Vingt-huit matchs joués en première partie de saison. Soit 2 500 minutes de football, disputées sans jamais connaître la moindre défaite. Des statistiques ahurissantes, uniques dans le football européen, et qui justifiaient évidemment ceux qui annonçaient qu’il y avait deux championnats en un au Luxembourg. D’août à décembre, les deux leaders n’ont en effet laissé que des miettes à leurs adversaires, avec en tout pour tout seuls deux matchs nuls du Swift contre Rosport et Pétange.
Des adversaires plus rodés et décomplexés ?
Et puis, la reprise est passée par là. Avec elle, un hiver toujours néfaste pour les pelouses, mais aussi des corps plus assujettis aux blessures et autres pépins. Entre les deux, une trêve hivernale, qui permet à certaines écuries moins bien classées de couper, sortir des pensées négatives, et de revenir plus motivées. Ajoutez à cela un mois de préparation pour pouvoir rattraper le retard en termes de certitude dans la philosophie de jeu, et vous repartez rapidement sur des cartes rebattues. En ce sens, Niederkorn est un excellent exemple de ce que peut offrir une trêve hivernale. Jeff Strasser, débarqué cet été, a pu profiter de cette période pour encore plus faire comprendre tous ses préceptes de jeu à un groupe déjà porté par une série de quatre victoires consécutives sur la fin de la phase aller.
En l’emportant avec brio sur la pelouse du stade Jos-Nosbaum à la reprise, le Progrès n’a pas simplement pris trois points. Il a, d’une certaine manière, cassé cette aura d’invincibilité qui entourait les deux mastodontes du championnat. Non, ils ne sont pas intouchables. Oui, il est possible de les bousculer. Et ce vent de révolte a ainsi parcouru l’intégralité des clubs du championnat. Le Racing avait posé de sérieux soucis à Hesperange, avant de l’emporter, dans les dernières minutes contre Dudelange. Strassen, pourtant pas un foudre de guerre cette saison, a résisté 87 minutes durant avant de rendre les armes contre ce même adversaire.
Au-delà de matchs plus étriqués, on peut aussi évidemment noter chez l’adversaire moins de respect pour les deux leaders. Comprendre par là qu’après avoir, souvent, renié son jeu pour proposer le bloc le plus bas possible sans réussir à prendre les devants, certaines équipes n’hésitent plus à rentrer dans le combat. Un changement de cap parfaitement incarné par l’Union Titus Pétange, qui, lors d’une splendide première mi-temps, a joué crânement sa chance, déstabilisant un adversaire pas habitué à affronter un adversaire si conquérant.
Il se dit toujours que la chance se provoque. C’est là un sujet vaste, compliqué, aux opinions multiples. Mais il est certain qu’il n’est pas compliqué de voir une corrélation entre certains faits de jeu et un vent qui tourne. Ainsi, le Swift, sans être impérial n’en a pas moins touché trois fois la transversale contre Pétange. Et le F91 aurait pu (dû ?) ouvrir le score face au Racing, avec une meilleure application face au but. Des petits signes ci et là que tout ne tourne plus nécessairement en leur faveur.
Usure physique… et mentale ?
Face à des adversaires plus décomplexées, le challenge s’avère forcément rapidement plus complexe. Encore plus au sein d’un effectif court et pollué par les blessures. Un cas de figure que doit actuellement affronter le F91, particulièrement démuni. Avec un cadre plus restreint, le tenant du titre ne peut pas réellement compter sur son banc pour provoquer le destin alors que le match demeure accroché.
Si le Swift n’a pas à faire à ce cas de figure, il convient de rappeler que l’usure n’est pas nécessairement que physique. Dans un mano à mano éreintant depuis cinq mois, il n’est pas impossible que la pression liée à une lutte féroce pour le titre joue sur les organismes. Et, quand bien même Hesperange avait débuté le match du week-end avec cinq points d’avance, le statut de seule équipe invaincue en Europe peut aussi avoir joué dans les têtes d’un groupe qui se sait attendu au tournant. C’est un exercice complexe de maintenir un niveau d’excellence dans un mois de mars froid, boueux, et encore assez distant de la ligne d’arrivée, où les forces se régénèrent alors généralement plus aisément.
Le Progrès en embuscade ?
Invité du Clubhouse de Dribble, Stefano Bensi, questionné sur la course au titre, n’a pas hésité à assurer que pour lui, le Progrès demeurait dans la course. Impensable il y a encore un mois, cette idée ne parait plus si farfelue. Car Niederkorn, irrésistible depuis huit matchs, et qui semble être encore plus monté en puissance depuis la reprise, émarge dorénavant à neuf points de la première place. Un écart conséquent, oui, mais avec un clash restant entre les deux leaders, ainsi qu’une dernière journée Hesperange – Progrès, continuer sur cette formidable série pourrait, petit à petit, permettre à l’actuel troisième de grignoter son retard et, qui sait, réussir une des plus grandes prouesses de ces dernières années en BGL Ligue.
Une éventualité encore lointaine, alors qu’onze journées sont encore à disputer dans ce championnat. Délesté de cette pression d’invincibilité, Hesperange peut repartir de l’avant, en particulier avec la réception le week-end prochain d’Ettelbruck. Quant à Dudelange, malgré un mois de février complexe, la chute de son rival pour le titre pourrait lui redonner du baume au coeur et ce surplus de courage. Alors que les journées vont se succéder, rapprochant de plus en plus les équipes du titre tant désiré, motivation et rage devraient revenir naturellement. Reste dorénavant à Carlos Fangueiro et Pascal Carzaniga de réussir, jusque-là, à trouver les mots pour maintenir leurs groupes concernés dans ce qui est, généralement, la période la plus compliquée de l’année. En cas de réussite, la récompense, en la personne d’un titre de champion de BGL Ligue, en vaudrait assurément la chandelle.
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