Vous avez commencé la saison par un match nul contre le Racing (2-2). Cela veut dire qu’elles sont prenables, que c’est possible… Vous êtes d’ailleurs devant au classement pour l’instant (2e).
C’est un match qu’on a pris différemment. A la fin, on s’est rendu compte qu’on s’était moins mis la pression. On sait qu’on a des qualités et des capacités, on était confiantes, même si on garde beaucoup de respect pour cette équipe parce que pour moi elles restent au-dessus de manière générale. Mais on peut rivaliser si on joue avec nos qualités et aujourd’hui c’est davantage faisable qu’auparavant. On est une équipe très soudée, très collective, très unie et c’est notre force.
Est-ce que ça veut dire que Mamer joue le titre cette année ?
Moi je n’aime pas dire qu’on joue le titre… On joue un top 3, c’est évident. On veut aller vers l’avant et pas vers l’arrière, on a fini à une très belle deuxième place l’année dernière donc le but c’est de faire au moins la même chose. Mieux, c’est la première place… Sur toute une saison, je ne dis pas que c’est impossible, mais je pense que ça risque d’être encore un peu compliqué sur la durée.
En tant que capitaine, comment trouvez-vous votre groupe, votre effectif cette année ?
Si moi je suis toujours là aujourd’hui c’est vraiment parce que j’adore cette équipe. Je suis quelqu’un qui accorde énormément d’importance à l’humain tout en étant une compétitrice. Je pense que le cadre chez nous est très très bon. Une fois qu’on signe chez nous, c’est difficile de partir. Il y a quelque chose de particulier dans ce club. On est soudées sur le terrain et en dehors. Quand on gagne, on gagne ensemble, et quand on perd on ne commence pas à se tirer dans les pattes. C’est ce qui fait la différence avec beaucoup d’autres équipes au Luxembourg.
Ell fait également un gros début de saison. Que pensez-vous de cette équipe ?
On va les rencontrer bientôt, j’ai hâte. C’est une très belle équipe, forte, j’attends maintenant de voir sur notre confrontation. Sans aucune remise en cause de leurs performances, elles ont eu des matchs plutôt abordables jusque-là, à part contre Junglister. C’est une équipe difficile à jouer mais sur une saison, à mes yeux, elles sont limites pour un top 3. Mais des surprises, y’en a chaque année ! Alors…
Lors de la dernière journée, vous collez un 10-0 à l’Union Mertert, la journée précédente Ell en met 11 au FC Blo-Wäiss Itzig, qui a été obligé de faire forfait lors du dernier match contre le Racing… C’est une situation qui se répète ces dernières années, ces grosses différence d’écart, et elle est souvent dénoncée notamment par Karine Reuter, la présidente du club de la capitale. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Je pense qu’il y a déjà un monde entre la première et la deuxième division, et donc quand une équipe monte elle rencontre souvent beaucoup de difficultés, à moins de se renforcer. Differdange l’a fait là par exemple, elles ont pas encore le niveau top 3 mais d’un milieu de classement sans problème.
Comment le championnat doit évoluer pour éviter ce genre d’écart qui n’est pas très stimulant pour les filles qui jouent dans ces équipes ?
On en parle depuis un moment mais il faudrait peut-être réduire le nombre d’équipes, à huit par exemple, et mettre en place un système de playoffs, avec aussi des matchs doublés. Mais il faut évoluer parce que pour les équipes de têtes, ça ne fait pas beaucoup progresser de gagner 10 ou 15-0, et pour celles qui perdent sur ces scores c’est décourageant. Peu d’équipes gardent la motivation avec des défaites si lourdes, ça ne donne pas des saisons très gaies.
A 32 ans, vous êtes une taulière. Plus globalement quel regard portez-vous sur le changement dans le foot féminin au Luxembourg ?
L’évolution au Luxembourg est énorme selon moi, par rapport à quand je suis arrivée de D3 en Belgique en 2016. Et sans dénigrer, je trouvais que le niveau était assez bas… Là, je me rends compte que ça a beaucoup changé. Et je pense que c’est beaucoup venu du Racing qui est allé chercher des filles à l’étranger, qui ont fait grimper le niveau, qui ont impulsé quelque chose, et cela tire le reste du championnat vers le haut. Les clubs qui veulent suivre sont obligés de se remettre en question, d’investir et de se renforcer. Mais pour ceux qui ne sont pas prêts à le faire, c’est sûr que c’est plus dur… Sur le moment ça a fait mal à tout le monde, moi la première, parce qu’on se disait « on n’y arrivera pas, on ne pourra jamais les battre », alors qu’aujourd’hui, ok on n’a pas les mêmes moyens, mais on arrive à faire de bonnes choses, à attirer des joueuses avec du niveau et à les concurrencer. Tout ça a un effet positif sur les clubs qui veulent se donner les moyens de suivre. Mais c’est sûr que ça creuse l’écart avec les clubs qui ne le veulent ou ne le peuvent pas.
A titre personnel, que retenez-vous de votre parcours et comment voyez-vous la suite de votre carrière ?
C’est toujours une question à laquelle j’ai du mal à répondre. J’ai à la fois peu et plein de choses à dire… Je suis nourrie par tellement de choses tout en étant discrète, du coup je ne suis pas quelqu’un qui se projette trop. Je suis plutôt du genre à vivre la saison en cours à fond. Je suis très bien avec les filles, avec Mamer. J’ai déjà hésité à partir, mais ce n’était pas par rapport aux filles. Je ne partirai pas à l’étranger en tout cas. A mon âge, si je ne l’ai pas fait avant, je ne le ferai pas aujourd’hui. J’aurais pu faire une carrière en Belgique, mais je n’ai pas fait ce choix. J’espère en tout cas jouer encore longtemps au football.
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