Le sprint final est définitivement lancé pour les dix-huit clubs qui composent l’élite du football portugais. Et si au FC Arouca, tout portait à croire qu’on assisterait à une nouvelle course au maintien semblable à celle remportée de justesse la saison passée, ce fameux « sprint final » va inévitablement prendre un tout autre tournant pour les jaune et bleu. À quelques journées de la fin, le modeste club du nord du Portugal est bien parti pour créer un exploit historique et accrocher une improbable cinquième place en Liga Bwin, synonyme de qualification européenne. Une véritable prouesse pour ce club qui jouait encore au troisième échelon national il y a à peine trois ans.
Un retour controversé au niveau professionnel
8 avril 2020. Alors que le monde entier est frappé par la pandémie de Covid-19, la Fédération portugaise de football a annoncé mettre un terme au Campeonato de Portugal, alors équivalent au troisième championnat national portugais. Une annonce jugée hâtive par certains, nécessaire pour d’autres, qui a obligé la plus haute instance du football portugais à trancher concernant le sort des 72 équipes, réparties en quatre poules de 18, qui composent cette division. Alors qu’il restait près d’une dizaine de rencontres à disputer dans la phase principale, la Fédération portugaise de football détenait donc la lourde responsabilité de devoir trouver la manière la plus juste de promouvoir deux clubs dans la division supérieure.
Et la FPF n’a pas tardé à prendre sa décision : parmi les quatre poules qui composaient le Campeonato de Portugal, les deux équipes ayant engrangé le plus de points lors des 25 premières journées, à savoir le FC Vizela (60 points en série A) et le FC Arouca (58 points en série B), ont finalement obtenu l’accès tant espéré au niveau professionnel. Une décision qui n’a pas manqué de faire réagir d’autres clubs, dont le SC Olhanense et le Real SC (57 points chacun en série D), qui sont donc passés à un tout petit point d’accrocher leur ticket pour le niveau supérieur.
Des critiques pleuvent, mais qu’importe : un an après sa rétrogradation, le FC Arouca retrouve la deuxième division. « Nous aurions préféré que le championnat se termine, mais nous avons toujours dit que l’effort et le dévouement de ceux qui ont le mieux travaillé devait gagner. Et ils ont vraiment gagné. C’est avec joie que nous apprenons cette décision tant attendue par les Arouquenses », s’était alors exprimé le club portugais.
L’arrivée déterminante d’Armando Evangelista
Une montée occasionne généralement bien des changements au sein du club concerné. Le FC Arouca n’a pas dérogé à la règle, avec la nomination d’un nouvel entraîneur en la personne d’Armando Evangelista. Passé notamment par Vilafranquense, Penafiel ou encore Varzim dans les divisions inférieures portugaises, l’entraîneur portugais peut également se targuer d’avoir connu l’élite du football national sous les couleurs du Vitória SC. Une expérience peu significative de 7 petites rencontres, conclue rapidement par l’arrivée de Sérgio Conceição sur le banc du club basé à Guimarães en septembre 2015.
La nomination d’Armando Evangelista s’apparente donc à un véritable pari pour les Arouquenses. D’autant plus que dès son arrivée, ce dernier n’a pas caché ses hautes ambitions pour son nouveau club. Sans complexe, le technicien portugais a ainsi indiqué « vouloir retrouver la première division à l’issue de la saison ».
C’était présomptueux, mais Armando Evangelista n’a pas manqué sa prédiction. Au terme d’une saison marquée par une incroyable série de neuf victoires consécutives dans le sprint final, le FC Arouca a terminé en troisième position de la II Liga, puis remporté sans trembler sa double confrontation face à Rio Ave lors du barrage d’accession. Une petite année après son retour très contesté en seconde division, le club a donc retrouvé l’élite.
« Le meilleur Arouca de l’histoire »
Cette fois-ci, il n’est plus question de retourner dans les divisions inférieures. Si l’équipe – qui présente alors l’un des plus petits budgets du championnat – a lutté pour son maintien tout au long de la saison 2021-2022, elle n’a connu la zone rouge qu’à trois petites reprises au cours de l’exercice.
Une dernière victoire contre un Portimonense SC déjà maintenu à trois journées de la fin, ainsi qu’un match nul face à la B-SAD, quant à elle condamnée à descendre, ont alors permis à Arouca de terminer la saison à la 15e place du classement et de pouvoir ainsi se projeter sur une deuxième édition de rang dans l’élite. Un nouvel exercice qui va se révéler bien différent du précédent.
Après une première saison de transition, les Arouquenses semblaient prêts à passer à la vitesse supérieure. Sans moyens, mais avec de la suite dans les idées. Un an après l’arrivée de l’attaquant Oday Dabbagh en provenance de la première division du Koweït, le club a enregistré les arrivées de Morlaye Sylla, venu de Guinée, de l’Espagnol Rafa Mújica, évoluant jusque-là au sein de la seconde division de son pays natal, ou encore du gardien de but Ignacio de Arruabarrena que le club portugais est allé chercher en Uruguay. Une volonté d’ouvrir ses portes aux joueurs issus des quatre coins du monde, qui tend à devenir une réelle spécificité du FC Arouca, au sein d’un championnat majoritairement composé de joueurs lusophones.
Et si la saison n’a pas débuté de la meilleure des manières pour Armando Evangelista et les siens, avec notamment deux lourdes défaites en championnat face au Benfica (4-0) et à domicile contre Braga (0-6) lors des premières journées, les Arouquenses sont rapidement parvenus à sortir la tête de l’eau. Sans faire trop de bruit, le FC Arouca a enchaîné les bons résultats en championnat, tout en affichant un sublime parcours jusqu’en demi-finale de l’Allianz Cup, où il a été défait par le Sporting.
Portée notamment par les prouesses de sa recrue hivernale Rafa Mújica, qui a inscrit pas moins de 14 buts sur ses 25 premiers matchs cette saison, l’équipe portugaise surprend son monde, y compris ses adversaires. En février dernier, avant une rencontre qui opposait Arouca à Braga pour le compte de la 21e journée de championnat, l’entraîneur des Arsenalistas Artur Jorge en est même venu à définir son futur opposant comme « la meilleure version de l’histoire d’Arouca ».
Un espoir européen ?
Une déclaration forte, qui témoigne du changement de statut auquel le FC Arouca est en train de procéder au sein du championnat portugais. Désormais, il n’est plus question de considérer la formation jaune et bleue comme une équipe de bas de tableau. À l’heure actuelle, les Arouquenses semblent même être les mieux armés pour accrocher la prestigieuse cinquième place du championnat et ainsi talonner les « quatre gros » du pays.
Une cinquième place clairement envisageable, qui offrirait au FC Arouca l’occasion de retrouver une compétition européenne. En effet, s’il venait à maintenir cette position au classement, le club disputerait les tours préliminaires de la Ligue Europa Conference en début de saison prochaine. Et si cet objectif, qui semblait improbable il y a encore quelques mois, est désormais de plus en plus proche, l’entraîneur Armando Evangelista met un point d’honneur à maintenir un état d’esprit au sein de son groupe. « L’Europe ? Notre seul objectif, c’est de gagner le prochain match. Peu importe notre classement, la semaine de travail sera la même, avec la même exigence. Nous n’allons rien changer et continuer à faire tout ce qui nous a amenés jusqu’ici », s’est exprimé l’entraîneur de 49 ans avant la rencontre qui a récemment opposé son équipe à celle du Sporting.
C’est donc en pleine confiance, mais les pieds bien sur terre, que le modeste club d’Arouca a entamé sa course à l’Europe. Et si bon nombre de membres de l’effectif actuel étaient alors amenés à découvrir la scène européenne en cas de cinquième place, l’institution pourrait quant à elle se rattacher à une expérience pas si lointaine. Lors de la saison 2016-2017, le FC Arouca avait déjà connu une courte aventure européenne, avant d’être logiquement éliminé en barrage de la Ligue Europa face à l’Olympiakos. Une élimination qui avait alors marqué le début de la descente aux enfers du club portugais, rétrogradé en seconde division à l’issue de cette même saison, avant de connaître une nouvelle chute au troisième échelon national deux années plus tard.
Désormais de retour sur le devant de la scène, le FC Arouca est en train de se construire, à force de travail et d’ingéniosité, une nouvelle occasion d’écrire la plus belle page de son histoire.
Alexandre Ribeiro
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