Avec les décès de Gino Mäder en juin, et de Tijl De Decker en août, le cyclisme paie à nouveau un lourd tribut, alors qu’émergent une nouvelle fois les questions autour de la sécurité dans le monde du vélo.
Quatre ans après Bjorg Lambrecht, décédé après une chute sur la 3e étape du Tour de Pologne, un nouvel accident mortel est venu endeuiller le peloton lors du dernier Tour de Suisse. Nous sommes alors dans la 5e étape de la course, et les coureurs entament à vive allure la descente du col de l’Albula. L’Américain Magnus Sheffield et le Suisse Gino Mäder (26 ans) chutent à grande vitesse, et les services médicaux du Tour de Suisse retrouvent ce dernier inanimé dans un cours d’eau. Réanimé sur place, il sera transféré à l’hôpital de Coire, où il succombera à ses blessures le lendemain, à l’âge de 26 ans. Une mort violente qui va bien entendu provoquer l’émoi dans un milieu du cyclisme où, hélas, elle n’est pas la première, loin de là…
Depuis la mort du Kazakh Andreï Kivilev sur Paris-Nice en 2003, une disparition qui avait déclenché le port obligatoire du casque, que ce soit en VTT, en cyclisme sur piste et sur route ou en cyclo-cross, ils sont 30 à avoir trouvé la mort durant une course. Parmi eux, on retrouve plusieurs Belges comme Wouter Weylandt, victime d’une chute sur le Giro 2011, Antoine Demoitié sur Gand-Wevelgem 2016, ou encore Michael Goolaerts sur Paris-Roubaix 2018…
De Decker dernier en date
Et décidément, la Belgique est régulièrement frappée par les disparitions brutales. Dernière en date, celle de Tijl De Decker, vainqueur de Paris-Roubaix espoirs en 2023. Lors d’un entraînement le 25 août dernier, il percute l’arrière d’une voiture à Lierre, non loin d’Anvers. Transporté à l’hôpital, il décédera deux jours plus tard à l’âge de 22 ans, quatre ans après un autre coureur de l’équipe Lotto, Bjorg Lambrecht. Deux disparitions qui rappellent donc – s’il le fallait – la dangerosité de ce sport, plus mortel que certaines compétitions automobiles. L’accident terrifiant de Gino Mäder a rapidement eu des répercussions puisque sur le récent Tour de France – qui devait être son premier – encore plus d’aménagements que de coutume ont été mis en place afin de sécuriser au maximum les descentes.
De nombreux coureurs ont également fait part de leurs craintes après cet accident. À l’instar du Français Thibaut Pinot : « Pourtant, je n’étais même pas sur le Tour de Suisse. Pour ceux qui y étaient, ça doit être encore plus difficile. Je suis un coureur qui prend un peu moins de risques que les autres parce que j’ai vraiment plus conscience du danger. On dit souvent qu’il faut débrancher le cerveau dans le vélo. J’ai vraiment du mal avec cette idée. On pratique un sport dangereux. »
Le Français évoque la possibilité de « mettre plus de filets de protection comme on le fait en ski. » « Nous, on n’a vraiment rien pour se protéger. Je pense que c’est là-dessus que l’on peut travailler », indique le futur retraité, qui revient aussi sur la glorification du courage des cyclistes, aux effets pervers. « On sait bien que ça fait partie du spectacle. C’est toujours plus vendeur. Lorsqu’on voit à la télé le résumé d’une étape, presque un tiers des images sont consacrées aux chutes. Pour nous coureurs, c’est malheureux de voir ça, parce qu’il y a autre chose à montrer dans notre sport. »
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