Manuel Correia : « L’appétit vient en mangeant… »

10 minutes
© Albert Krier

Depuis son arrivée à l’US Mondorf, Manuel Correia a prouvé que son retour au premier plan était une franche réussite. Après une belle saison en BGL Ligue et une qualification en demi-finale de la Coupe de Luxembourg, nous avons fait le point avec le technicien, qui revient sur son parcours, son choix de rejoindre Mondorf, et de quoi sera faite la suite.

De 2021 à 2022, vous étiez sans club et disiez vouloir faire une pause. Maintenant de retour, avez-vous eu le temps de recharger les batteries ? 

Je vais être honnête avec toi, j’avais arrêté pour des raisons familiales et aujourd’hui je suis en pleine réflexion sur mon avenir. En effet, j’ai une charge de travail assez conséquente, le football qui me prend beaucoup de temps et j’ai deux filles qui ont encore besoin de moi. J’ai repris car elles me disaient que je devais le faire, et là on aura une bonne discussion en famille avec elles et ma femme et ce sont elles qui prendront la décision, même si je pense que nous avons trouvé un bel équilibre familial. J’en profite d’ailleurs pour remercier ma femme pour tout ce qu’elle fait, elle est toujours présente et m’aide beaucoup, ce qui facilite vraiment les choses.

Quand vous avez repris, l’étincelle est-elle revenue tout de suite ou a-t-il fallu du temps pour se remettre dedans ? 

Quand je travaillais, je n’avais plus cette étincelle et quand j’étais en congé et que je n’avais pas le stress du boulot, là je sentais que quelque chose me manquait. Quand j’ai repris, la flamme était tout de suite là, je suis un vrai passionné et dès le premier entraînement je me suis immédiatement rendu compte que cette équipe avait énormément de talent. C’est une équipe qui – collectivement et en termes de talent pur – est la meilleure que j’ai eu à diriger.

Ce qui vous a motivé à rejoindre l’US Mondorf, c’est le cadre familial et le club bien structuré ? 

15 secondes après l’annonce de mon départ de l’UNA Strassen, le premier club à m’avoir appelé c’est Mondorf, et ils m’ont demandé si j’étais sûr de vouloir arrêter et ne me croyaient pas au vu de mon amitié avec Luc Hilger. Je leur ai dit que j’arrêtais pour raisons familiales et que je ne reviendrais pas en arrière, car j’avais besoin de me consacrer à ma famille. Après quelques mois, Mondorf m’a rappelé en me demandant si j’allais bien et si j’étais reposé, ils gardaient le contact pour me faire comprendre qu’ils étaient intéressés pour que je coache leur équipe. Je leur ai dit que je me sentais bien comme ça. Ils m’ont appelé après le départ de David Zitelli et je leur ai répondu que je ne pouvais pas, car je me mariais au mois d’août et qu’en novembre j’avais aussi quelque chose de prévu. Ils n’étaient pas contre le fait que mon staff prenne les choses en main lors de mon absence, et ceci a pesé fortement dans ma décision. J’ai senti un club qui avait vraiment confiance en moi et en mon staff ; c’était important. Je sentais que c’était le bon endroit pour recommencer quelque chose et que j’aurais du temps pour bien développer mon idée du football à l’intérieur. J’avais reçu quelques propositions en fin de saison, mais le fait que les dirigeants aient gardé des contacts avec moi toute l’année faisait que j’avais un lien avec eux, et c’était ma priorité.

Niederkorn, Strassen, Pétange et aujourd’hui Mondorf, quel est le club qui vous a le plus marqué et pour quelles raisons ? 

Les quatre m’ont marqué. J’ai commencé comme adjoint de Fabien Tissot au Progrès, et lorsqu’il a été limogé, je n’ai pas réfléchi. En tant que fidèle soldat, j’ai décidé d’arrêter avec lui. De plus, selon moi, les mauvais résultats du club à cette période n’avaient rien à voir avec le coach. À Pétange, j’ai eu ma chance et je pense l’avoir saisie, elle a été gâchée par un directeur sportif qui a été chercher un brésilien qui a joué la Champions League à l’époque et qui n’a pas apporté que du bon. Après cette expérience, j’ai décidé de prendre un peu de temps pour trouver un projet qui correspondait plus à mes valeurs et à ce que j’attendais du football. Mais si je devais en choisir un, ça serait Strassen, car c’est celui où j’ai passé le plus de temps et ou j’ai le plus d’affinités avec le président, Luc Hilger, qui est un ami. 

À Mondorf, j’ai retrouvé un petit peu ce que j’avais à Strassen, avec un club familial, des dirigeants proches des joueurs, un public qui fait du bruit et surtout ma famille s’y sent très bien, et pour moi c’est super important. 

Vous parliez dans une interview à nos confrères du Quotidien de la nécessité de couper le cordon ombilical avec l’ère Arno Bonvini. Est-il coupé ? 

Je pense honnêtement que oui, dans notre manière de jouer et dans notre approche tactique vis-à-vis du jeu. Je ne voulais absolument pas critiquer quoi que ce soit d’Arnaud, qui est un ami à moi, mais c’est vrai qu’il a été très longtemps à Mondorf, il est forcément resté dans la tête de mes dirigeants et des joueurs. Je voulais que les parties intégrantes du club s’imprègnent de mon caractère, de ma philosophie de jeu. Je suis convaincu de mon idée du football, et si je suis là, c’est la mienne que l’on doit adopter. 

Être coach aujourd’hui, est-ce plus de la tactique ou de la pédagogie ?

C’est une très bonne question. Pour moi, c’est un mélange des deux, car si tu as un bon management et une mauvaise tactique, ça ne fonctionne pas, et l’inverse également. Tout a évolué aujourd’hui dans le football, les matchs sont filmés, les médias sont proches des clubs, il faut être attentif à énormément de paramètres.

Quand on regarde jouer Mondorf cette saison, on s’ennuie rarement. Quelle est votre philosophie de jeu et de quelles équipes vous inspirez-vous ? 

Naturellement, je regarde beaucoup de football vu le nombre de chaînes que nous avons à la maison, c’est d’ailleurs une source de conflits (rires). Ma philosophie de jeu est claire et je suis toujours terre à terre avec ça : il faut aller sur une course de chevaux avec le cheval qui peut gagner. Maintenant tu as des joueurs à disposition et ils ont leurs qualités et leurs défauts, donc tu peux regarder énormément de football, mais si tu ne peux pas le mettre en pratique, car tu n’as pas le même talent et les mêmes profils, tu dois faire avec ce que tu as. Moi, j’ai un principe majeur dans le football : lorsque tu viens, tu dois prendre du plaisir, car si tu n’en prends pas, le sac est lourd pour venir t’entraîner, l’engagement sera donc moindre et ça peut créer des conflits, car la personne qui est moins heureuse va voir les choses négativement. Je pense d’ailleurs que les choses négatives sont celles que nous devons transformer en positif dans le futur, car c’est de l’expérience emmagasinée.

Développer un beau football sur une pelouse compliquée, ça ne doit pas être évident ? 

J’ai des joueurs qui arrivent à dompter le terrain. On parle beaucoup dans la presse de notre terrain et du fait que les adversaires ont du mal à jouer chez nous. Mais on ne parle pas de nous et de notre façon de développer notre jeu, et je trouve ça vraiment dommage de mettre plus l’accent sur la qualité de notre pelouse que sur le football que nous pratiquons. Après, je te l’accorde, la pelouse n’est pas bonne, mais ce n’est pas la pire du Luxembourg, loin de là. 

Mondorf est actuellement 8e à 5 points du Racing, à quelle position pouvez-vous prétendre en fin de saison ? 

J’ai été clair avec la presse, je voyais en début de saison une équipe comme la nôtre entre la 6e et la 8e place. Si nous restons 8e ou si nous prenons une place en plus, je crois qu’on sera là où nous devons être. Aller plus haut, pour le moment, nous n’en sommes pas capables, mais dans le futur si nous construisons petit à petit, rien ne sera impossible. Il faut beaucoup travailler sur différents aspects : les infrastructures, l’équipe, et aller chercher des joueurs qui peuvent t’emmener plus haut, avec cette mentalité si importante. Si tu mets tous ces ingrédients-là, ce n’est pas garanti de fonctionner, mais c’est une excellente base. On peut parfois se trouver avec des dirigeants trop impatients, mais si tu prends le temps de voir l’évolution du tout, que cela soit en termes de discipline, projet de jeu, intentions, assimilation de l’effectif, alors tu es capable de réaliser que de belles choses peuvent se faire. Après, les gens ont-ils toujours la même patience ou va-t-il y avoir plus de gourmandise ? Comme on dit, l’appétit vient en mangeant… Il faut trouver le juste équilibre.

Que manque-t-il pour aller chercher ce top 4 ?

Il faut devenir plus consistant. Il faut ramener des joueurs avec une culture tactique encore plus ancrée, tout en restant avec les talents qu’on a déjà dans l’équipe. Si on fait tout ça, on peut aller chercher le top 4. Au début, tout le monde pensait que Dudelange et Hesperange allaient faire un sans-faute, mais tu te rends vite compte que c’est beaucoup plus compliqué que ça, même avec un énorme effectif. Investir fort ne garantit pas les résultats. Mais je pense que l’expérience et la connaissance tactique sont deux clés pour réussir à aller titiller le haut du tableau.

La Coupe est-elle un objectif réalisable pour Mondorf ?

Quand on a commencé, on voulait un championnat assez tranquille. Ça, c’est fait. Maintenant, tu es en demi, tout est possible… C’est ça qui est magnifique dans la Coupe. On le voit partout, n’importe quelle équipe peut faire de grandes choses. Alors pourquoi pas nous ?

S’inscrire sur la durée à Mondorf est-il un réel objectif pour vous et votre staff ?

Oui. Si on travaille comme en ce moment, en symbiose avec le président, le directeur sportif et l’ensemble des acteurs, pourquoi pas ? Maintenant, que veut dire la durée ? Ici, on voit régulièrement au Luxembourg que c’est trois ans, pas plus. Donc c’est sûr que cela n’est pas si simple. Si tu deux durer en tant qu’entraîneur, y compris dans le discours, il faut réussir à amener un changement, sinon, les joueurs se lassent. Si tu prends Alex Ferguson, il a duré 25 ans, mais il en a fait passer, des joueurs… Le vent de fraîcheur, c’est important. Créer une forme de concurrence, de besoin d’assurer sa place…

Éric Bosseler confiait rêver d’Europe avec Mondorf. Êtes-vous en mesure de réaliser ce rêve ?

Si je réalise son rêve, je réalise le mien. Pourquoi pas ? Mais il faut que toutes les étoiles soient bien alignées. Pas de blessures, pas de suspendus, pas de décisions arbitrales défavorables… Mais en effet, on peut réaliser quelque chose d’exceptionnel. Il faut juste se rappeler que le tout est un marathon. Un bon départ est essentiel, mais ne garantit pas tout. À nous de travailler, d’aller chercher les bons joueurs, et d’offrir à Éric ce très beau rêve.

admin

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