Leandro Barreiro : « Je suis content d’être le plus gros emmerdeur de Bundesliga »

12 minutes
© FSV Mainz 05

À 23 ans, le milieu de terrain des Roud Léiwen est devenu un taulier au sein de l’effectif de Luc Holtz, mais aussi au FSV Mayence, là où depuis 2016, il gravit les échelons, des U17 au groupe professionnel, au point d’être devenu le meilleur joueur du club allemand la saison dernière.

D’où t’est venue ta passion pour le foot ?

Ça s’est développé très naturellement. J’ai touché mon premier ballon à un an et demi à la plage, c’est ce que mes parents me racontent toujours. Après, c’est en voyant les matchs de foot à la télé que j’ai eu envie de jouer.

Tu as des origines portugaises. Quel lien as-tu avec le pays ?

Je suis à moitié Luxembourgeois, à moitié Portugais, et mes parents sont nés en Angola, donc j’ai aussi des origines angolaises. Je me sens aussi Luxembourgeois que Portugais, et chaque match contre le Portugal est un peu spécial, car j’ai de la famille qui habite là-bas, c’est aussi mon pays.

Comment te définirais-tu ?

Je suis quelqu’un qui se donne toujours à fond, qui ne lâche jamais et qui joue pour l’équipe. 

Et dans la vie ?

Je dirais que je suis très organisé et je sais exactement quels sont les moments où il faut travailler et quels sont ceux où l’on peut plus profiter de la vie.

Tu as toujours joué milieu de terrain ?

Il y a eu une période au Racing où j’ai joué latéral droit et un petit peu en 10 à Erpeldange, sinon j’ai toujours joué au milieu de terrain.

Tu préfères jouer en 6 ou en 8 ?

En 8, dans un système avec deux 8. Ça me donne plus de liberté pour aller vers l’avant. S’il y a deux 6, je n’aime pas être celui qui doit rester devant la défense.

Qui sont tes modèles dans le foot ?

Cristiano Ronaldo. C’est mon idole et mon modèle. Après, quand je regarde des matchs, j’observe toujours les milieux de terrain, mais je n’ai pas un modèle en particulier. J’essaie d’apprendre de tout le monde.

Pourquoi être parti de la formation du Racing en 2016 ?

J’ai joué deux saisons et demie au Racing, en prêt d’Erpeldange. Je n’ai pas voulu signer de contrat parce que ça allait compliquer un départ à l’étranger, donc je suis retourné à Erpeldange. Je me suis entraîné avec la première équipe au début de la saison et quand j’ai eu 16 ans en janvier, j’ai commencé en Promotion d’Honneur.

Tu joues tes premiers matchs en senior à seulement 16 ans, en Promotion d’Honneur, et tu deviens tout de suite un titulaire indiscutable. Ça a été facile ?

C’était très différent, parce que je n’étais pas habitué à jouer avec des hommes. Au niveau de la masse musculaire, j’avais beaucoup moins de puissance que mes adversaires, mais j’arrivais à me démarquer grâce à d’autres qualités, j’étais plus rapide, je gagnais beaucoup de fautes, donc je me suis adapté très vite à l’intensité du niveau de la Promotion d’Honneur.

En 2016, tu signes à Mayence. Comment s’est passé ton arrivée ?

Comme la plupart des joueurs qui partent à l’étranger, c’est passé par la Fédération. On a fait un match amical contre Mayence, le coach adverse m’a bien aimé, on m’a proposé de venir faire des tests et tout s’est bien passé, donc j’ai signé ici. 

Tu as d’abord joué dans les équipes de jeunes du club. En arrivant, as-tu tout de suite senti la différence avec la Promotion d’Honneur ?

C’est différent, parce que je suis passé de jouer contre des hommes à jouer contre des jeunes en Bundesliga. C’était le plus haut niveau en Allemagne et tout était différent, c’était moins physique, mais techniquement c’était meilleur.

Tu fais ta première apparition en professionnel avec Mayence en 2019 face à Leverkusen…

Oui, c’était un jour très spécial pour moi et pour ma famille. Même si le score final a été très mauvais (ndlr : défaite 5-1) c’était une belle expérience et j’étais très fier de pouvoir connaître mes premières minutes à cet âge-là.

Qu’as-tu ressenti comme sensation ?

J’étais nerveux, mais au sens positif, je voulais absolument jouer et j’ai pris un énorme plaisir.

Qu’est-ce qui t’a le plus impressionné en Bundesliga ?

L’intensité et la vitesse. On a très peu de temps pour prendre des décisions et jouer, ça va très vite.

Le 14 juin 2022, Luc Holtz confiait le brassard de capitaine pour la première fois à Barreiro face aux Îles Féroé. © Reuters

C’est à partir de la saison 2019/2020 que tu fais vraiment ton entrée dans le groupe professionnel. Comment s’est passée ton intégration ?

Je n’ai eu aucun problème à m’intégrer au groupe professionnel ici. Quand quelqu’un arrive ici, on essaie de l’accueillir du mieux possible. Moi, par exemple, j’essaie d’aider les joueurs français qui arrivent ici et qui ne parlent pas bien allemand. Dans mon cas, mon intégration s’est faite très naturellement et j’ai rapidement senti que je faisais partie du groupe.

La saison dernière, tu as connu une première partie de saison mitigée où tu alternais entre titulaire et remplaçant. Comment as-tu vécu cette situation ?

C’était une nouvelle expérience. À mon avis, j’avais montré que je méritais plus de temps de jeu aux entraînements et aux matchs, mais c’est toujours le coach qui prend les décisions et le joueur qui doit les accepter, travailler dans les domaines dans lesquels il peut progresser et continuer à bosser. Je suis resté patient, j’ai parlé avec l’entraîneur pour comprendre ses choix. Après ce genre de période, on est toujours plus fort, surtout mentalement.

À partir du mois de janvier, tu es redevenu titulaire indiscutable et tu as même augmenté tes statistiques avec 4 buts et 3 passes décisives sur la phase retour. Est-ce que tu as senti quelque chose qui a changé ?

Non, rien n’a changé, j’ai toujours été prêt pour montrer mes qualités quand on faisait appel à moi et c’est ce que j’ai prouvé. Le club était aussi dans une très bonne période, et si la confiance est là dans toute l’équipe, elle augmente chez moi aussi. J’étais très content de cette période, mais rien de particulier n’a changé par rapport au début de la saison. Le coach m’a donné ma chance et je l’ai saisie.

Comment ressens-tu ta progression saison après saison ?

J’ai progressé dans tous les domaines et c’est normal parce qu’on s’entraîne à un très haut niveau et on apprend tout le temps de nouvelles choses. Avec l’âge et l’expérience, on apprend, et je pense que j’ai encore une grosse marge de progression.

Aujourd’hui, tu t’es imposé comme une valeur sûre de Bundesliga et ton coach a récemment dit que tu étais l’un des joueurs les plus importants de l’équipe…

C’est toujours quelque chose qu’un joueur aime entendre. Je connais le rôle que j’ai dans cette équipe, notamment pour l’intégration des nouveaux joueurs, et je suis évidemment content d’avoir cette importance au sein de l’effectif.

Ton coéquipier Danny da Costa a dit de toi que tu étais « le plus gros emmerdeur » du championnat. Tu partages son avis ? 

Oui, j’ai déjà entendu ça plusieurs fois de la part de différents joueurs (rires) ! Je connais mon style de jeu et je pense qu’on pourrait dire ça, oui.

Le 31 janvier 2021, Leandro Barreiro inscrivait son premier but en professionnel face au RB Leipzig. © Reuters

Qu’est-ce que tu apprécies dans le football allemand ?

La formation que j’ai eue à la Fédération luxembourgeoise est très proche de la formation allemande. Quand je suis arrivé à Mayence, je connaissais déjà la façon de jouer, l’intensité qu’il fallait mettre. Si j’avais été formé en France, ça aurait peut-être été différent, mais comme ça fait longtemps que je suis ici, mon jeu est bien adapté à la façon dont on joue en Allemagne.

En fin de saison, tu as été élu meilleur joueur de la saison du club par les supporters. Quel effet cela t’a-t-il fait ?

J’étais très heureux et très fier d’être récompensé, ça montre que les supporters ont un avis positif à mon égard, mais c’est quelque chose que j’ai toujours ressenti depuis que je suis ici. C’est une autre façon de montrer que je suis sur le bon chemin et que les gens remarquent mes prestations et sont contents de moi.

Après une telle saison, on a beaucoup parlé de toi durant le mercato et on a vu des clubs comme Dortmund être potentiellement intéressés. C’est quelque chose qui te rend fier ?

Ça fait partie du football. Quand on fait une très bonne saison, il y a forcément des clubs qui sont intéressés et c’est toujours positif. Ça me rend fier, mais le plus important c’est de rester focus sur mon football.

Tu as été appelé en sélection pour la première fois en 2018, à 18 ans. On imagine que c’était une réelle fierté…

Oui, ça a été une très grosse fierté, peut-être la plus grosse de ma jeune carrière. Je suis né au Luxembourg, j’y ai grandi et j’ai pris la décision très tôt de jouer pour l’équipe nationale, donc j’étais très heureux d’y jouer pour la première fois en 2018. C’est toujours une fierté de jouer pour son pays. J’ai dit à mes amis et à ma famille que ce n’était pas parce que je jouais pour le Luxembourg que je me distançais de mes origines portugaises dont je suis fier aussi. 

© FSV Mainz 05

48 capes à seulement 23 ans, on est sur les bases d’un record de sélections…

Ce serait une très grosse fierté aussi, mais ce n’est pas un objectif. On peut toujours avoir une grosse blessure et rater beaucoup de matchs, donc je ne suis pas focus sur ça. Si ça doit être le cas un jour, ce sera bien, sinon ce n’est pas grave.

Tu as dit lors d’une conférence de presse que tu t’étais toujours présenté en tant que leader, peu importe l’âge. Tu as toujours eu cette mentalité ?

Oui, je crois. Déjà à Erpeldange, j’aimais bien prendre la parole et prendre mes responsabilités, au Racing aussi. Quand je suis arrivé ici chez les pros à 18 ans, je n’avais pas peur d’aller parler à un joueur de 35 ans si j’avais quelque chose à lui dire. Si je pense que ça peut m’aider en tant que joueur et que ça peut tirer l’équipe vers le haut, je vais le dire. Aujourd’hui, à 23 ans, si un jeune de 17 ans veut me dire quelque chose, je vais l’écouter. Ce n’est pas l’âge qui définit si l’on peut parler ou pas sur le terrain. On peut toujours apprendre de qui que ce soit, peu importe l’âge et l’expérience de chacun.

Que t’a apporté Luc Holtz dans ta manière de jouer dans cette équipe et dans ta progression en tant que joueur ?

Il m’a beaucoup apporté, notamment dans ma façon de jouer avec plus de liberté, de ne pas me mettre trop de pression. Il m’a donné beaucoup de confiance, il m’a appris que ce n’était pas grave de faire des erreurs et de jouer comme je savais jouer, et je pense que ça m’a beaucoup aidé. En jouant des matchs internationaux en étant aussi jeune, on se rend compte que c’est une autre atmosphère que de jouer en Bundesliga U19. Ça m’a appris à gérer mes émotions.

Cela t’a aidé à passer des caps à Mayence…

Certainement. Les entraîneurs étaient toujours au courant des joueurs qui étaient en sélection nationale, donc je pense que ça a eu un impact sur le fait que j’arrive tôt dans le groupe professionnel à Mayence.

Sur quels points penses-tu pouvoir t’améliorer ?

Partout. Je suis loin d’être au point de me dire que je suis le meilleur joueur que je puisse être. J’ai toujours la mentalité de m’améliorer dans tous les domaines. 

Tu as pratiqué un autre sport quand tu étais plus jeune ?

Non, je n’ai toujours eu que le foot en tête.

Qu’aurais-tu fait si tu n’avais pas été footballeur ? 

Je ne sais pas trop. Quand j’étais plus jeune, j’aimais beaucoup les maths, mais de là à dire que je serais allé dans cette direction, je ne sais pas.

As-tu une autre passion en dehors du foot ?

Je n’ai pas vraiment d’autre passion que le football. J’ai toujours des choses à faire, mais ce que j’adore c’est passer du temps avec ma famille et mes potes.

On ne te demande pas si tu as déjà pensé à une éventuelle reconversion en tant qu’entraîneur…

Tu peux me le demander parce que je suis sûr que je ne veux pas devenir entraîneur (rires) ! On ne sait jamais, mais je m’étonnerais beaucoup si je devenais coach dans une quinzaine d’années !

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