Kilian Amehi : « Quelque chose s’est cassé entre Hostert et moi »

Relégué avec son club d’Hostert, Kilian Amehi a vu une belle opportunité de rester en BGL Ligue au sein du Progrès Niederkorn tomber à l’eau, des suites de négociations infructueuses. L’attaquant revient sur ce transfert non abouti, avec peine et amertume.

Dans quel état physique es-tu après ta blessure en fin de saison ?

Physiquement, ça va. Quand j’étais blessé, je faisais tout de même un peu de course à l’entraînement ainsi que du renforcement musculaire, ce qui fait que je ne suis pas resté trop inactif. Depuis les vacances, je continue le renforcement et cela va beaucoup mieux.

On imagine qu’assister des tribunes à la relégation n’est jamais agréable…

Absolument. C’était très dur. On avant encore la possibilité de se sauver, et voir les gars perdre contre le Fola 1-0 était très frustrant. J’avais demandé au coach de jouer quand bien même j’étais un peu diminué, mais il m’a dit de ne pas prendre de risque. Mais c’est sûr que c’est difficile d’être impuissant face à la descente de mon équipe, cela m’a pesé. 

Passée cette relégation actée, as-tu discuté avec les dirigeants sur la suite pour toi ?

J’en avais déjà discuté avec certains coéquipiers, et on se posait en effet la question de qui allait faire quoi. Quand j’ai signé à Hostert, j’avais pour objectif de maintenir le club en BGL Ligue et ne pas avoir réussi, cela fait mal. Après, quand j’ai discuté avec mon agent, j’ai appris qu’il y avait des pistes à l’étranger ainsi qu’au Luxembourg et je me suis ouvert à l’idée de partir. Et quand Niederkorn a tapé à la porte, le fait de jouer l’Europe, les premières places, quelque chose que je n’ai jamais fait ici, c’était forcément extrêmement attractif. Je voulais clairement rejoindre de ce projet…

Et peux-tu revenir avec nous sur ce qu’il s’est passé précisément pour que ce transfert ne se fasse pas ?

J’ai eu un entretien avec le président et le directeur technique de Niederkorn. Ils avaient aimé ma performance et mon profil lors de la rencontre entre le Progrès et Hostert. Ils étaient ravis à l’idée de me voir rejoindre le projet. J’ai alors manifesté à mon président l’intention que j’avais de partir là-bas. Il m’a répondu qu’il y avait une clause de départ, et que pour partir, il fallait que Niederkorn la paye dans son intégralité. Celle-ci étant très élevée, c’était compliqué pour eux de mettre la totalité. Le club a fait quatre offres à Hostert. Les trois premières ont été refusées. Logiquement, Thomas Gilgemann et son équipe, après avoir refusé trois refus secs sans contre proposition, ont dû se lasser et explorer d’autres profils similaires. Ils ont tout de même envoyé une quatrième offre, mais celle-ci a été acceptée trop tardivement… Toute ces discussions ont duré plus d’un mois, et pour qu’elles s’achèvent comme cela…

Est-ce que tu as de la rancoeur ou amertume envers tes dirigeants ?

Je ne suis pas là pour mentir : je suis très peiné. C’est une situation dans laquelle aucun footballeur ne veut se retrouver. Quand tu sais qu’un club attrayant, avec un énorme potentiel, des énormes infrastructures, et un énorme groupe est prêt à t’accueillir, forcément, cela fait rêver car tu sais que tu vas encore passer un cap sur le plan sportif. Pour l’évolution de ma carrière, c’était une option géniale. Depuis que je suis au Luxembourg, je n’ai joué que le maintien. Aussi, il faut savoir que j’ai été présélectionné avec mon équipe nationale du Togo. Représenter la sélection, ce serait un vrai rêve, et c’est sûr qu’il y plus de chances de le faire au sein du club qui joue le haut de tableau en BGL Ligue. Donc oui, j’ai beaucoup de peine par rapport au fait que mon président n’ait pas voulu négocier convenablement avec Niederkorn. C’est très dur.

Tu arrives à comprendre le point de vue de ton président ?

J’ai vraiment essayé, et en certains points, je le comprends totalement. Dans mon contrat, il y a une clause, là-dessus, aucun souci. Mais ce qui me donne une vraie frustration, c’est que j’ai vécu une situation très similaire l’an passé pour passer de Rodange à Hostert. Quand je suis arrivé, j’ai parlé au président, qui m’a bien dit qu’il éviterait que je vive une pareille mésaventure l’an prochain. Il était très cordial, a parlé de la possibilité de s’arranger, et a confirmé qu’il n’était pas là pour bloquer les joueurs. Dans ma tête, je me suis basé sur cette parole d’homme, et le fait que lors de ces négociations avec Niederkorn, le discours était si ferme et différent… J’ai vu les messages qu’il a envoyé à mon agent, il n’y avait pas de place pour la discussions. Il n’y a pas eu de geste, pas de contre-propositions qui auraient pu satisfaire tout le monde. Encore une fois, il a payé de l’argent pour me faire venir de Rodange, et je l’en remercie. Mais j’aurais bien aimé que le discours de début de saison soit conforme aux actions de ces dernières semaines… En tant que footballeur, cela te donne vraiment le sentiment que tu n’es rien d’autre qu’une marchandise. L’humain n’est plus trop là, et sincèrement, c’est très désagréable. 

Est-ce qu’avec ce sentiment, l’idée de continuer à Hostert est compliquée ?

Déjà avant toute cette histoire et en toute sincérité, mon désir était de rejoindre un autre projet. J’ai 25 ans, j’ai des objectifs de jouer en sélection nationale, et je ne pense pas qu’en Promotion d’Honneur, cela puisse arriver. J’avais donc expliqué à mon coach et mon président que par rapport à mon plan de vie sportif, il fallait passer un palier. Donc oui, je suis encore sous contrat avec Hostert, mais si je suis honnête, quelque chose s’est cassé entre eux et moi. Je comprends parfaitement que pour le club, il est toujours difficile de voir un de ses éléments partir. Mais quand tu sais que ton joueur a la possibilité de pouvoir encore plus évoluer, le « bloquer », j’ai un peu de rancoeur vis-à-vis de cela, oui. 

As-tu déjà d’autres pistes pour un départ, que cela soit au Luxembourg ou à l’étranger ?

J’ai des contacts en Allemagne, en Suisse, au Portugal… Mon agent avait déjà eu des offres concrètes mais quand j’ai appris l’intérêt de Niederkorn, je lui ai demandé de se concentrer là-dessus, car l’opportunité de jouer la Conference League était précieuse. Depuis que le transfert est avorté, mon agent est reparti au boulot, et je vais voir les offres qu’il me proposera, et on verra si je reste au Luxembourg, ou si je pars ailleurs…