Andjelko Markulin ou la passion sans frontières

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Il y a encore cinq ans, le FC Mamer 32 aurait été considéré comme candidat à la descente en Promotion d’Honneur. Aujourd’hui, il en est le grand favori. Ce changement de statut est consécutif à un travail profond et sérieux pratiqué à tous les échelons du club, des bambinis aux vétérans. L’arrivée de Dean Léen dans le comité n’est certainement pas étrangère à cette approche. Mais ici, c’est à celui qui a fait passer Mamer à l’ère du digital que nous nous intéressons, à savoir Andjelko Markulin.

Les pages Facebook et Instagram du FC Mamer 32 ont été créées le 11 février 2020. L’arrivée du FC Mamer 32 sur les plateformes digitales est donc très récente. Ces dates correspondent d’ailleurs à l’entrée dans le comité d’Andjelko Markulin (31 janvier 2020). L’ingénieur informatique de profession, passionné par la photographie, se souvient : « Mon fils voulait jouer au football. Il s’est inscrit au FC Mamer. Le club préparait justement une assemblée générale et je leur ai proposé mes services. En tant qu’ingénieur IT, j’avais les compétences nécessaires pour créer une page Web. De plus, j’étais déjà en possession de mon appareil photo. J’ai donc également proposé de m’occuper de celles du club. Ils étaient enthousiastes, et ils m’ont aussi demandé de créer les pages Facebook et Instagram. »

Ce n’est pas tous les jours qu’une personne originaire de Velika Mlaka, ville de 3 000 habitants dans la région de Zagreb, devient community manager d’un club de Promotion d’Honneur. Nous lui avons évidemment demandé de nous en dire plus sur son parcours hors du commun. « Je suis arrivé au Luxembourg il y a sept ans », sourit-il. « Quand la Croatie a rejoint l’Union européenne, j’ai participé à un concours d’embauche pour le poste d’ingénieur informatique au Parlement européen et j’ai gagné. » Accompagné par sa femme et ses enfants, il a donc pris la direction du Luxembourg et s’est installé à Mamer, non loin de l’école internationale que ses enfants fréquentent.

Actif pendant sa jeunesse dans le football et le futsal en Croatie, le sport a toujours eu une place prépondérante dans la vie d’Andjelko Markulin. Cette passion, il l’a transmise à ses enfants, et en particulier à son fils. C’est par l’entremise de celui-ci qu’il s’est lié au FCM32. Aujourd’hui, la communication de Mamer repose en très grande partie sur ses épaules. Et il n’est jamais à court de nouvelles idées. « Cette saison, maintenant que le covid nous laisse tranquilles, on a lancé le journal du club », explique-t-il. Dans ce cahier, on retrouve un échantillon des quelque 25 000 photos prises sur les 120 matchs de Mamer auxquels il a assisté cette saison. « Notre journal relate l’intégralité de la saison dernière de toutes les équipes de Mamer. À mes yeux, c’est un très beau souvenir pour les joueurs et leurs familles. »

La communication semble payer puisque le nombre d’affiliés au FCM32 est en phase de croissance. Mais le community manager ne veut pas s’attribuer tout le mérite. « Je dirais qu’on a un énorme avantage », reconnaît-il. « Notre infrastructure se situe au centre de la ville. On a un parc juste à côté qui est constamment rempli d’enfants. Et donc pendant qu’ils jouent dans le parc, ils voient les enfants du club s’entraîner et veulent en faire de même. C’est une formidable synergie. » Mais cela n’enlève évidemment rien aux mérites de son travail, qui met en lumière à travers ses photos et ses publications toutes les équipes de Mamer. « Vous savez, on peut voir tous les matchs de BGL Ligue et de Promotion d’Honneur depuis son sofa. Mais le reste ? Je vois ça comme une part de ma mission. C’est à moi de parler du match de vétérans qui s’est déroulé un mercredi soir sous la pluie. C’est à moi de parler du match de l’équipe réserve II qui évolue en quatrième division du championnat réserve. Et généralement, ce sont ces équipes qui sont le plus reconnaissantes, parce qu’elles ne sont pas habituées à ce qu’on s’intéresse à elles. »

En moyenne, Andjelko Markulin assiste ainsi à environ quatre matchs par semaine, de façon volontaire et bénévole. « Tout d’abord, je ne veux pas être rémunéré. Je suis un amateur et je veux le rester. Amateur vient du latin amare, ce qui signifie aimer. Je veux rester celui qui travaille parce qu’il aime ce qu’il fait », sourit-il. « Je ne travaille pas non plus de la même manière qu’un photographe professionnel. Tout d’abord, ceux-ci font des photos des joueurs. Moi, je fais des photos des matchs. Finalement, mes photos doivent raconter le déroulement d’un match. Avec les photographes pros, on trouve des galeries de 200 photos, toutes plus magnifiques les unes que les autres. Mais on termine la galerie en se demandant “Tiens, quel est le score final ?”. Je fais entre 300 et 400 photos du match et j’en sélectionne 10, que je retravaille éventuellement. » Ce nombre de 10 ne tombe pas du ciel. Il correspond au nombre de photos que l’on peut publier en une fois sur Instagram. Mais tout match n’a pas nécessairement droit à sa galerie. C’est ce qu’il appelle la règle en or : « Match perdu, galerie perdue. »

Même s’il n’est, en définitive, présent que depuis peu au club de Mamer, il a côtoyé tous les affiliés, et par conséquent, il a appris à connaître beaucoup de personnalités différentes. Certaines sont très marquantes à ses yeux. « Melody Laurent évidemment. Elle est l’âme de notre section féminine. Elle a tellement de talent qu’elle pourrait être meilleure buteuse, mais elle est solide défensivement, et elle a choisi d’évoluer comme défenseure. C’est là qu’elle contribue le plus au succès de notre équipe. Et puis, dans notre équipe féminine, il y a également Amy Thompson, notre fantastique buteuse. C’est un véritable esprit de famille qui règne dans cette équipe. » Chez les hommes, le joueur qui impressionne grandement l’ingénieur informatique, c’est celui qui effraye le plus les défenses de Promotion d’Honneur. « Mickael Jager est notre meilleur buteur, mais il est aussi bien plus que ça. Il a un état d’esprit remarquable. Il joue un grand rôle dans l’excellente ambiance qui règne dans notre vestiaire. C’est le même constat pour notre capitaine Mike Federspiel et ses 250 matchs sous nos couleurs. »

Quand on demande à Andjelko Markulin quel est pour lui l’événement le plus marquant vécu au sein du club, sa réponse est rapide. Non, ce n’est pas le match de barrages contre Hostert l’année dernière, même si ce moment a une saveur tout à fait spéciale, mais c’est la finale du Championnat de Luxembourg des cadettes. « Ça, c’est quelque chose que je ne reverrai probablement plus jamais. Le match se termine sur 0-0 et on va aux tirs au but. Notre gardienne du jour n’est en fait pas vraiment une gardienne. C’est une attaquante. Et pourtant, elle a arrêté tous les penaltys ! Tous ! Ce jour-là, Jenna Troskie a vraiment bluffé tout le monde. »

Concernant le match de barrages, on a demandé à Andjelko Markulin si la défaite aux tirs au but ne lui laissait pas un goût amer. Il répond alors en toute simplicité : « Non. C’était une belle expérience. Mais comme on a perdu, cela veut tout simplement dire que l’on n’était pas prêts pour accéder à la BGL… Ce que je retiens, ce sont les 2 000 spectateurs qui s’étaient déplacés au match. Et plus de la moitié d’entre eux soutenait Mamer. C’était rempli de drapeaux rouge et blanc. Là, on a compris que toute la ville suivait nos résultats et nous soutenait. »

Pour conclure, on pourrait dire que Mamer est en pleine croissance, mais ne perd pas son caractère familial : « Nos fans viennent voir leurs enfants et leurs petits-enfants jouer. On est un club dynamique et ouvert pour accueillir de nouveaux membres dans le comité ou de nouveaux sponsors. Dans le comité, on est tous bénévoles et on est attachés à la commune de Mamer. C’est ce qui fait notre identité et notre force », conclut Andjelko Markulin.

Andy Foyen

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