Portugal : l’ascension fulgurante d’António Silva, la nouvelle pépite « made in Seixal »

7 minutes

Prévu pour intégrer l’équipe B du Benfica cette saison, le jeune Antonio Silva, 18 ans, a profité des nombreuses absences pour s’imposer comme titulaire en puissance dans l’équipe première de son club formateur.

Tuttosport dévoilait récemment la liste des vingt derniers prétendants pour le trophée du Golden Boy, récompensant le meilleur U21 de l’année civile. Si l’Anglais Jude Bellingham et le Français Eduardo Camavinga font office de favoris pour succéder à Pedri, la formation « à la portugaise » pourra une nouvelle fois se féliciter d’être particulièrement bien représentée, avec trois candidats dans la liste. Inévitablement convié à la fête, Nuno Mendes, – et son titre de champion de France habilement acquis pour sa première année pleine dans l’Hexagone – semble être la touche portugaise la plus évidente de cette sélection. Son compatriote Fabio Carvalho, fort d’un titre de champion de seconde division anglaise avec Fulham, est également l’un des jeunes prospects qui a su retenir l’attention cette année, comme en témoigne son transfert estival à Liverpool. Bien plus surprenante : la présence du tout jeune Antonio Silva, 18 ans, qui figure déjà parmi les talents les plus convoités d’Europe alors qu’il vient à peine de boucler sa dixième apparition avec l’équipe première du SL Benfica.

Une progression fulgurante

Réputé comme l’un des grands artisans du succès de la formation « made in Seixal » du Benfica, Renato Paiva avait pour habitude de préconiser « au moins cinquante matchs en équipe réserve pour tout joueur ambitionnant d’intégrer l’équipe première ». Si ce processus permet aux jeunes joueurs de se structurer à un niveau particulièrement intéressant, à savoir la seconde division nationale en ce qui concerne Benfica B, certains font office d’exceptions et semblent être capables de passer les étapes plus rapidement que prévu. C’est le cas d’Antonio Silva. Sur les cinquante matchs en équipe B préconisés par l’ancien entraîneur des équipes jeunes du Benfica, le défenseur central de 18 ans n’en a disputé que quatre avant d’être définitivement lancé dans le grand bain.

Nous sommes le 27 août 2022 lorsque Roger Schmidt, alors entraîneur du Benfica depuis moins de deux mois, décide d’aligner Antonio Silva parmi ses onze titulaires à l’occasion du match de championnat face à Boavista. Loin d’être anodine, dans un début de saison où l’entraîneur allemand prépare son onze-type pour la suite de l’exercice, la première apparition en professionnel du jeune espoir est intervenue après la suspension de Nicolas Otamendi, venue s’ajouter aux absences des deux Brésiliens Lucas Verissimo et João Victor, tous deux blessés. Numéro 66 au dos – qui rappelle celui porté par l’une de ses idoles, Ruben Dias, quelques années plus tôt – Antonio Silva a réalisé une performance solide, couronnée d’un large succès à l’extérieur et d’un premier clean sheet (0-3). Roger Schmidt peut alors en être certain : il tient là un joueur déjà capable de dépanner au plus haut niveau et de compenser les nombreuses absences auxquelles le départ de Jan Vertonghen et la blessure de Morato en fin de mercato se sont ajoutés. Mais l’ancien entraîneur du PSV était-il déjà conscient du chemin que s’apprêtait à prendre le natif de Viseu ?

Si bon nombre de joueurs formés « façon Seixal » semblent avoir un avenir tout tracé, ce n’était pas forcément le cas d’Antonio Silva. Révélation de l’équipe vainqueure de la Youth League et membre important des U23 du Benfica l’an passé, le jeune défenseur central a suscité la surprise de nombreux observateurs, y compris certains de ses coéquipiers. Dans un entretien accordé à la chaîne télévisée Canal 11, l’actuel joueur d’Estoril et ancien cadre de l’équipe B de Benfica, Tiago Gouveia, a déclaré qu’il était très surprenant de voir Antonio Silva arriver aussi vite à un tel niveau. « Il a énormément évolué jusqu’à arriver à un niveau spectaculaire », a-t-il précisé au sujet de son compatriote, après s’être souvenu de ce dernier comme d’un « joueur banal », du temps où ils s’entraînaient ensemble avec l’équipe réserve.

Un talent déjà incontesté

Désormais, si beaucoup de mots peuvent être utilisés pour qualifier le jeune défenseur central du Benfica, « banal » ne fait plus partie de la liste. Grâce à son leadership naturel, sa sérénité dans la relance et sa force physique dans les duels, Antonio Silva s’est très rapidement imposé comme l’un des hommes forts du Benfica façon Roger Schmidt. À tel point que, s’il était au départ venu occuper un rôle d’intérimaire en l’absence de Lucas Verissimo, de João Victor et de Morato, il sera désormais très difficile de le voir sortir du onze de départ benfiquiste.

Les matchs passent, les qualités se confirment et les grandes échéances arrivent. Après sa première apparition en Ligue des champions, à domicile contre le Maccabi Haïfa, Antonio Silva a tout naturellement été reconduit contre la Juventus pour ce qui restera comme son cinquième match au plus haut niveau. Cinq, soit précisément 591 de moins que Leonardo Bonucci, titulaire dans le camp d’en face, brassard au bras. Et s’il a livré une nouvelle prestation remarquable, Antonio Silva a également marqué les esprits pour une altercation musclée avec son homologue italien, de 17 ans son aîné. « Bonucci ? Au football, on se moque des noms. La seule chose qui compte, c’est de défendre Benfica », a-t-il lancé après s’être imposé face au roc de la Juventus.

Une assurance affolante, qui témoigne d’une maturité associée à une confiance rare en des qualités indéniables. Du haut de ses 18 ans, Antonio Silva s’impose avec une facilité déconcertante, pour le plus grand bonheur de son entraîneur actuel. « Nous sommes en train de parler d’un joueur de 18 ans qui, quand il entre sur le terrain, semble en avoir bien plus. C’est un grand professionnel, capable de supporter la pression. Il est très fiable », lançait Roger Schmidt le mois dernier en conférence de presse, à propos de sa jeune pépite.

L’étape Juventus passée sans encombre, Antonio Silva a dû consolider son nouveau statut en championnat avant de retrouver la Ligue des champions quelques jours plus tard, à l’occasion d’une double confrontation contre le Paris Saint-Germain du trio Lionel Messi – Neymar – Kylian Mbappé. Là encore, bon nombre de joueurs de son âge auraient pu craquer sous la pression, face à trois des joueurs offensifs les plus en vue de la planète. Mais Antonio Silva a, une fois de plus, prouvé qu’il n’était pas de ceux-là. Auteur d’un match aller très solide durant lequel il a notamment muselé Kylian Mbappé, le défenseur central a été l’un des grands artisans du match nul obtenu par son équipe. Six jours plus tard, c’est au Parc des Princes que le Portugais a une nouvelle fois montré toute l’étendue de son talent. S’il a été l’auteur de la faute qui a entraîné l’ouverture du score parisienne, le joueur de 18 ans a livré une nouvelle prestation remarquée, ponctuée par un match nul intéressant pour son équipe en vue d’une qualification en huitièmes de finale de la Ligue des champions.

Déjà dans les plans du sélectionneur ?

Après seulement dix apparitions sous le maillot de Benfica, le jeune Antonio Silva possède déjà de belles références au plus haut niveau qui font de lui l’un des principaux défenseurs centraux à suivre en Europe. Et ce n’est pas le sélectionneur portugais Fernando Santos qui dira le contraire. Conscient du talent phénoménal qu’il a à sa disposition, mais aussi des difficultés qu’il rencontre en défense centrale avec la blessure de Pepe, celui que l’on surnomme « l’Ingénieur » au Portugal pourrait bien offrir au jeune joueur une première sélection internationale à l’occasion de la prochaine Coupe du monde. Fernando Santos avait d’ailleurs cité le nom du jeune espoir du Benfica lorsqu’il évoquait les possibilités qui s’offrent à lui pour la convocation finale, qui sera dévoilée début novembre. Et s’il est encore trop tôt pour connaître le choix du sélectionneur portugais concernant Antonio Silva, le fait que ce dernier soit considéré comme l’un des candidats crédibles pour une participation à la Coupe du monde au bout d’une petite dizaine de rencontres disputées au plus haut niveau en dit long sur ce qu’il est en train de réaliser avec son club formateur.

Alexandre Ribeiro

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