ai pris plus de temps que les autres». Mais parfois, comme le rappelle le proverbe chinois « a qui sait attendre, le temps ouvre ses portes».
Ce dernier lui a ouvert une première entrée dans le peloton pro, quelle sera la prochaine étape ?
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