Parlez-nous un peu de votre parcours Jean-Marie…
Je suis responsable et entraîneur des gardiennes auprès de la FLF depuis 2018 maintenant. J’ai débuté le foot à l’âge de 14 ans au club de l’US Sandweiler et je suis arrivé par hasard dans les buts. Quand j’avais 15 ans j’ai été appelé par la FLF pour ensuite passer par toutes les sélections de U15 à U21, où j’ai toujours été titulaire. De 16 ans jusque 20 ans j’ai joué en BGL à l’Aris de Bonnevoie (actuellement Racing) pour terminer assez jeune ma carrière en raison d’une blessure en promotion au CS Hollerich. En 2013 j’ai eu mes premières expériences en tant qu’entraîneur des gardiens au FC Kehlen où je suis resté pendant 4 ans. Après cela, j’ai travaillé pour les clubs de Strassen, CS Grevenmacher, Swift Hesperange pour finalement arriver à la FLF chez les féminines. Je suis père de deux filles, cela aide pas mal à la compréhension.
Comment travaillez-vous avec les gardiennes à la fédération ? Quelle structure a été mise en place ?
Nous nous entraînons deux à trois fois par semaine, que ce soit aussi bien avec les gardiennes de l’équipe A, qu’avec celles des autres catégories plus jeunes. J’aimerai les avoir encore plus dans la semaine mais les clubs ont eux aussi besoin de leurs gardiennes. Les entraînements chez les jeunes sont très spécifiques. J’ai constaté que les filles que nous convoquons à la FLF ont du talent mais ne possèdent pas toujours les techniques de bases. Ceci est un grand souci et je crois que cela serait le devoir des clubs d’engager des entraîneurs de gardiens pour leur donner une bonne formation de base. Trop peu ont des spécifiques en club. Malheureusement, le poste de gardien n’est toujours pas valorisé dans les clubs. Je suis content que la FLF ai repris la formation et que l’on puisse leur proposer quelque chose à ce niveau-là. C’est un poste tout aussi important que le reste.
Quels changements avez-vous noté sur le poste de gardienne de but ces dernières années ?
Le poste de la gardienne du but a énormément évolué. On pratique un jeu beaucoup plus rapide, plus tactique, plus offensif. Dans le temps on considérait le gardien comme un “non-joueur”. Aujourd’hui on le planifie en tant que “libero”, prêt à sortir loin de ses buts et de couvrir le dos de ses défenseurs. A l’époque où moi je jouais encore, on me demandait juste d’arrêter les ballons. Aujourd’hui on demande d’abord aux gardiens de pouvoir jouer au ballon et de faire une bonne passe, relance. Ensuite on regarde s’il est capable d’utiliser ses mains (rires).
Quel regard portez-vous sur le niveau des gardiennes au Luxembourg ?
Le niveau est moyen, car comme je l’ai dit plus haut, elles ont peut-être du talent mais ne possèdent pas les techniques de bases. Il leur manque aussi la puissance, la détente et l’explosivité, trois piliers pour être une bonne gardienne. Dans la plupart des clubs, les gardiennes n’ont pas d’entraînements spécifiques. Donc c’est à nous de voir si elles ont du talent, de les recruter et de les former. Aussi faut-il voir le niveau du championnat au Luxembourg, que ce soit chez les jeunes filles ou chez les dames. Le niveau s’est amélioré mais pas comparable à l’étranger. Les gardiennes ne sont pas assez sollicitées et cela se voit dans les matchs internationaux que nous jouons.
Décelez-vous de meilleures aptitudes chez les jeunes que par le passé ? Est-ce que ce poste reste « mal-aimé » ?
Oui, les aptitudes chez les plus jeunes sont devenues meilleures, mais comme vous le dîtes c’est un poste très difficile à faire aimer. Etant gardienne tu dois faire face à une certaine pression, tu n’as pas le droit à l’erreur car chaque erreur se paye cash. Peu de jeunes filles se disent prêtes à faire face à tous ces défis…et ceci dans une grande “cage”… les filles souffrent déjà parfois de confiance en elles, cela n’aide pas. Ce qui est essentiel pour moi c’est qu’il faut avoir pris soi-même la décision de vouloir occuper ce poste. Il ne faut pas oublier que le poste de gardienne est un poste atypique. Beaucoup de gardiennes sont mises dans les buts par leur entraîneur parce qu’elles dérangent les entraînements, n’ont pas le bon physique, voir autres…et cela n’apporte rien de bon.
Comment gérez-vous l’aspect mental avec les joueuses, qui est prépondérant sur ce poste ?
Elle doit être attentive, concentrée jusqu’au coup de sifflet final. Savoir gérer la pression aussi est important, aussi bien celle de ses coéquipières, que celle venant du public. Je prends l’exemple de Lucie Schlime qui a joué devant 25000 spectateurs contre l’Angleterre mais qui a su bien gérer la pression qui pesait sur ses épaules. En ce qui concerne la préparation mentale avant un match amical ou de compétition, celle-ci est bien sûr indispensable. Avant chaque match le groupe se retrouve pour un stage. C’est lors de ce stage que commence la mise en confiance. La gardienne a le besoin de se familiariser avec son environnement, ressentir ses appuis et répéter les différents gestes spécifiques. Pour cela, j’essaie de préparer des entraînements de bases sollicitant beaucoup de prises de balles, des situations de jeu… S’y rajoutent des analyses vidéo, infos tactiques du coach …et parfois même un petit jeu pour un morceau de chocolat (rires). Mais une chose est primordiale, c’est la mise en confiance par le dialogue. Trouver les bons mots et faire ressentir à la gardienne que l’entraîneur sait de quoi il parle. A ce moment-là tout est prêt pour faire un bon match.
Betty Noel
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