26 mars 2023, 96e minute sur la pelouse de Weiler-la-Tour : alors que Schifflange est tenu en échec à la surprise générale par une équipe luttant pour son maintien, les visiteurs se lancent dans une dernière offensive. Djamalidine Atoyi, bien trouvé dans la profondeur, lève les yeux, et trouve Soumah aux avant-postes. La passe est bonne, la frappe aussi. 1-2. Les joueurs et le banc exultent. Une explosion de joie compréhensible tant au vu du scénario dantesque de la rencontre (qui a vu Haidara enchaîner les arrêts pour maintenir son équipe en vie), que le soulagement palpable pour une équipe pas loin du doute. Car, le FCS 95 reste alors sur un point sur six, et une défaite préoccupante à domicile contre Canach. Un nouveau revers aurait ainsi pu faire tanguer le bateau. Mais le but de la libération arrive, et derrière, Schifflange reprend sept points dur neuf, et est dorénavant solide leader de Promotion d’Honneur, avec quatre points d’avance sur ses deux poursuivants.
Alors que la période compliquée parait passé, arrive-t-on à l’expliquer au sein du groupe ? Pour Ismael Bouzid, les raisons sont doubles. « À un moment, l’accumulation de la fatigue se fait ressentir. Si on regarde le nombre de joueurs utilisés, il n’y en a pas non plus une pelle ». Un déficit physique, donc, auquel se joint, selon le coach, un autre, cette-fois ci mental : « Il y a aussi le subconscient qui intervient » confirme Bouzid. « Le laisser aller naturel chez l’être humain, c’est absolument naturel. En tant qu’entraineur, je me bats contre ça, car je sais qu’être en haut de la montagne, cela peut entraîner, sans vraiment le réaliser, d’en faire un peu moins. Et, même si j’en étais conscient, on a bien vu que dès que l’on relâche la machine, on se fait punir. ».
Un point de vue partagé par Calvin Haidara, portier du club, qui relativise cependant un peu plus. « On était dans une période où cela se battait énormément en haut du tableau. Et, des coups de moins bien dans une saison, cela arrive. On a su relever la tête et reprendre la tête du championnat. Je préfère retenir la réaction, qui a été très bonne ».
À cinq finales du rêve
Quand bien même le trou d’air semble passer, et que Schifflange a une avance confortable en tête du classement, Bouzid rappelle encore une fois que cette forme de relâchement inconscient peut revenir a tout moment. « J’interviens sur ce sujet à chaque causerie, chaque semaine. Car je sais très bien que tu peux être dans une bonne phase, recevoir une équipe de milieu de tableau et te dire « Allez, ça va le faire aujourd’hui ». Et tu le payes cash, comme cela a été le cas pour nous contre Canach. Dans ce championnat, tu ne peux te permettre aucune négligence. Il y a une homogénéité de qualité dans cette division qui rend tous les matchs compliqués ».
En analysant le calendrier restant pour l’actuel leader, on ne peut, cependant, s’empêcher de noter que celui-ci semble plutôt abordable pour Schifflange qui, hormis un gros match contre Bettembourg, affronte plutôt des équipes de milieu et bas de tableau. Ce qui ne nous empêche pas, sans surprise, de remarquer que l’entraîneur et son portier ne partagent pas cette opinion. « C’est sûr qu’on est proche du but, mais la route est encore très longue » confirme Haidara. « Il reste cinq matchs, cinq finales, c’est aussi simple que ça. Aucune équipe n’est à prendre à la légère ».
Questionné sur une forme de sérénité offerte par l’assurance d’une place en barrages, l’entraîneur botte très vite en touche. « Pour être honnête, j’ai vécu les barrages en tant que joueurs, et je n’ai pas envie de vivre ça. Donc se focaliser là-dessus, ça n’est pas notre délire. Sans prétention aucune, ce que l’on veut, c’est terminer au mieux et pouvoir aller chercher une des deux premières places ». Avant de confirmer les propos de son gardien, affirmant, encore une fois, qu’aucun succès n’est acquis d’avance dans l’antichambre de l’élite. « Bettembourg peut-être aussi compliqué que Weiler ou Schieren. C’est sûr que les observateurs se disent que c’est une belle affiche, mais au final, on peut avoir autant de mal contre le second au classement que Junglinster. Si tu te réfères au classement, tu vas droit dans le mur. »
Une position louable, mais qui n’empêche pas les observateurs, qui, eux, se réfèrent aussi au classement, de dire que Schifflange, bien qu’à cinq finales de la montée, semble néanmoins particulièrement bien lancé.
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