Les trois vies de Paul Philipp

Réélu jusqu’en 2026, Paul Philipp aura à la fin de ce nouveau mandat, présidé durant 22 ans la Fédération luxembourgeoise de football. Après sa carrière de joueur, et celle de sélectionneur, il aura passé plus de cinquante ans au coeur du football luxembourgeois. 

A 72 ans, Paul Philipp a donc débuté un nouveau mandat de président de la FLF, un poste qu’il occupe depuis le 14 février 2004. L’occasion de revenir sur la carrière du natif de Dommeldange, qui débuta du côté de l’Avenir Beggen en 1966. En 1969, sous le maillot du club des faubourgs de la capitale, il décroche le titre de champion de Luxembourg à la différence de buts, au nez et à la barbe d’une Jeunesse Esch championne en titre. Protagoniste de ce sacre, il est élu Monsieur Football par le journal français le Républicain lorrain cette année-là. 

Après ce titre en poche, le milieu de terrain prend la direction de la Belgique, et de la Royale Union Saint-Gilloise. Club historique et un des plus victorieux du football belge, les Apaches ont connu leur heure de gloire avant la Seconde guerre mondiale, mais la deuxième partie des sixties voient « l’Union 60 » décliner. Après trois saisons à naviguer entre la 9e et la 14e place du championnat de Belgique, l’Union Saint-Gilloise est reléguée au deuxième échelon belge à l’issue de la saison 1972/73. 

Retour victorieux à Beggen

En 1974, Paul Philipp rejoint le Standard de Liège, entraîné à l’époque par Wilfried Van Moer disparu en août 2021. Après deux saisons chez les Rouges, il effectue son retour à l’USG en 1976. Revenu en Division 2 après un passage en D3, le club de Forest retourne au troisième niveau en 1980 et Paul Philipp prend alors le chemin de Charleroi. Après trois ans chez les Zèbres en D2, il effectue son retour au pays à 33 ans en 1983 dans le club de ses débuts. La belle histoire est complète puisque en 1984, l’Avenir signe un doublé coupe-championnat.

Sous le maillot de la sélection, où il fut appelé pour la première fois le 20 novembre 1968 pour une rencontre face au Danemark (défaite 5-1), il dispute au total 57 matchs (pour 5 buts), et prend le brassard de l’équipe durant la deuxième partie de sa carrière internationale. Une stature de meneur d’hommes qu’il va confirmer rapidement en prenant les rênes de la sélection à seulement 35 ans en 1985.

Les qualifications de l’Euro 96 comme temps fort

On ne le sait pas encore, mais ce 30 octobre 1985 et son premier match comme sélectionneur des Roud Leiwen face à la France (défaite 6-0), Paul Philipp entame alors un bail de 16 ans (!) dans ce rôle. Les qualifications de l’Euro 96 resteront le principal fait d’armes de la sélection durant cette époque, avec la victoire mémorable (1-0) face à la République tchèque en 1995. Des Tchèques qui seront finalistes à Wembley un an plus tard.

En 2001, Paul Philipp passe la main après 87 rencontres sur le banc du Luxembourg. Un record qui sera battu quelques années plus tard par Luc Holtz (désormais à 117). Et après ces carrières de joueur et de sélectionneur bien remplies, c’est à la tête de la FLF qu’on retrouve Paul Philipp en 2004, après six ans de présidence de Henri Roemer. 18 ans plus tard, le Luxembourg s’est doté d’un nouveau stade, possède désormais une équipe nationale qui a acquis une autre dimension que celle d’éternelle perdante, et s’est doté du site de Mondercange qui permet aux jeunes joueurs du pays de pratiquer leur passion.

Reste donc quatre ans à ce personnage emblématique du football luxembourgeois afin de parachever l’oeuvre d’une vie. Les dossiers chauds ne manquent pas, et les candidats à sa succession pourraient y trouver une occasion de sortir du bois…