Le 8 octobre dernier, le Bayern Munich a dû concéder le match nul 2-2 à la dernière seconde sur la pelouse du Borussia Dortmund. Un mois plus tôt, les Bavarois avaient déjà connu pareille mésaventure face à Stuttgart, Sehrou Guirassy transformant un penalty synonyme de troisième match nul de suite pour le champion d’Allemagne, peu habitué à ce genre de passage à vide. La défaite une semaine plus tard sur le terrain du FC Augsbourg (1-0) avait, certes, fait beaucoup de bruit, mais à y regarder de plus près, elle ne fut pas si surprenante que cela.
Cette saison 2022-23 devait être celle où Julian Nagelsmann allait enfin pouvoir pleinement marquer le Bayern Munich de son empreinte. Robert Lewandowski est parti ? Pas de problème. « Nous avons la possibilité de construire un Bayern Munich qui joue sans un attaquant qui marque 40 buts par saison », déclarait alors un Julian Nagelsmann, optimiste, lors d’une interview avec le Bayerischer Rundfunk lors de la trêve estivale, arguant ailleurs que le départ du buteur polonais permettrait de se montrer plus efficace en défense. Si la saison a démarré sur les chapeaux de roue pour les Bavarois, avec un 5-3 face au RB Leipzig en Supercoupe d’Allemagne, une victoire 6-1 sur la pelouse de l’Eintracht Francfort et une autre 7-0 sur le terrain du VfL Bochum, il n’a pas fallu très longtemps pour que le Rekordmeister se mette à déchanter.
Un Bayern dominateur, mais laxiste.
Certes, l’arrivée d’un joueur du statut de Sadio Mané a fait beaucoup de bien au Bayern Munich, le Sénégalais étant décisif à quasiment chaque rencontre, du moins en début de saison. Autre point positif : l’émergence de Jamal Musiala, dont Lothar Matthäus dit qu’il doit être « titulaire incontestable aussi bien en club qu’en sélection ». Sans oublier la dimension que prend (enfin) Leroy Sané. Seulement, au fil des rencontres, l’efficacité devant le but des Bavarois s’est quelque peu estompée. À force de prendre des coups derrière la tête, les adversaires ont partiellement compris comment neutraliser ce Bayern Munich en phase offensive. La frustration grandissant, le champion en titre a fini par se montrer fébrile derrière, concédant notamment des buts en fin de rencontre, comme face à Stuttgart ou à Dortmund. Des buts qu’il n’encaisse pas d’habitude, mais qu’il marque, comme un symbole de son activité sans relâche pendant 90 minutes. « Il y a deux options quand tu mènes 2-0 : soit tu fais en sorte de marquer un troisième but – nous avons eu beaucoup d’occasions, mais nous avons été trop laxistes pour les concrétiser. Soit tu défends mieux, ce que nous n’avons pas fait », grondait d’ailleurs Leon Goretzka à l’issue du choc face au BVB. « D’une manière générale, je pense que nous avons été dominateurs, comme à notre habitude, mais nous n’avons pas été efficaces. » S’il n’y a pas péril en la demeure, le Bayern Munich étant deuxième après sa large victoire contre Fribourg (5-0), la concurrence domestique se dit qu’il y a la possibilité de bousculer l’intouchable Goliath. Heureusement qu’il reste la scène européenne, où le Bayern ne cesse de martyriser tout son monde, notamment en phase de poules, où il reste sur une série de 32 matchs sans défaite.
Des fans en conflit avec leurs dirigeants.
Quelle que soit l’issue de cette saison, l’essentiel est ailleurs pour les fans les plus acharnés du club, qui souhaitent que les dirigeants du Bayern Munich répondent à cette question simple : que veut être le Bayern Munich dans les années à venir ? La question n’est pas seulement de savoir si Nagelsmann restera en poste ou non : elle va beaucoup plus loin. Depuis des années, les ultras du Bayern Munich profitent de leurs déplacements en Ligue des champions pour brandir des pancartes et des banderoles afin de dénoncer les tarifs excessifs pratiqués par l’UEFA en matière de billets. Des ultras et autres supporters organisés qui ne cessent également de demander des comptes à leurs dirigeants concernant le partenariat avec Qatar Airways. Dernièrement, le ton est même monté lors de l’assemblée générale du club entre Uli Hoeness et un supporter qui demandait l’annulation de ce contrat, en raison de la question des droits de l’homme dans l’émirat du Golfe. Irrité par cette demande, l’ancien boss du Bayern lui a balancé en sortant : « Votre intervention était honteuse ! C’est le Bayern Munich, club de football, ici ! Pas l’assemblée générale d’Amnesty International ! » Hoeness qui est par ailleurs favorable à l’abolition de la sacro-sainte règle du 50 + 1, tout comme Oliver Kahn, ce que les fans du club refusent d’entendre. En substance, il y a beaucoup de brèches dans l’institution Bayern Munich. Mais il n’est jamais trop tard pour les colmater.
Ali Farhat
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