Le Français de Groupama-FDJ vit ses dernières semaines dans la peau d’un cycliste professionnel. Avant de prendre le départ du Tour de Lombardie le 7 octobre prochain, le Tour de Luxembourg sera sa dernière course nationale.
La fête fut belle lors du dernier Tour de France où, dans le Petit Ballon d’Alsace, ils étaient nombreux à célébrer dignement Thibaut Pinot à l’occasion de sa dernière Grande Boucle. Il faut dire que parmi les nombreux cyclistes du peloton, le Franc-Comtois conserve une cote d’amour incomparable auprès du public : « Il a toujours la foule derrière lui. Et ce qui est fort, c’est qu’il rassemble toutes les catégories d’âge. Il ne laisse personne indifférent », constate Philippe Mauduit, directeur sportif chez Groupama-FDJ. Autre anecdote, celle de son coéquipier Matthieu Ladagnous :
« J’ai encore en tête une image forte du Tour 2014, l’année où il ramène le maillot blanc en terminant troisième derrière (Vincenzo) Nibali et (Jean-Christophe) Péraud », resitue son équipier béarnais Matthieu Ladagnous. « Un jour, on sort de notre hôtel à Bagnères-de-Luchon pour rejoindre le bus de l’équipe et on tombe sur des centaines de fans. Ils chantaient tous pour lui. C’était la première fois que je voyais ça et ce n’était que le début. Le public ne l’a jamais lâché, même lorsqu’il a connu des galères. »
Mais Thibaut Pinot, c’est sans doute le manager de Groupama-FDJ, Marc Madiot, qui en parle le mieux : « Ce qui rend Pinot populaire, c’est qu’il est sans filtre. Il ne masque pas ses faiblesses, parfois à tort selon moi, mais ça le rend beaucoup plus humain pour le public. Un lien peut plus facilement s’installer. C’est vrai que le public souffre avec lui. Ce serait peut-être mieux qu’il cache ses émotions certains jours, mais je crois que les gens vivent ses victoires et ses contre-performances avec la même énergie. C’est pareil sur le vélo. Même s’il a le casque et les lunettes, on arrive à capter sa souffrance, elle se voit, elle se devine. Beaucoup de coureurs ne montrent rien ou ne laissent rien paraître. Pinot, c’est différent. Il est très expressif au niveau corporel. »
Né un 8 juillet
Sa manière de célébrer ses victoires et de relativiser ses contre-performances font donc de Thibaut Pinot un cycliste à part. Passé pro en 2010, au sein de ce que l’on appelait à l’époque l’équipe Française des jeux, le natif de Lure, dans le département de la Haute-Saône, ne tarde pas à démontrer toutes ses qualités lorsque la route commence à s’élever. En 2011, les premières victoires arrivent, avant sa première participation au Tour l’année suivante. Nous sommes le 8 juillet 2012, date de la Saint-Thibaut en France, et Pinot va célébrer ce jour en remportant sa première étape dans une grande course, entre Belfort et Porrentruy.
La confirmation ne sera pas pour 2013 sur le Tour de France, puisque Thibaut Pinot abandonnera lors de la deuxième journée de repos. En 2014, il parvient finalement à grimper sur le podium de l’épreuve qui l’a révélé aux yeux du grand public. Mais en 2015 et 2016, son histoire d’amour avec le Tour sera de nouveau contrariée, avec une 16e place au général, puis un abandon. En 2017, il décide de changer d’air et de se fixer comme objectif de bien figurer sur le Giro, où il termine au pied du podium. En 2018, il est victime d’une terrible défaillance lors de l’avant-dernière étape du Giro, mais se console en remportant deux étapes sur la Vuelta, et surtout son premier monument avec une victoire sur le Tour de Lombardie.
En 2019, c’est sans doute la plus grande désillusion de sa carrière. Bien placé au général et dans une grande forme, il est contraint à l’abandon en raison d’une blessure musculaire dans la 19e étape. Cette année-là, la France a bien cru trouver en Pinot un successeur à Bernard Hinault… Après deux saisons compliquées, il renoue avec la victoire sur la dernière étape du Tour des Alpes 2022. Le 12 janvier 2023, Thibaut Pinot annonce à 33 ans la fin de sa carrière à l’issue de la saison, un dernier baroud d’honneur pour ce cycliste « romantique », au style incomparable.
Ils seront à suivre
Brandon McNulty (UAE Team Emirates)
Champion des Etats-Unis du contre-la-montre cette année, et 4e de la course sur route, Brandon McNulty s’est récemment classé 6e du classement général lors du Tour de Pologne. Du côté de l’Allemagne en août dernier, il a terminé 12e de la Bemer Cyclassics à Hambourg, et 12e du général lors du Tour d’Allemagne, où il s’est également classé 3e du classement des jeunes, et 9e du classement de la montagne.
Pour son deuxième Giro en 2023, il a remporté la 15e étape entre Seregno et Bergame, sa première victoire d’étape sur un grand tour, et terminé 29e du général, ainsi que dans le top 10 chez les jeunes. Plus tôt dans la saison, c’est sur les routes du Tour du Pays basque qu’il s’est illustré (7e du général, vainqueur du classement des meilleurs jeunes). Chez UAE-Team Emirates depuis 2020, le natif de Phoenix a remporté sous ce maillot Faun-Ardèche Classic en 2022, le Trofeo Calva et une étape de Paris-Nice la même année. Auparavant sous les couleurs de Rally UHC Cycling il avait remporté le Tour de Sicile 2019.
Bob Jungels (Bora-Hansgrohe)
Première saison pour Bob sous les couleurs de la formation allemande Bora-hansgrohe. Mais depuis la fin Tour de France (qu’il a bouclé à la 26e place du général), on a peu vu le Luxembourgeois en selle, mis à part lors de la Classica San Sebastian et au Mémorial Hermanos Otxoa, qu’il n’a pas terminé, et il est donc bien difficile d’estimer son état de forme à trois semaines du début de son tour national au moment où nous écrivons ces lignes.
La dernière participation de Bob Jungels au Tour de Luxembourg remonte à 2021, il avait alors pris la 80e place du classement général sous le maillot de AG2R-Citroën. Un retour qui arrivait 8 ans (!) après sa dernière participation à son tour national, ou il avait pris une très belle 5e place du général (2e chez les jeunes, 3e au classement du maillot vert). Peut-il être celui qui succèdera à Fränk Schleck, dernier prophète en son pays ?
David Gaudu (Groupama-FDJ)
Après sa 6e place au général lors de l’édition 2021, le Breton sera de retour aux côtés de Thibaut Pinot pour tenter de faire encore mieux. Vainqueur de l’ultime étape cette année-là, David Gaudu avait également pris la troisième place du classement des jeunes, et celle du classement du maillot vert. Victime d’une chute à l’entrainement à la fin du mois d’août, le coureur de Groupama-FDJ a dû modifier son programme de fin de saison, en raison d’une blessure à la hanche et aux côtes.
Cette saison, David Gaudu a connu des fortunes diverses, avec une 9e place du Tour de France, loin d’un podium qu’il ambitionnait. Aux championnats de France, il a terminé à la 15e place, et à la 30e seulement lors du Critérium du Dauphiné. C’est en tout début de saison qu’on la vu au mieux, avec une 4e place lors du Tour du Pays basque, et une 2e au général sur Paris-Nice derrière Tadej Pogacar.
Magnus Cort (EF Education EasyPost)
Ils sont peu nombreux à avoir remporté des étapes sur les trois grands tours cyclistes. Magnus Cort fait partie de ce cercle composé de 105 cyclistes. C’est en 2023 qu’il a ajouté une victoire au Giro à son palmarès, après avoir ouvert son compteur sur la Vuelta en 2016, et sur le Tour de France en 2018. Au total le Danois, qui quittera EF pour Uno-X en 2024, a remporté six étapes sur les courses de trois semaines.
Troisième de son tour national en août, Magnus Cort avait terminé 96e du Tour de France en juillet, et 62e du Giro en mai, avec donc une victoire sur la 10e étape à Viareggio. Auparavant, il avait fait deux top 10 sur le Tour de Romandie, et terminé à la 14e place de Milan-San Remo.
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