Dernier de BGL Ligue après sa neuvième défaite de la saison au Progrès, dimanche, le Fola Esch a entamé les grandes manœuvres en nommant à la surprise générale Stefano Bensi entraîneur de l’équipe première. Malgré un chantier colossal, le club dirigé par Paul Olk reste serein, à quelques semaines de la trêve hivernale.
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La nouvelle a surpris tout le monde, lundi en début de soirée : Stefano Bensi, entraîneur des U23 du Fola Esch, est nommé à la tête de l’équipe première. « Stefano va préparer et encadrer notre équipe fanion avec son assistant Veldin Muharemovic, ainsi que le T3 et entraîneur des gardiens Serge Wolf », indique Paul Olk, le président du club, dans un communiqué. « Mon téléphone, c’était une centrale, ça n’arrêtait pas de vibrer », réagit le principal intéressé Stefano Bensi, qui n’a pas hésité une seule seconde au moment d’accepter la proposition. « C’est le Fola, je veux aider le club à sortir de cette situation. Quand on a la chance d’avoir une telle opportunité, on ne peut pas refuser. J’ai simplement prévenu la direction que je voulais conserver Serge Wolf, entraîneur des gardiens qui faisait l’interim, car il est très compétent et je voulais m’entourer de personnes d’expérience. Mon adjoint, Veldin, a les memes idées que moi », ajoute le nouvel entraîneur de l’équipe première. L’ancien international luxembourgeois (55 sélections, 5 buts), gêné par quelques blessures cette saison, avait déjà pris un peu de recul en prenant en charge les U23 du club il y a un mois et demi. « Pour l’équipe première, on n’en n’avait jamais parlé. Le club a suivi mon parcours et m’a fait une proposition pour prendre la suite de Serge, et j’ai accepté. »
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« J’ai VU BEAUCOUP DE CHOSES DE L’EXTÉRIEUR »
STEFANO BENSI
Ecarté des terrains par les blessures, l’ancien joueur de Dudelange a gardé un œil attentif sur les résultats de son équipe en BGL Ligue. « J’avais une certaine distance. J’ai vu beaucoup de choses de l’extérieur, des choses intéressantes, comme les débuts de match contre Wiltz et la Jeunesse, ou la deuxième mi-temps au Progrès dimanche », analyse Bensi. Sur la pelouse de Niedercorn, les joueurs du Fola sont revenus au score après avoir été menés 2-0, avant de craquer quelques minutes plus tard (3-2). Avec 38 buts encaissés et 9 défaites en 13 journées, le Fola peine à sortir la tête de l’eau. « On travaille beaucoup sur l’aspect défensif. Les erreurs individuelles nous coûtent beaucoup, mais c’est aussi collectivement. On manque de concentration, de cohésion. Il faut être patient, être plus serein. On a envie de se dépêcher, tout le monde fait son petit numéro et on oublie les bases du football », concède Serge Wolf, intérimaire pendant quatre journées de championnat.
« Les erreurs individuelles nous coûtent cher, mais on a aussi une largesse tactique. Chacun pense un peu à son plaisir », reconnait le capitaine Julien Klein, taulier de la défense et doyen de l’équipe, du haut de ses 34 ans. « On attaque à 4 ou 5, mais on laisse les défenseurs à l’abandon et on le paie cash. On est aussi en manque de réussite, mais comme je dis, la réussite, ça se provoque. S’il n’y avait pas de qualité, on lâcherait, mais ce groupe a de la qualité, donc c’est rageant ». Joueur offensif, Lucas Correia a aussi du s’adapter au changement de statut du club sur le terrain, habitué à jouer les premiers rôles il y a encore quelques mois. « Quand on jouait le titre il y a deux ans, on avait la possession, on jouait très haut, donc on avait beaucoup de ballons devant et on était plus dangereux. Les temps ont changé, les occasions sont rares et on doit être beaucoup plus efficace. Avant, deux buts nous assuraient la victoire, ce n’est plus vraiment le cas aujourd’hui. Le fait qu’on encaisse des buts n’est pas seulement la faute de la ligne défensive, car nous, les attaquants, sommes la première ligne de défense. Jouer dans un 4-4-2 dans un bloc bas est beaucoup moins amusant, mais c’est peut-être la solution à notre problème, puisque ça a plutôt bien fonctionné contre le Progrès en seconde période. »
« C’est dans la difficulté que l’on voit les vrais vestiaires s’en sortir »
JULIEN KLEIN
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Décimé à l’inter-saison avec une quinzaine de départs, le Fola a perdu son lustre d’antan, où la course à l’Europe et les tours de qualification aux différente coupes continentales rythmaient les saisons du club d’Esch-sur-Alzette. « On a perdu beaucoup de joueurs, des tauliers, il fallait recréer quelque chose. Notre début de championnat était trompeur. On s’est vu trop beau, on a fourni moins d’efforts et on a moins joué ensemble », regrette Julien Klein. « Beaucoup de jeunes joueurs sont arrivées et il est difficile pour eux de faire vivre le vestiaire. Ils parviennent à rire entre eux mais ont plus de mal à chambrer les plus anciens. Les mauvais résultats n’aident pas, on est tous déçu de cette situation que l’on subit. Arriver le lundi et rigoler après une défaite le dimanche, c’est difficile. On a tendance à se renfermer, c’est humain, c’est la vie d’un groupe dans le foot. Quand les résultats vont bien, ça cache parfois quelque chose. C’est dans la difficulté que l’on voit les vrais vestiaires s’en sortir ». Du haut de ses 20 ans, le jeune Lucas Correia, au club depuis 2018, note également un « changement drastique » en-dehors du terrain après les nombreux départs et le changement de dimension du club. « C’est compliqué par moment, mais même avec nos résultats, l’ambiance reste bonne et on a de super gars. Il y a des petits groupes par affinité et par ancienneté, mais personne n’est mis à l’écart. On a moins cette notion de famille que par le passé, mais on essaie de la regagner pendant ou après les entraînements ». Pendant son interim, Serge Wolf a identifié une problématique majeure : la cohésion de groupe. Le résultat, encore une fois, des nombreux changements opérés dans l’effectif. « On s’est rendu compte qu’on a un groupe qui se connaît très peu. On avait besoin que les joueurs passent du temps ensemble et trouvent des points communs ». Une sortie au Laser Game, des repas au restaurant ou après les séances devant les matchs de la Coupe du Monde : les joueurs du Fola se retrouvent pour des moments de convivialité, loin du rectangle vert. « C’était un point essentiel. Ça nous permet de sortir du quotidien et ça crée une bonne dynamique. »
Et maintenant, comment sortir la tête de l’eau ? Le Fola a fait le choix de miser sur un homme de la maison pour sauver le navire qui part à la dérive. Après avoir pris les reines des U23 en octobre, Stefano Bensi est propulsé à la tête de l’équipe fanion, dont il faisait encore partie cette saison. « J’avais une certaine distance de par ma personnalité. C’est ma façon de vivre. Si quelqu’un a un problème avec moi, il doit le régler rapidement car désormais, ce n’est plus Stef’ le joueur, mais Stef’ l’entraîneur. J’ai l’avantage de connaître tout le monde, je connais leurs qualités », appuie Bensi. Si de l’extérieur, son manque d’expérience fait beaucoup parler, l’ancien attaquant des Roud Léiwen est sûr de sa force. « C’est la première fois que je prends une équipe première, mais quand on regarde le groupe, ça se rapproche beaucoup des U23. Je n’ai pas peur, je sais ce que je veux et mon staff partage mes idées à 100%. L’expérience ? J’ai plus de 300 matchs sur un terrain, au niveau national et international. Tous les coachs font des erreurs, même ceux qui entraînent depuis 25 ans. C’est sur le terrain que ça se passe et on va mettre en places des choses ». Les solutions ? « Arrêter de parler », selon Julien Klein, l’un des plus anciens du vestiaire. « On essaie de discuter, mais les messages ne passent pas forcément. On doit arrêter de se chercher des excuses. Il faut une prise de conscience individuelle de chaque joueur pour se remettre la tête à l’endroit. Quand on voit où était la jeunesse il y a un mois et où ils sont aujourd’hui, on se dit qu’une petite série peut nous sortir de cette situation ». Le nouvel entraîneur Stefano Bensi veut quant à lui empocher un maximum de points pour les deux derniers matchs de la phase aller, dont un duel décisif face à Hostert ce dimanche, concurrent direct pour le maintien. « Il faut travailler encore et encore, retrouver de la stabilité, une structure et une rigueur collective. Ce sera notre tâche ces deux prochaines semaines. Après la trêve, on verra le vrai visage du Fola. »
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