Ce dimanche avait lieu l’épilogue du Championnat de Luxembourg en cyclisme sur route. Les catégories juniors et élites, dames et hommes se disputaient la prestigieuse tunique tricolore le long d’une boucle de 15 kilomètres qui comportait 3 difficultés majeures. La chaleur suffocante allait également jouer les trouble-fêtes.
Oliver Korva, vainqueur surprise
Dans la course des juniors hommes, on a eu droit à une véritable Masterclass du Team UC Dippach. Avec un effectif de 6 coureurs dans une course qui ne voyait que 10 concurrents prendre le départ, Dippach avait une belle supériorité numérique qui lui permettait de placer des hommes à tous les échelons de la course. Ainsi Valerio Mascolo accompagnait Jonathan Kalweit (CT Atertdaul) dans la première échappée. Derrière, personne ne voulait prendre la poursuite à son compte et le peloton évoluait à allure réduite. Oliver Korva (UC Dippach) en profitait pour anticiper la bagarre. En fin de premier tour, il revenait sur Mascolo, décramponné par Kalweit. « Quand je suis revenu sur Valerio (n.d.l.r. Mascolo), je lui ai demandé de tout donner dans la descente. Il m’a parfaitement emmené au pied de la première bosse du parcours et là je suis revenu sur Jonathan Kalweit », réagissait Oliver Korva. La collaboration Korva-Kalweit a duré exactement un tour. « Il ne voulait pas vraiment collaborer avec moi. J’ai donc accéléré dans une côte et il n’a pas su suivre », confirmait-il. Korva se retrouvait tout seul avec encore deux tiers de la course à parcourir. Ce n’est pas l’idéal, mais dans le peloton, la présence en nombre de coureurs de Dippach rendait l’entente très difficile et Korva augmentait son avance tour après tour. Il franchissait la ligne en poussant un « Oh put… que c’est beau ! » avec pas loin de 6 minutes d’avance sur son dauphin Noa Berton (CT Atertdaul) et le troisième, Fynn Ury (CT Atertdaul). « C’était une grande surprise pour moi. J’étais là pour aider mon capitaine Mats Berns (n.d.l.r. qui n’a pas terminé). Mais les choses se sont finalement passées autrement. (…) Dans ma tête, je me disais ‘pousse ! pousse ! pousse !’ On m’annonçait les écarts, mais je n’écoutais pas. J’ai tout fait pour ne pas exploser et dans le dernier tour, j’ai vraiment profité. »
Le travail d’équipe parfait de la SD Worx
Pas d’échappée dans la course féminine, mais tour après tour, certains éléments ne pouvaient plus suivre l’allure du peloton. La première attaque était à mettre à l’initiative de Marie Schreiber (SD Worx) dans le troisième tour. Christine Majerus (SD Worx) se calait alors dans la roue de Nina Berton (Ceratizit WNT), obligeant sa rivale à faire l’effort pour combler l’écart. Ce scénario s’est produit à plusieurs reprises. « C’était la première fois que j’avais une coéquipière au départ d’un Championnat de Luxembourg », nous confiait Christine Majerus, « avec le dernier mois que j’ai vécu (n.d.l.r. elle a été forcée au repos en raison d’une mononucléose), je ne pouvais pas me permettre de courir de manière offensive. Je devais plutôt me contenter d’attendre le sprint et dans cette optique, Marie a couru à la perfection. » Au fur et à mesure des accélérations de Marie Schreiber, la taille de peloton se réduisait. À l’entame du dernier tour, le groupe de tête était constitué de 4 femmes, Christine Majerus, Marie Schreiber, Nina Berton et … Gwen Nothum (CT Atertdaul), l’invitée surprise. « Quand je me suis retournée et que j’ai vu que nous n’étions plus que 4, je me suis dit ‘Wow ! Je suis en train de faire une performance’ », souriait celle qui s’assurait ainsi le titre junior devant Anouk Schmitz (CT Atertdaul), « le dernier tour a été plus rapide que les autres et j’ai finalement dû lâcher prise. Mais je retiens que c’est de très bon augure pour les championnats du monde de triathlon qui auront lieu dans deux semaines. » Le scénario voulu par Christine Majerus se produisait. Les trois femmes se jouaient la victoire au sprint et à ce jeu, Majerus se montrait la plus véloce et s’imposait devant Nina Berton et Marie Schreiber. « Seule contre deux, c’était difficile. La force dont j’avais besoin pour déborder Christine dans les derniers mètres, je l’ai perdue à boucher les trous lors des attaques de Marie. Je suis déçue, mais j’ai fait tout ce que je pouvais. J’ai encore quelques années devant moi pour aller chercher ce titre. », commentait Nina Berton, qui ne pouvait pas se consoler avec le titre espoir, puisque celui-ci n’était pas décerné lors de cette course, mais le sera la semaine prochaine lors du Drei-Länder-Meisterschaft. On espère que Christine Majerus portera le beau maillot tricolore sur les routes du Tour de France. « Normalement, je devrais y participer, mais avec le mois que je viens de vivre, le manque de courses et d’entraînements, je dois d’abord montrer à l’équipe que je mérite cette place », commentait celle qui était couronnée Championne de Luxembourg de course en ligne pour la 14e fois de sa carrière chez les élites. Dans le classement des dames sans contrat professionnel, c’est Isabelle Klein (CT Toproad Roeserbann) qui s’est adjugée le titre devant Malou Bollig (CT Atertdaul).
Alex Kirsch s’offre le doublé
Quelle semaine pour Alex Kirsch ! Le coureur de la Trek-Segafredo s’est offert une deuxième victoire en carrière quatre jours après sa première. Pourtant, ce fut loin d’être facile. Avec un peloton de 56 éléments, la course connaissait un scénario classique. Dès le premier tour, une échappée de 4 coureurs se crée. Elle est composée de Mik Esser (CT Atertdaul), Juan Van Lelyveld (UC Dippach), Noé Ury (CT Atertdaul) et Pol Breser (Matériel-velo.com). L’échappée prend trois minutes d’avance, mais sous l’impulsion de Kevin Geniets (Groupama-FDJ) dans les parties ascendantes, l’écart repassait sous les deux minutes.
À la fin du troisième des neuf tours de circuit, tout à coup, le peloton ralentissait. L’écart doublait et des groupes de contre se formaient. Le vainqueur de l’an dernier, Colin Heiderscheid (Leopard TOGT Pro Cycling) tentait avec Alexandre Kess (Matériel-Velo.com) et Lenny Kleman (US Dippach) de faire la jonction sur le groupe de tête. Un autre groupe de contre suivait avec Rik Karier (Velo Wooltz) et Philippe Schmit (Team Snooze-VSD).
Les favoris ne voulaient pas se faire avoir comme l’année dernière et réagissent sous l’impulsion de Kevin Geniets, Michel Ries (Team Arkéa Samsic) et d’Alex Kirsch (Team Trek-Segafredo). « On a accéléré 2 ou 3 fois pour créer une sélection, mais les coureurs amateurs sont plus forts d’année en année – je leur tire mon chapeau – et finalement, on a décidé de rouler ensemble pour gérer l’échappée. Puis, il y a eu une nouvelle attaque, je ne sais plus de qui (n.d.l.r. Il pourrait s’agir de Kevin Geniets qui a accéléré au pied de la 1e bosse dans le 4e tour). À ce moment, je n’étais pas bien du tout. Au sommet, les premiers du groupe se sont regardés. Je suis revenu et comme j’avais un peu plus de vitesse qu’eux, j’ai tout de suite pris deux ou trois mètres d’avance. J’ai été rejoint par quelques coureurs, mais certains manquaient, comme Bob Jungels ou Kevin Geniets. On avait vraiment l’occasion de frapper un grand coup. J’ai tout fait pour qu’on s’organise bien. J’ai dit aux autres que c’était notre chance de faire un gros résultat. »
Le groupe Krisch-Ries réussissait la jonction en tête de course, alors que Bob Jungels se retrouvait en compagnie des frères Wirtgen à une minute. Kevin Geniets est quant à lui contraint à l’abandon, sans doute victime d’un coup de chaud.
Le groupe Jungels grappillait quelques secondes, mais ne parvenait pas à revenir sur le groupe de tête, dans lequel on ne voyait plus aucune attaque. Tout le monde passait normalement son relai ce qui permettait de ne pas céder de temps aux poursuivants. À deux tours de l’arrivée, les hostilités débutèrent. « On a essayé de réduire le groupe en lâchant ceux qui sont rapides au sprint. Juste avant le début du dernier tour, je voulais encore davantage réduire le groupe, mais au moment où je me suis retourné, il n’y avait personne dans ma roue. C’était difficile, mais je savais que je devais tout donner, parce que s’ils revenaient sur moi, cela aurait été très compliqué. Mais ils ne sont pas revenus et j’ai pu profiter lors des derniers kilomètres », détaillait le coureur de Trek-Segafredo.
Alex Kirsch s’impose finalement en solitaire avec 30 secondes d’avance sur Michel Ries. Mats Wenzel (Leopard TOGT Pro Cycling) complétait le podium. Ensuite, vinrent les coureurs sans contrat professionnel. Tim Diederich (Team Snooze-VSD) se classait 4e et remportait cette catégorie devant Ken Conter (Team Snooze-VSD) et Noé Ury (CT Atertdaul). Luc Wirtgen et Bob Jungels terminaient finalement 8e et 9e.
Alex Kirsch signait ainsi la deuxième victoire pro de sa carrière, après le contre-la-montre de mercredi. Il remporte les deux maillots nationaux et il est pressenti pour les porter sur le Tour de France qui commence samedi. On n’attend plus que la confirmation de la part de son équipe.
Andy Foyen
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