Le feuilleton avait animé la fin de saison dudelangeoise pendant plusieurs semaines et laissait
perplexe quant à l’avenir d’un F91 en bout de course. Début juin, Carlos Fangueiro et son staff
quittaient le club qu’ils avaient façonné trois saisons durant pour rejoindre son nouvel ennemi, le
Swift Hesperange, emportant par ailleurs plusieurs joueurs cadres comme Dejvid Sinani, Charles
Morren et Aldin Skenderovic. Seulement, le mal était plus profond et l’exode s’est accentuée avec
d’autres joueurs clés. Le capitaine Mehdi Kirch, Vova ou encore João Magno ont ainsi dit adieu au
stade Jos Nosbaum et se sont dirigés vers d’autres challenges, au Luxembourg pour les deux
premiers ou en première division brésilienne pour le dernier. Autant de joueurs de qualité, mais
aussi et surtout de gros salaires que le F91 ne pouvait plus se permettre de payer. Le club de la
Forge du Sud entre dans un nouveau cycle, où la folie des grandeurs n’a plus sa place. De quoi
s’inquiéter, au risque de voir le champion de Luxembourg 2022 s’écrouler totalement, à l’image
du Fola Esch, devenu l’ombre de lui-même après un changement radical de stratégie et de
budget, qui s’est battu pour le maintien jusqu’au bout des barrages en fin de saison. Pourtant, les
dernières semaines sont plutôt rassurantes sur ce que pourrait être ce F91 édition 2023/2024.
Des recrues intéressantes
Le mercato, d’abord, dans le sens des arrivées, a montré la capacité de Dudelange à être malin
sur le marché des transferts, en étant capable d’aller chercher des solutions un peu partout. En
rappelant par exemple Enzo Esposito et Yannick Schaus, deux anciens de la maison, mais
également des révélations de Promotion d’Honneur, comme Gaël Mbala ou Luka Rakic, venus
respectivement de la Jeunesse Canach et du FC Rodange. Toujours du côté de la BGL Ligue, la
principale attraction reste Oege-Sietse Van Lingen, qui avait montré de très belles choses du côté
du Victoria Rosport pour ses six premiers mois en première division luxembourgeoise. À
l’étranger, Kino Delorge et Yahcuroo Roemer, qui peut se targuer d’avoir une quinzaine
d’apparitions en Eredevisie, la première division néerlandaise, sont venus garnir le flan droit de
leur impact et de leur technique. Au total, neuf éléments sont venus remplacer les huit joueurs
partis vers d’autres horizons. Et en seulement deux matchs, on a déjà vu certains automatismes
se créer, le tout orchestré par le successeur de Carlos Fangueiro, Jamath Shoffner.
Des premières impressions alléchantes
Ex-adjoint de Luc Holtz en sélection, de Dino Toppmöller à Virton puis de Miguel Ángel Ramírez à Charlotte, en MLS, l’Américain a été choisi par le board du F91. « On a cherché quelqu’un qui avait de l’expérience dans le football avec des jeunes mais aussi dans le football professionnel senior. On a tout de suite eu des très bonnes discussions avec Jamath, qui a connu le monde professionnel à Virton et en MLS. Il a une idée claire de comment on veut jouer. Il a accepté le projet qu’on lui a présenté, avec notamment l’intégration de jeunes joueurs et le recrutement que vous voyez va dans cette direction. On n’a eu que des bons retours quant à sa personnalité et sa façon de travailler. J’ai pu discuter avec des gens de confiance, dont Dino Toppmöller, qui m’a bien parlé de Jamath. Après tout cela, on a pris la décision de choisir Jay comme coach principal pour cette saison et les suivantes » nous confiait d’ailleurs Manou Goergen, directeur sportif du club. Adoubé par l’ex-entraîneur du F91, « Jay » embrasse donc une première expérience en tant que numéro un. Et si le dispositif du technicien américain, en 4-4-2, est différent de celui de Carlos Fangueiro, dont le système de prédilection est le 3-5-2, la philosophie est quant à elle similaire sur certains points. Il le répétait lui-même en conférence de presse et à plusieurs reprises, « l’intensité et l’agressivité sont la clés des matchs. » Un discours proche de celui du Portugais, dont l’ADN est de constamment jouer vers l’avant. « Je ne veux pas rester derrière et attendre que ça se passe. Je veux constamment presser, aller chercher l’adversaire » confiait Shoffner après la victoire en Irlande. Si le deuxième tour n’a pas démarré de la meilleure des façons avec cette défaite en terres maltaises, tout laisse à croire que le retour, ce mercredi, devrait nous permettre de retrouver une envie, une intensité et un panache qui pourrait convaincre plus d’un adepte que non, le F91 n’est pas mort, et qu’il peut encore continuer à rugir sur le football luxembourgeois… et l’Europe ?
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