On pourrait presque parler de paradoxe. Lanterne rouge du championnat, le CS Fola Esch, avec seulement trois points, est en nette souffrance, et voit déjà la mission maintien bien mal embarquée. Sept points de retard sur le premier barragiste et neuf sur la 12e place synonyme de maintien : il est difficile voir en ces neuf premières journées une satisfaction. Pourtant, ce n’est pas là la pensée dominante du côté du Fola, à l’image de son Directeur Sportif Pascal Walter, qui évalue à « 5/10 » la note de cette entame de championnat. « Il faut prendre tout le contexte : nous avons affronté les meilleurs équipes du championnat, et les prestations ont été honnêtes. »
Un calendrier assez corsé pour débuter
Un point de vue confirmé par Stefano Bensi, entraîneur déterminé à commencer à engranger des points. « Les matchs jusqu’à maintenant n’ont pas été catastrophiques. Seul le résultat n’a pas été à la hauteur de ce qu’on a livré ». En regardant le classement, force est de constater que ce point de vue fait plutôt sens. Lors des neuf premières journées de BGL Ligue, le Fola Esch a affronté les cinq premiers du classement, ainsi que le huitième, neuvième, et « seulement » le treizième. Differdange, le Progrès, Hesperange, le Swift, Rosport, Dudelange, Pétange et la Jeunesse ne sont plus à affronter avant la fin de la phase aller. Sur les six matchs restants, qui seront les adversaires ? Wiltz, Strassen, le Racing, Mondercange, Kaerjeng et Mondorf. Des affiches plus accessibles, assurément, quand bien même il faut rappeler que cette saison plus que jamais, aucune confrontation n’est une sinécure.
Autre facteur qui permet de maintenir l’espoir ? Des résultats dans l’ensemble serrés, alors que le club doyen a perdu ses cinq derniers matchs avec seulement un petit but d’écart. « À chaque fois on n’a pas été loin de prendre quelque chose de ces matchs » confirme Bensi. « On a toujours eu l’égalisation d’ouvrir le score ou égaliser en fin de rencontre ». Comment expliquer cette absence de point pris ? Pour le technicien, c’est un mix de chose. « J’ai expliqué aux joueurs ce qui nous manquait : avoir plus d’expérience, avoir un peu de chance, et d’être tueur ».
Un point de vue dans l’ensemble confirmé par son Directeur Sportif qui l’admet : le manque de joueurs rodés est forcément pénalisant. « On encaisse trop de buts et on fait trop d’erreurs individuelles soit par faute de maturité, soit par déconcentration. C’est forcément plus facile avec un groupe plus expérimenté qui ne s’inquiète pas en cas de buts encaissés et savent qu’ils peuvent renverser la vapeur. Maintenant, les joueurs ont compris qu’ils doivent n’avoir qu’un objectif cette saison : bosser pour le collectif ». Une position compréhensible, mais qui peut néanmoins interroger, alors que le recrutement a tout de même été largement axé sur la jeunesse.
Un groupe qui ne lâche pas
Une jeunesse qui doit donc se mettre dans une position de lutte pour le maintien, alors que la lanterne rouge pointe à neuf points de la première place de non-barragiste. Le groupe parvient-il à ne pas sombrer mentalement alors que la dernière victoire remonte au 13 août, soit il y a plus de deux mois ? « Je sens de la déception évidemment » admet Welter, avant de se montrer rassurant « mais aussi que personne ne compte abandonner. Cela reste positif et on sait que dès ce dimanche, contre une équipe de Wiltz très costaude, c’est l’heure d’un deuxième départ dans la saison ». Même son de cloche du côté de Bensi, qui l’assure : « Au niveau moral, je les sens très bien, tous concernés. Notre championnat commence maintenant contre les équipes qui jouent le maintien avec nous ».
De retour sur les pelouses contre Wiltz ce dimanche dans une rencontre décisive, le groupe, hormis Quinol et Combra, sera au complet. Une bonne nouvelle, déjà, mais qui ne garantit évidemment pas de résultat. « On a prouvé qu’il ne manque pas grand chose pour prendre des points. Maintenant, on n’a plus le choix. On continue de travailler et les matchs doivent nous permettre de remonter au classement avant la trêve hivernale ». La lanterne rouge pourra néanmoins s’appuyer sur une statistique intéressante : en cette saison 2023/24, les deux succès du Fola ont été acquis lors des deux seuls matchs où il a réussi à ouvrir le score (contre Dudelange et Bastendorf). Le signe d’une équipe peut-être trop dans la réaction ? « Peut-être, oui » débute Stefano Bensi avant de tempérer. « Mais c’est surtout car on ne met pas les premières occasions lors des matchs. La seule fois qu’on a réussi à le faire, c’est contre Dudelange, et on l’a emporté. On n’abandonne pas quand on encaisse un but car l’équipe a un très gros caractère, mais cela coûte beaucoup plus d’énergie de courir derrière le résultat que d’ouvrir le score et laisser les autres se dépenser pour essayer de recoller ».
Stefano Bensi déterminé et conforté
SI le technicien maintient une confiance sans borne vis-à-vis de son groupe et sa capacité à s’en sortir, comment vit-il, lui, cette absence de résultats malgré des performances encourageantes ? « C’est plus un sentiment de frustration » concède-t-il. Interrogé quant à des discussions sur son avenir lors de cette trêve, et d’une pression augmentant, le technicien l’assure : pas besoin de sentir le moindre souffle dans sa nuque pour être motivé comme jamais. « Je me mets plus de pression que n’importe qui et je vais le faire jusqu’au dernier jour. Le club pourra décider de ce qu’il va faire. Mais jusqu’à présent, personne ne m’a parlé ou m’a fait comprendre que j‘étais menacé ». Si l’entraîneur n’a pas eu de discussions avec ses dirigeants sur le sujet, il pourra alors lire nos colonnes pour avoir l’opinion de Pascal Welter sur ce sujet. Et force est de constater que la position est sans ambiguïté aucune. « Il n’y a pas eu la moindre réflexion sur Stefano. Le staff est jeune, le groupe est jeune, et les deux sont heureux et bossent bien ensemble. L’équipe technique est très compétente avec beaucoup de complémentarité. Pas une seconde je n’ai pensé que la situation d’aujourd’hui était liée aux performances du staff ».
Rassurant pour Stefano Bensi, qui, malgré ce véritable soutien, ne se leurre pas. « Je sais qu’un entraîneur est toujours au final mesuré par les résultats ». Des résultats qui doivent donc s’améliorer, et vite, en commençant par Wiltz dès ce week-end. Si « un nouveau championnat » commence selon les dires de l’entraîneur, il s’agirait de ne pas oublier que les quinze autres écuries, elles, ont débuté le leur il y a neuf journées de cela.
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