Marc Thomé : « Si on continue sur ce rythme, on ira chercher le maintien »

8 minutes
Marc Thomé
Albert Krier

Arrivé au sein de l’UN Käerjeng à l’intersaison, Marc Thomé est pour l’instant en train de réussir son pari. Sixième au premier tiers du championnat avec seulement deux défaites, l’entraîneur, s’il se satisfait des résultats estime que son équipe peut encore progresser dans le jeu.

Qu’est-ce qui a expliqué votre choix de rejoindre Käerjeng ?

J’avais décidé d’arrêter à Rosport, après trois années. On avait perdu beaucoup de joueurs et je savais que cela allait encore être la même chose cette saison. Käerjeng m’a alors contacté. Dès notre premier rendez vous avec l’ancien entraîneur David Zenner, le manager et le président, j’ai senti que cela collait. J’ai vu les infrastructures, le soutien médial, et les installations et j’étais convaincu. Si je dois être honnête, j’avais au départ des doutes sur l’équipe. La promotion d’Honneur et la BGL Ligue, c’est différent. Durant la première semaine de préparation, j’étais très inquiet sur la capacité de l’effectif. Mais Zenner m’a assuré que cette équipe avait un réel potentiel. Et force est de constater qu’il avait raison.

Vous rejoignez alors un club dans une situation assez rare, où vous remplacez un entraîneur qui sort d’une excellente saison. Est-ce que cela peut paradoxalement compliquer la quête de légitimité ?

Non, car c’est David Zenner lui-même qui me voulait. Je n’ai pas pris sa place. Il a pris la décision d’aider le club, « son » club, dans d’autres fonctions, et a vu en moi le candidat idéal pour reprendre le groupe. On se connait depuis très longtemps, et on fonctionne très bien ensemble, que cela soit sur le mercato ou dans le boulot au jour le jour. À titre d’exemple, je n’étais pas disponible il y a peu car j’avais un cours d’entraîneur, et c’est lui qui s’est occupé de l’entraînement pour moi. Si les conditions n’étaient pas réunies, je n’aurais pas accepté.

La transition avec un promu est toujours complexe. On passe d’une équipe qui rentre sur le terrain pour les trois points à chaque fois, à un effectif qui doit savoir se satisfaire parfois du match nul. Est-ce difficile de changer la mentalité au sein des joueurs ?

Au début, oui. Mais si on regarde les dix premiers matchs, on n’a perdu que deux fois. Cela montre qu’on a le niveau. Au bout de dix rencontres, ce n’est pas un hasard. Sur les autres affiches, on aurait pu gagner plus, mais on aurait aussi pu perdre plus. Mais Kaerjeng a montré qu’il avait sa place en BGL Ligue. Maintenant, c’est sûr que vous avez raison, mais je vais sur le terrain pour gagner chaque match. Même si on peut se positionner un peu plus bas, on croit toujours en la capacité à prendre les trois points. Le mercato nous a aussi permis de ramener des joueurs de qualité, comme Mathias Jänisch qui détient une soixantaine de sélections, Mathieu Leroux qui est un excellent joueur, etc… Et au sein du groupe, il y avait aussi de très bons footballeurs, comme Gilles Bettmer qui a lui aussi porté le maillot de la sélection. Mais c’est sûr que le rythme étant différent entre la Promotion et la BGL Ligue, je savais qu’il allait falloir mettre le bleu de chauffe.

Si vous deviez donner une note sur ce premier tiers de championnat, laquelle serait-elle ?

Je dirais 12 ou 13.

Pas plus ?

Non. Sur les dix premiers journées on a 14 points. Si l’on continue sur ce rythme, on termine avec 42 points, ce qui assure notre maintien. Alors évidemment, on n’a pas encore joué Hesperange et Dudelange qui vont venir bientôt, mais on peut être satisfait. J’estime aussi que l’on pourrait avoir cinq points en plus. On perd contre Pétange à la 88e minute, on se fait égaliser contre Ettelbruck à la 92e, et encore une fois contre Differdange à la 96e. Si on prend ces points là, on est troisièmes… Mais dans le jeu, j’estime qu’il manque encore beaucoup. On ne marque pas assez. Nous avons mis onze buts en dix matchs, ce n’est pas ce que je recherche. Je constate néanmoins une vraie amélioration : sur les huit premières rencontres, on n’a mis que six buts, et les deux dernières, cinq. C’est très encourageant. Ce qui ne va pas par contre, c’est que l’on encaisse trop sur coups de pieds arrêtés. Et lors des prochaines journées, nous allons affronter Mondorf, et après cela sera le Swift et le F91, donc on peut vite descendre au classement.

Si on excepte la claque contre le Racing, l’intégralité des rencontres de votre  club a été particulièrement disputée. Est-ce que cela peut s’expliquer par un état d’esprit qui ne lâche rien ?

Oui, tout à fait. On est conscient que l’on sait jouer au football, et qu’on est assez technique. Mais je savais que pour se maintenir et prendre des points, cela ne pouvait pas suffire. Il faut être prêt à mettre le bleu de chauffe, à tout donner sur le terrain. Et d’ailleurs, contre le Racing, comme j’ai dit auparavant, on n’encaisse pratiquement que sur coups de pieds arrêtés… Ce qui est certain, c’est que je ressens dans ce groupe qu’il n’y a pas de peur de l’adversaire. On ne rentre jamais sur la pelouse en se disant « On n’a aucune chance contre eux ». On est dans un championnat à quatorze équipes si on enlève le F91 et le Swift, dans lequel dans un bon jour, tout le monde peut battre tout le monde.

Comment analysez- vous le classement ? Regardez vous d’abord la sixième place, ou le fait que les places de relégable sont toujours à six points ?

Je regarde toujours derrière moi. On vient de monter, il ne faut pas l’oublier. Nous avons quatre points d’avance sur les barragistes, cela va très vite. On sait aussi que Niederkorn, Differdange, Strassen ou le Racing ont plus de moyens que nous, donc logiquement, on regarde derrière. On est déçu de ne pas avoir pris les 4-5 points en plus, mais on doit être content de ce que l’on a effectué jusque maintenant. Si on continue sur ce rythme, on ira chercher ce maintien.

Lors de votre quatre prochaines journées, vous allez affronter le Progrès en Coupe, ainsi que le Swift et le F91. L’occasion d’en savoir plus sur les capacités de ce groupe à se maintenir en haut de tableau ?

On va jouer Hesperange directement après leur clash contre le F91, ce qui peut être une bonne comme une mauvaise chose. En tout cas, pour des clubs comme le nôtre, ces affrontements contre ces deux écuries, c’est un peu notre coupe d’Europe à nous. On va pouvoir voir où on en est. Maintenant il faut être réaliste : s’ils sont à 100%, ressortir de ce match avec des points est proche de l’impossible… Mais si nous offrons une performance à 110% et eux à 80, alors, peut-être qu’on peut réussir un joli coup. Ils vont bien finir par perdre des points. 

Votre ancien club de Rosport est en grande difficulté cette saison… Comment le vivez-vous de l’extérieur ?

J’étais très heureux à Rosport durant mes trois années. Je garde d’excellentes relations avec le comité, les supporters et les joueurs. Je leur souhaite plus que tout de se maintenir en BGL Ligue. Si Rosport termine cinquième et nous sixième, cela va me très bien ! Mais on savait qu’avec un nouvel intersaison compliqué et beaucoup de départs comme Soladio, Moding ou Leroux, cela allait être difficile. Mais je suis persuadé qu’ils sont capables de se sauver. C’est une équipe jamais abattue et qui va se battre jusque’à la dernière journée.

Perdre la majorité des joueurs est somme toute assez classique pour les équipes de bas de tableau. Avez-vous peur de vivre quelque chose de semblable lors du mercato d’été 2023 ?

La situation de Rosport et de Käerjeng n’est pas similaire. Il faut rappeler que le Victoria est assez isolé de par sa situation géographique. C’est loin de la Belgique par exemple, et pour ces joueurs, cela peut être compliqué. Nous, nous sommes à dix minutes de la Belgique, dix minutes de la France… Et nous avons d’excellentes infrastructures. Après, si on a un joueur comme Soladio qui aspire au monde professionnel, évidemment on ne pourra rien faire. Mais je ne pense pas que l’on va perdre beaucoup de joueurs, et qu’il est possible pour ce club de continuer de grandir pour s’installer comme un club solide de milieu de tableau.

admin

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