Le nageur de 27 ans revient sur son début d’année 2023 quelques semaines avant les deux principaux événements cochés dans son calendrier : les Jeux des petits États à Malte (du 28 mai au 3 juin), puis les championnats du monde de Fukuoka au Japon (du 14 au 30 juillet).
Julien, comment s’est déroulé ton début de saison 2023 ?
En résumé, il y a eu une période d’entraînement qui n’a pas fonctionné à 100 % comme on l’avait prévu. On a fait deux stages, où les conditions n’étaient pas optimales en raison de la météo. Je suis tombé malade en janvier, ensuite il y a eu l’Euro Meet, puis on est partis en stage. Il faisait très froid, une pompe de l’eau de la piscine était cassée, du coup ils n’arrivaient pas à la chauffer. J’ai pu tout de même passer dix jours là-bas, sans faire de sprint, mais à nager une heure quotidiennement parce qu’il faisait très froid, à côté de ça j’allais courir et je faisais beaucoup de musculation. Je suis revenu au Luxembourg, je suis retombé malade… En mars, j’ai fait des compet’, mais comme je le dis souvent, s’il n’y a pas une période de trois mois où tu peux t’entraîner du lundi au vendredi sans être malade, sans coupure, sans trop de voyage, c’est compliqué. En ce moment, je sens que je suis bien, je reprends sur un bon rythme. En mai, j’ai une compétition prévue à Barcelone, c’est là où je dois vraiment commencer à aller vite, afin d’être en forme aux Jeux des petits États.
Représenter le Luxembourg aux JPEE, est-ce quelque chose d’important pour toi ?
Oui, bien sûr, pour moi c’est toujours une semaine un peu folle. En plus, on est tous ensemble avec les athlètes luxembourgeois et on forme une petite famille. J’ai fait mes premiers Jeux en 2011 ; j’avais seulement 15 ans, et à chaque fois c’était super. Seul bémol, pour le moment les temps ne sont pas qualificatifs pour les Jeux et les Championnats du monde. C’est un peu dommage, mais ce sont des choses qui arrivent. On viendra avec l’objectif de gagner le plus de médailles possible.
Sur quelles distances vas-tu t’aligner ?
Pour le moment, je suis qualifié sur le 50 m et le 100 m papillon, le 50 m nage libre, et les relais. Mais je ne sais pas encore si je nage le 100 papillon, il faut voir comment il est placé, en plus ce n’est pas une course qui m’intéresse. Je me suis dit que d’ici les Jeux, j’allais me concentrer sur les 50 m crawl et pap’.
Tu as obtenu 19 médailles d’or jusqu’ici aux JPEE, peux-tu espérer agrandir cette belle collection ?
En 2017, j’avais gagné l’or sur chaque course où j’étais aligné ! C’était une année où je faisais record sur record à chaque compet’. Cette année ce sera plus dur, et puis je ne m’alignerai pas sur 4 x 200 crawl, et le 100 crawl, c’est beaucoup plus dur avec Rémi (Fabiani) et Ralph (Daleiden) qui sont très forts.
Après la retraite de Raphaël Stacchiotti, qui va prendre le leadership de la natation luxembourgeoise ?
Il faut demander aux jeunes (rires). Mais personnellement, quand j’ai débuté, j’avais 15 ans, il y avait Raphaël, Laurent (Carnol), Fränz (Jean-Francois Schneiders)… Je m’accrochais à eux. J’ai l’impression qu’aujourd’hui, les jeunes, on ne peut plus leur dire grand-chose, c’est un peu différent. Je ne suis pas du genre à me battre si on ne me considère pas comme capitaine ou quelque chose du genre, je m’en fiche un petit peu.
Ces JPEE constituent-ils également une bonne préparation en vue des Championnats du monde au Japon en juillet ?
Ce sont les deux grandes compétitions de la saison pour moi. À Malte, je vais aussi me préparer à fond en vue des championnats, même si les temps ne compteront pas. Je pense que les conditions seront bonnes, et en plus les courses se déroulent sur quatre jours, du coup j’ai du temps entre les courses, ce qui n’est pas le cas sur les Championnats du Luxembourg par exemple, où elles s’enchaînent sur deux jours, ou sur les Mondiaux où l’on ne nage que le matin, et après tu as trois jours off puis tu nages à nouveau une course, c’est compliqué. Mais là, tout le monde a son épreuve chaque jour, tu restes concerné, il y a l’esprit de groupe, c’est quand même cool.
Entre ces deux temps forts de la saison, quels seront les rendez-vous de juin ?
On va à Rome fin juin, et il y a les Championnats du Luxembourg les 9 et 10 juin. Et avant d’aller à Malte, je vais à Barcelone.
Il y a quelqu’un de très important dans ton entourage, c’est ton entraîneur Arslane Dris, c’est presque devenu un membre de la famille, depuis tout ce temps ?
On se connaît depuis octobre 2015, il y a presque huit ans. Il a toujours été de mon côté, il m’a toujours soutenu. Je suis très content de travailler avec lui, on n’est pas satisfaits à 100 % des conditions que l’on a, comme il est aussi entraîneur à la fédération, il a des groupes à gérer, donc il ne peut pas par exemple partir avec moi pendant deux semaines, car qui entraînerait le groupe pendant ce temps-là ? C’est dommage, on bloque quelqu’un car les jeunes ont besoin d’un coach, ce qui est normal, mais il faudrait qu’il puisse être remplacé. Du coup, c’est un peu la guerre pour que je puisse partir, et souvent je ne peux pas. Je dois aller là où le groupe peut aller aussi, donc les conditions ne sont pas forcément à 100 %. Pour le sprint, j’ai besoin de faire des pauses, et dans ces moments-là j’ai besoin de chaleur, d’un peu de soleil pour ne pas refroidir. Quelqu’un qui va faire du 200 ou du 400 m, il va faire un 10 x 400, il va être chaud. C’est compliqué de satisfaire tout le monde. On est toujours dans le compromis, sauf que dans le haut niveau, cela ne marche pas comme ça. Pour être au top, il faut des années d’entraînement, mais dans de bonnes conditions ! On ne peut pas dire « voilà, il est bon, on va l’aider », c’est plutôt « on va l’aider pour qu’il soit bon ». Parce que le niveau mondial est toujours plus élevé. Si on reste assis pendant ce temps, les autres pays travaillent. La France, l’Allemagne, il y a toujours quelqu’un qui va être fort, et si on loupe le train…
En décembre dernier, ta mère t’accompagnait en Australie pour les Championnats du monde, est-ce important aussi de l’avoir à tes côtés ?
Sans ma mère, je ne pourrais pas faire du haut niveau. Elle me soutient moralement, financièrement aussi, mon père également. Heureusement, car pour payer mon appartement ici au Luxembourg, avec mon salaire, cela ne suffit pas. Il faut être honnête, et je le dis au comité olympique, à l’armée, au ministère, c’est bien ce que l’on me donne, mais ma mère me donne dix fois plus pour pouvoir vivre. Je la remercie chaque semaine car je peux me lever, aller nager, faire de la musculation, bien manger… Elle est à la retraite donc elle peut m’accompagner, elle est venue en Australie, c’est quand même important. On est restés cinq jours après la compétition pour visiter un peu, parce que sinon on va en Australie pendant trois semaines et on ne voit rien ! Ce n’était pas si facile avec la fédération pour avoir un avion cinq jours plus tard, mais on a réussi. J’étais hyper content de pouvoir faire un petit safari avec elle, c’était super. Et au moins, en revenant ici, tu as le sentiment d’avoir vu quelque chose. Sinon tu vas à l’hôtel, tu nages, tu repars. Parfois, on part à 4 h du matin faire une compet’, tu arrives là-bas tu es déglingué, tu as trois jours de compétition, et tu repars encore à 4 h, tu rentres ici le lundi tu ne sais même pas où tu es. Tout coûte beaucoup d’argent, et puis il ne faut pas perdre de temps non plus, et revenir à l’entraînement le mardi.
Vous allez faire pareil au Japon prochainement ?
Non, je ne pense pas que je vais rester. Ma mère nage aux Championnats du monde Masters, elle vient pour me voir, et après elle reste là-bas, au total elle y sera quatre semaines. Nous, on a huit jours de compétition, mais si je veux y séjourner avec elle il faut que je reste deux semaines de plus après ma compet’. Et puis j’ai envie de vacances, rester tout seul au Japon, c’est bien deux ou trois jours, mais pas plus. Ma saison est longue, alors j’ai envie de faire une coupure en août pour bien reprendre en septembre.
Ta mère est une grande sportive elle aussi ?
Oui, elle est impressionnante, elle nage peut-être plus que moi (rires). Elle est très en forme, elle aime bien aller dans la piscine, nager le 1 500 m. Elle fait de la musculation, elle va courir le dimanche, elle n’a pas un jour off. Elle faisait de l’athlétisme, elle a été détentrice du record national du 100 m, elle était à une demi-seconde des Jeux olympiques. Elle vit son rêve olympique à travers moi. On veut aller aux Jeux à deux !
La natation figure sans doute parmi les sports les plus exigeants, encore plus le sprint où une place se joue au centième de seconde. Comment gère-t-on cette pression du chrono ?
Pour un centième, je peux être privé de J.O. ! Le temps c’est 21’’96, pas 21’’97. Ils prennent 28 personnes par épreuve, et je pense qu’il va y avoir 28 athlètes qui vont nager ce temps-là. Je travaille beaucoup sur le fait d’être relâché afin d’aller le plus vite possible. Et c’est très dur ! Les gens s’imaginent que pour faire du sprint, il suffit de foncer, de mettre beaucoup de force, de mouliner… C’est ce que j’aime sur le sprint, et parfois on me dit « 50 crawl, c’est facile », je dis « alors, nage plus vite ! » Je fais moins de kilométrage que d’autres, mais c’est le côté technique que j’aime vraiment. Réussir à mettre de la force sous l’eau, avoir les bras relâchés, les doigts relâchés, prendre beaucoup d’eau… Avoir un enchaînement fluide, en étant serré ici puis desserré là, et ensuite inverser, le tout rapidement et dans une position parfaite, prendre un bon départ, une bonne coulée, une bonne sortie d’eau, tous ces petits détails me font vibrer. C’est ce qui me donne envie d’avancer, de travailler à l’entraînement. C’est pour ça que je dis que les conditions sont très importantes. On parle de centième de seconde, alors si une fois on a du vent, de la pluie, une fois l’eau est chaude, une fois elle est froide, c’est compliqué. C’est pour cela qu’il faut avoir un lieu de stage fixe, où l’on va trois fois par an, avec de bonnes conditions, où l’on connaît l’hôtel, la bouffe, la piscine… Ou l’on sait qu’à 8 h il va faire encore un peu froid, donc on va prendre le créneau de 9 h, et en attendant tu fais autre chose, tu t’adaptes. Nous on cherche tout le temps à changer de lieu de stage, mais moi je ne veux pas changer !
Quand tu as débuté la natation, quelqu’un t’a donné envie de te lancer à fond dans ce sport ?
J’ai commencé avec le triathlon, j’ai habité trois ans dans le sud de la France à Nice. On est partis en 2003, avec ma mère et mon frère, et on a commencé à faire du triathlon. Sur la Côte d’Azur, c’est cool de nager dans la mer, etc. J’étais le plus fort en natation, et du coup l’équipe nationale française est venue me voir. Mais on est revenus au Luxembourg en 2006, j’ai fait un triathlon ici à Grevenmacher, dans le lac, et là j’ai dit à ma mère « c’est fini » (rires), le triathlon c’est à la mer ou rien. On habitait à Dudelange, et j’allais donc à la piscine une fois par semaine. Quand j’étais petit, j’ai fait mes premiers Championnats du Luxembourg et j’ai rencontré Raphaël Stacchiotti. Quand j’avais 15 ans, on m’a proposé de venir une fois par semaine nager avec lui et l’équipe nationale. J’étais jeune, lui avait déjà fait les J.O., c’était une idole ici ! Techniquement, il était très fort. Et pour tout ce qui est coulée, si je suis si fort aujourd’hui, c’est notamment grâce à lui. On a travaillé cela très fort. Quand je vois comment les jeunes s’entraînent maintenant, ce n’est pas comme nous on l’a fait. Il y a des choses qui manquent, des choses techniques, aujourd’hui c’est beaucoup volume, volume, volume… Mais on s’amusait à l’époque, ce n’était pas des entraînements durs, c’était toujours fun, Raphaël me disait : « Allez, on fait des coulées de 15 mètres ! » Aujourd’hui si tu dis cela à un jeune, il va te dire « putain, c’est chiant ». Alors que nous il y avait de l’émulation. Mais au fur et à mesure que l’on grandit, au début à onze ans, c’était une fois par semaine, à quinze ans c’était neuf fois. Tout a été très vite. Je suis ensuite allé au Sportlycée. Quand j’étais à Dudelange, je me levais à 7 h 15, je mangeais ma tartine et je partais à l’école à 7 h 50, c’était du luxe ! Je pouvais rentrer entre midi aussi. Alors qu’au Sportlycée c’était réveil à 6 h, 6 h 20 le train, tu reprends le train à Bettembourg, après le bus pour aller à l’école, puis l’entraînement. Aujourd’hui, en regardant en arrière je ne regrette rien. Tout était comme il fallait.
Avec toutes ces années de compétition, t’es-tu lié d’amitié avec un nageur ?
Il y a quelqu’un avec qui j’ai beaucoup parlé ces derniers temps, c’est Ben Proud. Sa copine est au Luxembourg et il m’a écrit : « Je peux m’entraîner avec toi ? » (rires). J’ai dû demander l’autorisation à la fédé, on ne l’a pas eue tout de suite, mais il a pu venir avec moi, et c’était dix jours incroyables. On a beaucoup parlé, il m’a expliqué comment il s’entraînait et on a un peu la même vision des choses. On n’est pas dans le volume à fond. Selon lui le sprint, c’est un sentiment, dans l’eau tu dois être relâché, mais pour cela il faut être bien. Si tu es fatigué, tu es crispé, tu n’es pas bien… Tu vas faire ta séance parce que tu dois la faire. La plupart du temps il s’entraîne en Turquie et sa philosophie c’est de se lever le matin, de boire un café, et il va faire son programme de la journée. Et il me dit que parfois, il n’a rien envie de faire alors il ne fait rien.
Tu penses qu’il doit y avoir un changement de philosophie ici aussi au Luxembourg ?
Pour procéder de la sorte, il faut déjà y arriver mentalement, mais il faut aussi que les gens de ton entourage et la fédération l’acceptent. Il faut être dans ce schéma. Car ils payent le stage, les lignes d’eau, etc. Ici c’est plus, « on a pris les lignes d’eau, on nage deux heures », au lieu de dire « voilà on a deux heures, on va vraiment faire une heure de technique, et travailler ceci ou cela ». Après, on peut dire « mais lui est champion du monde ». Pourquoi l’est-il justement devenu ? On peut retourner la question dans tous les sens. C’est sûr que ça lui donne un peu de pouvoir au niveau de sa fédération, mais dans le haut niveau, je pense qu’il faut faire confiance à l’athlète, je ne suis pas là pour me branler. Je viens à l’entraînement pour travailler, j’ai des jours très durs. Je ne viens pas nager juste pour nager. On travaille sur des détails infimes, et c’est mentalement parfois très fatigant. On y va étape par étape. Je compare souvent cela à la batterie, j’ai commencé à apprendre il y a deux ans. Les mouvements que l’on fait avec les baguettes, au début on les fait doucement, et on ne passe pas du doucement au très rapide comme cela. Et c’est ainsi que je vois le sprint aussi. Il faut décortiquer tous les mouvements. Tout le corps travaille, il faut savoir comment on place sa tête, est-ce que tu as la bonne respiration… On a vraiment l’impression d’être en 3D (rires). Chaque fois qu’on intègre quelque chose de nouveau, il faut tout reprendre à zéro. Et je pense que les champions du monde arrivent à battre les records parce qu’ils ont une base tellement forte qu’ils peuvent reconstruire leur sprint pour chaque fois s’améliorer. Par exemple, il y a Florent Manaudou, qui a dit il n’y a pas si longtemps qu’il avait tout gagné de 2012 à 2016, mais sans savoir comment il faisait ! Aujourd’hui, il nage toujours vite, mais pas autant qu’avant. Si tu veux battre les records encore et encore, il faut reprendre les bases. Tous les jours. C’est un travail énorme et qui prend du temps. Même avec les plus grands moyens possibles pour progresser, on ne devient pas champion du monde en un an. Il faut un projet, sur quatre ou cinq ans, avec tels moyens, tel entraîneur… Il faut donner leur chance aux gens.
Donner carte blanche aux athlètes, par exemple ?
Oui, je pense qu’on pourrait faire un énorme pas en avant ! Je l’ai dit plusieurs fois, un Charel Grethen qui fait une finale olympique, le Luxembourg devrait lui donner ce qu’il veut. Pendant quatre ans, on doit le laisser travailler comme bon lui semble. Et quatre ans après on aura peut-être une médaille, un top 10… En plus, de l’argent, il y en a. On a fait un stade à 80 millions, je ne dis pas qu’il ne faut pas le faire. Mais je dis qu’il faut progresser partout, mettre le curseur tout en haut pour un sport, et les autres beaucoup plus bas.
Selon toi, qui est le meilleur nageur du monde actuellement ?
C’est difficile à dire, mais Ben Proud par exemple. En 2022, il a quasiment tout gagné. Que ce soit aux Championnats du monde grand bassin, en petit bassin, aux Championnats d’Europe, aux Jeux du Commonwealth… C’est très rare, surtout sur le sprint, on peut toujours louper quelque chose. Lui a fait un nombre de courses importantes à un très haut niveau ! Et j’aime son attitude, car il n’est pas tout le temps en photo avec ses médailles par exemple. Mais un nageur comme lui sait s’écouter, il est honnête avec lui-même, et c’est compliqué de trouver des athlètes comme cela de nos jours. Quand j’ai parlé avec lui, on sent son côté humain. Et pourtant c’est une machine au développé-couché ! Il a des pecs, des bras impressionnants, c’est un mec qui travaille. C’est tellement technique que même dans le milieu de la natation certains ont du mal à comprendre. Être dur à l’entraînement tous les jours cela ne sert à rien, il faut être souple, sinon on va se blesser, on aura plus envie et on va arrêter. Je pense qu’on perd beaucoup d’athlètes dans le monde comme cela, la pression est trop haute.
As-tu des superstitions avant une course ?
C’est rigolo parce qu’avant je me coupais toujours les ongles avant la compétition, je n’avais pas le vernis encore. Je me rasais la barbe aussi et c’était un peu une façon de me mettre en mode « je suis prêt ». Je ne le fais plus et je nage toujours vite donc ça va (rires). Après je mets toujours le pied gauche en premier sur le plot, après le droit. C’est une habitude que j’essaye de perdre à l’entraînement. Ce que j’aime bien faire sur les grandes compétitions, c’est aller voir le plot là où je nage. J’aime bien prendre le temps de regarder le couloir où je vais nager, de me projeter. Parce qu’en fait ensuite tout va très vite. On est dans le couloir, les portes s’ouvrent, tu enlèves tes affaires, tu vas sur le plot, tu plonges, 50 m, 22 secondes et boum, c’est terminé !
On parle beaucoup de la « spectacularisation » du sport, on voit cela un peu partout et la natation ne fait pas exception, as-tu observé des changements à ce niveau depuis quelques années ?
Il y a eu l’ISL (International Swimming League), c’était un peu un format type match de foot. Je n’ai pas participé, cela n’a pas vraiment abouti, et ça n’a pas continué, car cela coûtait beaucoup d’argent. Et honnêtement, je suis nageur, mais je ne vais pas regarder une heure de natation à la télé. Si je l’allume, c’est pour regarder de la Formule 1 ou le MotoGP, c’est différent et c’est normal. On ne peut pas rendre tous les sports intéressants, que cela soit du badminton, du tennis, etc. On regarde ce qui nous intéresse, je pense que certains sont prêts à tout pour faire de l’argent, mais qu’il est préférable de revenir aux vraies bases. Si tu n’aimes pas la natation, tu ne regardes pas la natation, point barre.
J’ai une dernière question, tu vas pouvoir confirmer. Être nageur de haut niveau, cela fait-il oui ou non craquer les filles ?
Je ne sais pas quoi te dire (rires). Peut-être, mais je ne le ressens pas. Je ne vais pas dire que je n’ai pas de succès, mais on ne m’envahit pas en tout cas. En plus, j’étais en couple pendant 4 ans jusqu’à il y a un an. Mais c’est un peu bizarre parce que je suis à un âge où avec les filles plus jeunes c’est un peu compliqué, et avec celles plus âgées aussi parce qu’elles veulent avoir des enfants. Je ne suis pas encore prêt à être papa, je vais encore nager quelques années. Je dors, je mange et je vais nager, c’est ma philosophie de vie ! Ce n’est pas la vie normale, et je le ressens quand je vois des filles qui travaillent. Moi le soir, je vais dormir tôt, les week-ends, je ne sors pas, je suis souvent parti. Je ne peux pas aller en week-end, en voyage. Le samedi matin j’ai entraînement et l’après-midi je me repose. Je pense que j’ai besoin de quelqu’un qui suive mon projet, mais c’est compliqué.
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