Staff : la patte Cazza qui change tout

7 minutes
Albert Krier

Au-delà de la qualité et de la quantité de l’effectif, les résultats du Swift Hesperange depuis le début de la saison portent également la marque de son coach, Pascal Carzaniga, et de ses adjoints. Coup de projecteur sur un come-back pour l’instant gagnant.

Lorsque son nom est apparu en juin pour prendre la suite d’Arno Parisi après une décevante 4e place et une non-qualification européenne, plusieurs observateurs ou acteurs ont exprimé un certain scepticisme, allant jusqu’à parler de « mauvaise idée ». Le retour de « Cazza » au Swift a fait jaser et n’a laissé personne indifférent. Comme le dit le principal intéressé, il y aura toujours les « pro » et les « anti ». Depuis, le Swift a glané 11 victoires et concédé un petit nul en BGL Ligue. Surtout, les Hesperangeois ont puni leur principal rival pour le titre, le F91 Dudelange, le 6 novembre dernier, en lui infligeant un retentissant 4-0 sur sa propre pelouse. « J’avais peur de perdre des points avant cette rencontre tellement mes joueurs n’arrêtaient pas de me parler de ce rendez-vous. On savait que, si on les battait, on prenait la première place, et ça, c’était une motivation supplémentaire. J’ai senti les joueurs concernés toute la semaine. Le jeudi, j’ai mis une opposition en place avec une équipe en 3-5-2 en face et tout le monde a joué le jeu, des deux côtés, pendant 45 minutes. Dans la causerie d’avant-match, je leur ai dit que si on jouait comme le jeudi, on allait leur mettre la pâtée. J’ai même précisé : “Là, on va les exploser, on va leur en mettre 4.” Après le match, mes joueurs m’ont conseillé de me mettre à la voyance. » C’est ça, le style Cazza. Confiant, sûr de lui, et surtout qui entraîne tout son groupe derrière lui.

« Je savais qu’il y avait beaucoup de travail »

Une qualité que confirment ses joueurs, à commencer par Clément Couturier, un des éléments majeurs du onze type de Carzaniga : « Le coach est un meneur d’hommes, il arrive à mettre tout le monde dans le même bateau. C’est ce qui nous manquait les années précédentes. On avait besoin d’avoir quelqu’un qui sait gérer un groupe. Il aime parler, fédérer. Dans son métier, il est commercial… C’est sa grande force. » La tâche n’était pourtant pas simple avec un effectif pléthorique de 35 joueurs. Un job pas fait pour n’importe qui. À partir de là, comment créer une osmose ? « J’ai connu ça aussi à Dudelange. Et j’ai prévenu, une machine de guerre, ça ne se fait pas en un mois. Il faut six mois au moins. En arrivant le 15 juin, je savais qu’il y aurait beaucoup de travail à faire. Il fallait déjà remobiliser les troupes, parce que certains cadres étaient touchés moralement de ne pas jouer la coupe d’Europe. Il y a eu un travail psychologique avec les leaders. Je leur ai dit qu’on serait minimum européens cette année et qu’on jouerait de toute façon le titre », raconte l’entraîneur. Surtout, ce dernier est très attentif à ne laisser personne de côté : « Je parle avec tous les joueurs, pas de la même manière évidemment, et pas sur la même durée, mais je prends le temps avec chacun. Mon téléphone est 24 h sur 24 allumé. Quelqu’un qui ne joue pas ou est moins bien, je l’appelle. Un exemple : Roman Pierrard se blesse au cours du match contre Käerjeng. Le soir, je le contacte pour prendre des nouvelles. Et tout ça, c’est important. Les joueurs, il faut leur montrer que tu comptes sur eux, que tu n’es rien sans eux. Automatiquement, quand tu les respectes, ils te le rendent et se disent : “On n’est rien sans le coach non plus.” Contre Dudelange, ils savaient qu’en cas de défaite, je risquais de dégager. À la fin du match, je les ai remerciés de m’avoir permis de ne pas être en vacances prématurément… » Voilà la méthode : créer les conditions de l’union sacrée. « On sent qu’il y a un esprit de groupe extraordinaire qui se développe depuis le 15 juin. Notre meilleur match, c’est en prépa quand on bat une D2 allemande. Dans le bus sur le retour, je me suis dit que là, j’avais une équipe de fou. »

« Une atmosphère qui favorise la confiance et la stabilité »

Dans le jeu, Pascal Carzaniga privilégie souvent son fameux 4-3-3, même s’il le troque parfois pour un 4-4-2 losange. « Contre Käerjeng, on est en 3-5-2 toute la deuxième mi-temps », précise-t-il. On lui demande alors s’il s’adapte à l’adversaire… Réponse : « Non, je m’adapte plutôt à mon équipe et aux qualités de mes joueurs. » Avant d’ajouter : « Mon 4-3-3 est hyper offensif, on est quand même sur une moyenne de 4 buts par match en ayant joué tous les gros. » Pour l’aider à mettre ses idées en place et à cultiver cette ambiance qui lui est si chère, le boss du banc de touche peut compter sur son fidèle adjoint de toujours, David Zitelli, élogieux au moment d’évoquer son binôme : « En plus d’être entraîneur, c’est mon meilleur ami. Il apporte au Swift toute son expérience, son savoir, sa gestion humaine pleine d’empathie et de respect. Il parvient à créer une atmosphère qui favorise la confiance et la stabilité. C’est aussi quelqu’un d’ambitieux et c’est pour ça que Flavio Becca l’a rappelé, pour partager leur ambition. On n’est plutôt pas mal partis, même si la saison est encore longue… » La valeur de ce staff et son utilité, Cazza en a bien conscience : « David fait un gros boulot avec les attaquants, en faisant du spécifique le mercredi matin ou à un autre moment dans la semaine. Toufik Zeghdane, lui, apporte toute son expérience de défenseur, il a tellement remporté de titres avec Dudelange ! Il met souvent en garde nos mecs derrière et ça marche. On n’a encaissé que deux buts à l’extérieur cette saison. Luc Deville, l’entraîneur des gardiens, est en place depuis longtemps, il vient de la première division belge (Malines) et a également une grosse expérience. Et c’est important, car je fais aussi des entraînements de qualité grâce à mes gardiens. » David Zitelli résume ce travail collectif : « Tout le staff, on est une équipe. On se soutient, on se rend plus forts les uns les autres. » Clément Couturier voit un autre point fort chez Pascal Carzaniga : « Il connaît le boss, Flavio Becca. Il sait s’adapter à ça. » Ce qui n’est certainement pas le cas de n’importe qui.

« De fortes individualités au service du collectif »

Quoi qu’il en soit, Cazza et son staff semblent avoir trouvé la bonne formule pour extraire la substantifique moelle de ce groupe pléthorique constitué de fortes individualités : « Mais cette saison, elles se mettent toutes au service du collectif. Et c’est par là que ça passe », souligne David Zitelli. Il faut désormais tenir la distance. Quelle sera la clé pour aller au bout et décrocher ce titre ? « Il reste trois matchs avant la trêve, il faut bien les gérer, essayer de ne pas faire de faux pas pour passer l’hiver au chaud mentalement. Ensuite, on ne sera qu’à la moitié du championnat et rien ne sera fait. Si nous et Dudelange ne perdons pas de points d’ici la trêve, ça se jouera entre nous. Mais si à l’inverse, on lâche des matchs en route, alors des équipes comme Differdange, le Racing, Niederkorn et surtout Pétange – qui pour moi peut être la surprise de ce championnat – sont capables de recoller, et le titre se jouera alors à plusieurs. »

Nous ne sommes pas encore dans ce cas de figure et, pour l’instant, les deux rouleaux compresseurs se tirent la bourre en tête. Si le Swift va au bout, ce sera certainement un beau pied de nez à ceux qui doutaient du retour de Cazza : « Je n’ai pas trop compris à ce moment-là… La fois d’avant, j’ai fait 23 matchs, on n’en a perdu qu’un seul, on a fait une remontada de malade. Au total, aujourd’hui, mon bilan au Swift c’est 35 matchs et une seule défaite. » La machine de guerre est bien lancée.

admin

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