Né à la fin du XIXe siècle au Royaume-Uni et premier sport collectif à devenir discipline olympique en 1900, le water-polo souffre aujourd’hui encore d’une notoriété assez faible parmi les amoureux du sport, notamment au Grand-Duché, où le peu de clubs existants doivent batailler pour former des équipes et où l’absence d’équipe nationale et où l’absence d’équipe nationale se fait sentir.
C’est une discipline mineure qui détonne parmi les sports aquatiques. Le water-polo, sport collectif opposant deux équipes de sept joueurs, est né dans les années 1860 au Royaume-Uni et a connu son premier Championnat du monde en 1913… uniquement pour les hommes, puis en 1986 pour les femmes. Également sport olympique masculin dès 1900, il est devenu féminin en 2000 seulement, lors des Jeux olympiques de Sydney. Extrêmement populaire en Hongrie, c’est grâce à ce pays que le water-polo évolue dans ses aspects tactiques et techniques, notamment grâce à un certain Béla Komjádi, considéré comme le père du water-polo en Hongrie.
Si le pays des Magyars continue aujourd’hui d’avoir une certaine réputation, le Luxembourg n’a que très peu d’antécédents dans la discipline. L’équipe nationale a connu, dans son histoire, une seule participation aux Jeux olympiques. C’était en 1928, aux J.O. d’Amsterdam et le Luxembourg – battu par Malte sur le score de 3-1 – avait terminé à la onzième place devant la Suisse, l’Argentine et l’Irlande dans une édition remportée par nos voisins allemands, vainqueurs en finale face… à la Hongrie, sélection la plus titrée aux Jeux olympiques avec 9 médailles d’or dans son histoire.
Monaco en ligne de mire
Depuis, difficile d’en savoir plus sur la sélection luxembourgeoise, si ce n’est qu’elle n’existe plus depuis une paire d’années. Mais son retour pourrait se faire très bientôt, à en croire les dires du président de la Fédération luxembourgeoise de natation. « En 2027, les Jeux des petits États européens auront lieu à Monaco. Il y a quelques semaines, la possibilité de voir le water-polo faire partie de ces jeux a été mise sur la table. On s’est donc questionnés sur le fait de pouvoir y inscrire une équipe, et ce sera effectivement notre objectif », a confié Marco Stacchiotti. D’autant plus qu’en 2029, l’événement bisannuel aura lieu… au Luxembourg. « Si on a la possibilité d’avoir une équipe à Monaco, on ira jusqu’au Luxembourg, en 2029. » Pour en arriver là, il faudra cependant cravacher pour créer une sélection. « C’est un challenge. Si on ne le relève pas, on ne saura jamais si on en est capables. Un gamin qui a 15 ans aujourd’hui en aura 19 dans quatre ans et sera apte à jouer en senior. On va donc démarrer un projet dès septembre pour pouvoir commencer à monter une équipe dès l’année 2024. » Pour monter une équipe nationale, « on a besoin de trente joueurs. Une équipe est composée de 13 joueurs, mais entre les blessures et les impondérables, on doit avoir un noyau plus solide », poursuit Marco Stacchiotti. Mais il y aurait déjà de potentiels éléments disponibles. « Il y a certains joueurs qui jouent à l’étranger. Par exemple, le gardien de Rennes est Luxembourgeois. Si des personnes comme ça pouvaient défendre nos couleurs, ce serait superbe. On pourrait avoir du potentiel, il y a quelque chose à faire. » Une sélection qui requerra aussi un sélectionneur. « C’est autre chose que la natation, c’est un sport collectif, donc il faut un entraîneur, un staff, il faut que le ministère soit derrière nous. Je souhaite vraiment que ce projet aille au bout. »
Viser les jeunes…
La création d’une équipe nationale répond à un projet bien plus global entrepris par la Fédération luxembourgeoise de natation : celui de faire revivre le water-polo au Grand-Duché, une discipline somme toute peu populaire et qui souffre. « Pour être franc, la situation du water-polo n’est pas bonne et pas là où l’on voudrait qu’elle soit à l’heure actuelle. Le covid a eu un impact très négatif », constate Claude Waltzing, membre du conseil d’administration de la FLNS et directeur technique des clubs de Dudelange, Differdange et Mondercange. Un sentiment que partage Marco Stacchiotti. « Avant, on avait un petit championnat dans la grande région, la Coupe de Luxembourg… Depuis la pandémie, tout est tombé à zéro. Diekirch n’a pas réussi à se relever de cela, le Swimming a résisté et le STM redémarre seulement dans le Sud. » Une hérésie, mais pas une fatalité. Car les projets sont là, et « le peu d’acteurs » présents pour soutenir le water-polo « tire dans la même direction » pour faire renaître une discipline bien à part dans le microcosme des sports aquatiques. « À la rentrée, on va développer un concept où l’on va viser les jeunes. Pour l’instant, c’est quelque chose que l’on n’a jamais réussi à créer comme avec la natation artistique. On n’a pas encore eu d’approche structurée dès le plus jeune âge. On va changer ça pour la saison à venir, c’est indispensable de commencer tout en bas de l’échelle », explique Claude Waltzing. « Pour les U13, on va organiser un championnat national dans lequel on inclura tous les clubs, même ceux qui n’ont pas de section water-polo. On espère créer de l’émulation, car le jeu de ballon est toujours intéressant pour les jeunes. » Le championnat, qui sera créé sous l’égide de la Fédération, regroupera au moins cinq clubs luxembourgeois d’ores et déjà partants, et pourrait en attirer près de huit au total. « Le maître mot, c’est de donner du plaisir aux enfants. »
Pour les U15, qui regroupent plus de joueurs, « il nous manque du monde pour organiser un championnat, donc l’objectif va être de s’inscrire dans la ligue du Grand Est en France », explique Stacchiotti. « On a un partenariat avec le club du Val de Fensch, qui pourrait ne pas avoir une équipe complète à la rentrée. L’idée serait donc de prendre des jeunes à Dudelange et Luxembourg-Ville pour créer avec eux une équipe qui tienne la route », poursuit Waltzing. Un projet qui aurait dû voir le jour dès la saison dernière, mais qui était tombé à l’eau pour des raisons administratives. « On n’a pas su trouver d’alternative à temps, donc on n’a pas eu de championnat. Et sans compétition, c’est difficile de garder les jeunes. On avait fait une promesse et ça ne s’est finalement pas fait, donc on a quelques joueurs qui nous ont dit qu’ils ne voyaient pas l’intérêt de s’entraîner sans compétition, ce qui est normal », regrette Luc Muller, responsable du Swim Team Minett (STM). De plus, l’objectif sera « d’organiser des tournois avec des clubs français, belges et allemands » selon Claude Waltzing, à l’instar des tournois internationaux qui avaient lieu à Dudelange, il y a un certain temps.
… pour faire revivre le water-polo senior
Toute la difficulté tient alors à faire adhérer les jeunes au water-polo. Si tout va être entrepris pour faire découvrir la discipline aux enfants, d’autres options sont étudiées pour accroître le nombre de licenciés. « On a des nageurs qui, à un certain âge, peuvent être frustrés et que l’on perd du jour au lendemain. Si on leur donnait une balle, ils auraient peut-être des compétences que d’autres n’ont pas. Si on peut les changer de direction et les faire venir au water-polo, on aura réussi notre pari. Il peut aussi y avoir des handballeurs qui ont été victimes de blessures, qui peuvent se mettre au water-polo. » Même son de cloche du côté de Luc Muller et du club de Dudelange. « C’est difficile d’attirer des gens, car il y a peu d’adeptes. Chaque année, on compte quelques personnes qui s’y intéressent. Ce sont par exemple des sportifs qui s’étaient blessés dans un autre sport et dont le médecin préconisait de reprendre un sport aquatique, mais qui veulent faire autre chose que seulement nager. On doit donc principalement se concentrer sur les jeunes étant déjà dans nos clubs qui, arrivés à l’âge de 15 ans, peuvent constater que ce sera difficile d’atteindre le haut niveau. Ceux-là, pour ne pas les perdre, on va essayer de les ramener vers le water-polo. Ce n’est pas un sport très populaire, c’est physique, difficile, et il faut une base de natation obligatoire, ce qui peut être un problème pour certains. » Aujourd’hui, si la priorité n’est pas de recréer immédiatement une équipe senior, le potentiel se présentera certainement dans le futur. À Dudelange, « beaucoup de joueurs vont approcher des 16-18 ans, et je sais que certains seniors qui ont joué à l’époque où il y avait encore une équipe seraient éventuellement intéressés pour revenir. On n’exclut donc pas cette possibilité, mais ce n’est pas l’objectif principal. Ça se développera par soi-même si les jeunes continuent de pratiquer. C’est ce qui s’est passé à Dudelange dans les années 2000. On a commencé avec des jeunes qui ont grandi, continué de jouer et sont devenus le noyau de l’équipe senior. Mais pour cela, il faut une base de jeunes dans les écoles de natation et aujourd’hui, je vois beaucoup de potentiel. » Quoi qu’il en soit, le water-polo luxembourgeois semble décidé à sortir peu à peu de son agonie. S’il faudra encore des années pour le voir revivre, la discipline semble désormais sur la pente ascendante. Et l’espoir de retrouver une sélection nationale senior un jour bel et bien présent.
Dudelange, du paradis à l’oubli… au renouveau ?
Responsable de la section water-polo du STM (Swim Team Minett), groupement de quatre clubs du sud du Luxembourg, Luc Muller raconte comment le Cercle de natation Dudelange a dû s’adapter pour revivre, après une période faste dans les années 2000. « Dudelange a eu une grande histoire dans le water-polo dès sa création en 1945. On a eu une section water-polo jusqu’au début des années 1990 avant de créer une entente avec le Swimming. Vers l’année 2002, les joueurs du Swimming sont revenus à Dudelange et là, on a lancé notre section minimes. C’est la première fois qu’une équipe de jeunes se créait au Luxembourg et c’est aussi à ce moment-là que j’ai commencé le water-polo.
L’équipe de jeunes est devenue compétitive et beaucoup ont intégré l’équipe senior par la suite. À partir de 2005, on a remporté le championnat sept fois d’affilée et la coupe six fois. C’était le top du water-polo au Luxembourg. Malheureusement, la piscine a dû fermer à Dudelange en 2010, donc on a commencé à s’entraîner à Pétange et Rodange. C’était difficile de pouvoir faire déplacer tous les joueurs. On s’est maintenus jusqu’à la fin de l’année 2013 et début 2014, on a dû abandonner l’activité. La section natation aussi a eu des problèmes, mais elle a réussi à survivre. En 2015, la piscine a rouvert et on a redémarré toutes les activités, sauf le water-polo. C’était difficile d’entamer quelque chose de nouveau, alors on a créé un partenariat du sud avec le Schwammclub Deifferdeng, le Schwammclub Monnerech et le Barracuda Esch Natation pour former le STM. Ensemble, on a plus de moyens, donc on a véritablement recommencé lors de la saison 2016/2017 avec seulement des équipes de jeunes et dans un championnat interrégional via une entente avec le club de Trêves. »
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