À la peine la saison dernière en championnat, Käerjeng connaît aujourd’hui une véritable renaissance et retrouve enfin les moyens de ses ambitions.
13 mai 2022. Le HB Käerjeng termine à l’avant-dernière place des play-offs d’un exercice 2021/2022 tronqué par une équipe dont l’alchimie a disparu depuis bien des mois. Une saison galère qui se percevait déjà en dehors du terrain dès le mois de novembre, quand le capitaine Tommaso Cosanti était écarté du groupe après une altercation avec plusieurs joueurs de l’équipe, dont la cause principale était le manque d’implication de certains. Une alchimie qui n’a jamais véritablement fonctionné avec Yérime Sylla, entraîneur (et sélectionneur de la Belgique) ; certains cadres pointent du doigt le fait que ce dernier n’ait pas réussi à s’adapter à une équipe de handball amateur, lui qui venait du monde professionnel. À tel point que dès le mois de février 2022, le technicien franco-sénégalais est déjà annoncé du côté du Nancy Handball pour la saison suivante. Excepté face à Mersch, bien plus faible sur le papier, Käerjeng ne gagne aucun match contre les équipes du top 5 dont elle fait partie (7 défaites, 1 nul) et termine à une pauvre cinquième place sans jamais s’être battu pour quoi que ce soit.
Exit Yérime Sylla, c’est Zoran Radojevic qui prend place sur le banc du club de Bascharage. Le coach serbe connaît le microcosme du handball luxembourgeois puisqu’il a justement joué au club pendant pas moins de quatre saisons, en plus de prendre une casquette d’entraîneur des filles, avec qui il réalise le doublé coupe-championnat. Un choix interne qui paraît moins clinquant, mais bien plus en accord avec la réalité du handball luxembourgeois.
Malgré un passage à vide en novembre, une saison quasi parfaite
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que son arrivée a fait énormément de bien à une équipe qui s’est transformée en profondeur. « Ils m’ont demandé si ça m’intéressait de devenir coach de l’équipe première, et pour moi, c’était l’opportunité d’avoir un nouveau challenge en plus de mon expérience avec les féminines », raconte le natif de Kragujevac, en plein cœur de la Serbie. Un nouveau départ, et de nouveaux objectifs : à l’aube du début de saison, ces derniers sont tout simplement « d’atteindre les play-offs. On voulait reconstruire quelque chose sur un objectif réalisable. On a travaillé dur, match après match, et on a eu la chance d’avoir un calendrier favorable en début de saison avec quatre matchs contre des équipes abordables, ce qui nous a laissé le temps de nous perfectionner. » Et pour cause, avec quatre victoires en tout autant de rencontres, Käerjeng commençait un nouvel exercice de la meilleure des manières. Mais encore fallait-il se frotter aux grosses écuries pour, enfin, connaître la réelle valeur de cette équipe.
Suivent alors plusieurs coups d’éclat, à commencer par le premier, une victoire 24-22 face aux Red Boys, vice-champions de Luxembourg quelques mois plus tôt. Hélas, la fin du mois d’octobre – avec la défaite en coupe face à Berchem – puis le mois de novembre, avec trois affiches au programme, s’annonçaient plus compliqués : le choc face à Esch, favori à sa propre succession, accouchait d’une petite fessée (23-38), dix jours avant une nouvelle défaite sur le terrain de Berchem. De quoi remettre les idées en place et surtout éviter de s’enflammer trop rapidement avec des ambitions démesurées juste après la fin du premier tour d’AXA League. Et pourtant. Depuis cette dernière défaite le 19 novembre dernier, Käerjeng n’a plus laissé le moindre point à l’un de ses adversaires. Dudelange, Diekirch, Berchem, Differdange et surtout le Handball Esch ont piétiné face à un HBK plus que jamais cohérent sur le terrain, sûr de ses forces et soudé.
De quoi satisfaire un entraîneur qui « à l’heure actuelle » ne pourrait « pas être plus content de l’équipe ». Néanmoins, pas question pour Zoran Radojevic de parler d’un éventuel sacre national en fin de saison. « On ne parle jamais de ça au sein du club. On essaie de garder les pieds sur terre, d’être réalistes par rapport à notre situation. On sait à quelle place nous sommes, que l’on a nos chances, mais il reste encore huit matchs et on sait qu’un seul faux pas peut tout changer. On a vu que l’on avait la capacité de faire partie du top 4 pour pouvoir être en Coupe d’Europe la saison prochaine. Tout ce qui surpassera cela, ce sera du bonus pour nous », poursuit le technicien serbe, qui avoue d’ores et déjà que « personne ne s’attendait à ce que l’on réalise une saison pareille ».
Une adaptation express
À 41 ans, le choix de mettre Zoran Radojevic à la tête de l’équipe première semble déjà être une franche réussite, même si tout n’a pas été aussi simple à son arrivée. « On a eu besoin de temps pour se connaître et s’adapter. Ma position est un peu spéciale parce qu’il n’y a pas si longtemps, j’étais encore leur coéquipier dans le vestiaire. J’ai dû prendre rapidement le rôle d’entraîneur, et ça n’a pas été tout de suite facile à porter. Mais quand je vois où nous en sommes aujourd’hui, j’en suis très fier », évoque celui qui a porté les couleurs du HBK pendant quatre saisons. Une réussite qui s’explique aussi par la philosophie de jeu qu’il a prônée dès son premier entraînement. « L’année dernière, il y avait déjà une très bonne équipe en place, mais elle avait beaucoup de problèmes en défense. Quand je suis arrivé, j’ai dit aux gars que l’un des objectifs de la saison serait de construire une meilleure défense. En attaque, on sait que l’on a la possibilité de marquer à tout moment. Mais si tu prends trente-cinq ou quarante buts comme ce fut le cas plusieurs fois la saison dernière, c’est difficile de faire quelque chose. Ma philosophie, c’est que l’on peut gagner des matchs grâce à l’attaque, mais les trophées se gagnent avec une défense », conclut en beauté Radojevic.
Faire partie de la lutte pour le titre en mars, il n’y a pas que l’entraîneur qui en est le premier surpris. Demi-centre du club, Tom Meis ne s’y attendait pas forcément non plus et partageait avec nous il y a peu que « l’objectif initial, c’était de faire une meilleure saison que la saison passée ». Et si c’était effectivement difficile de faire pire, le joueur de 31 ans avoue désormais « commencer à penser au titre » bien que, comme son entraîneur, il préfère rester prudent. « Il faut tout de même rester réaliste quant à nos chances, parce que l’on a un cadre assez limité avec lequel il faudra tenir jusqu’à la fin de la saison. »
Et ce qui semblait être un doux rêve il y a encore quelques semaines pourrait bien se réaliser, le week-end du 20 mai 2023, à l’issue de la dernière journée des play-offs, face au… Handball Esch, pour ce qui pourrait vraisemblablement ressembler à une finale pour le titre. Si d’ici là Käerjeng continue de surprendre chacun de ses adversaires et de tenir la pression mise par les champions en titre, le trophée d’AXA League pourrait retourner à Bascharage, cinq ans après leur dernier titre de champion.
Mental Médias SARL
15 Rue Emile Mark
L-4620 Differdange LUXEMBOURG
m : moien@mental.lu