Comment évalues-tu ton début de saison jusqu’à présent ?
La saison vient de commencer. On s’est qualifié pour les championnats d’Europe, où malheureusement on a été éliminé en huitième de finale alors qu’on espérait rejoindre les quarts. Au sein du club, on a joué deux matchs depuis septembre et on les a gagné ce qui est un bon départ pour mon équipe de Schiltigeim. Il nous reste encore cinq matchs jusqu’à la fin de l’année. Et j’ai aussi beaucoup de tournois qui arrivent, cela s’enchaîne énormément.
Aux championnats du monde, cela n’a pas été terrible. En individuel, j’ai eu un tirage extrêmement compliqué. J’ai tout de suite joué contre la numéro 5 mondiale. Avec cette défaite au premier tour, j’ai perdu beaucoup de points de mon ranking mondial. Car à Houston l’an passé, j’avais terminé dans les trente-deux premières ce qui me fait perdre 80 points maintenant, ce qui est énorme. Ajoutez à cela que mes concurrentes ont toutes passé un tour… C’est toujours dommage, car l’objectif cette saison, c’est évidemment me qualifier pour les Jeux Olympiques. Pour cela, il va falloir grimper dans le ranking mondial, et tourner autour de la centième place.
Cet objectif de rallier les Jeux Olympiques peut-il mettre une pression supplémentaire et dure à gérer ?
C’est une grosse pression pour tout le monde, surtout avec le système qui force à jouer énormément de tournois. Le calendrier est extrêmement chargé. Pour les joueuses qui sont entre la 50e et 150e mondial, il faut vraiment enchaîner les compétitions. C’est clairement la guerre pour les points, on voit les mêmes joueuses constamment et on espère tous avoir un bon tirage.
La seule stratégie viable est-elle d’enchaîner toutes les compétitions ?
Cela dépend de ton classement. Dans mon cas, je n’ai pas assez de points, donc ma seule tactique est de tout jouer. Maintenant, si au tirage tu tombes contre une chinoise dès les qualifications, cela devient très vite compliqué. J’ai été en Jordanie et j’ai perdu au deuxième tour de qualifications contre une chinoise, et j’ai vécu la même chose au Nigéria, ou j’en ai affronté une que je ne connaissais pas et qui a fini par remporter le tournoi… C’est très frustrant car tu as fait un gros déplacement pour pas grand chose.
Dans ce contexte, on a le sentiment qu’énormément des chances de qualification pour les JO se jouent sur les différents tirages…
Absolument. Pour moi, les dix dernières places de qualification pour les Jeux Olympiques se joueront énormément sur les tirages. Je n’aime pas dire ça généralement, mais la vérité c’est qu’entre nous, tout le monde espère et prie avoir un adversaire accessible. Ce n’est sincèrement pas une excuse, c’est une réalité. Il faut bien savoir qu’en compétition, tu prends le double de points à chaque tour. Donc un bon parcours peut faire une énorme différence.
Quand sauras-tu si tu auras une place pour ces Jeux Olympiques à Paris ?
On essaie déjà de se qualifier par équipe. On est qualifiés pour les championnats du monde à Busan en février. Si on termine dans les huit premières, on sera automatiquement dans les Jeux Olympiques. Et si tu te qualifies, tu as deux places d’office pour le simple donc cela serait magnifique. Mais on ne va pas se mentir, cela sera extrêmement difficile. L’an passé on a terminé dans les seize premières ce qui était déjà exceptionnel, donc passer un tour de plus… Il faudra faire les matchs parfaits et éviter la Chine sur le parcours… Après cela, en mai il y aura un tournoi de qualification européen et cela jouera sur les places de simple. Et enfin, le dernier ranking mondial qui comptera sera celui du 18 juin, seulement un moins avant les Jeux Olympiques. Cela promet donc d’être très intense jusqu’au bout…
Pourquoi avoir pris la décision de quitter Saint-Quentin et rejoindre Schiltigeim ?
Le calendrier international (rires) ! Saint-Quentin est un club qui veut avoir d’extrêmement bons résultats que cela soit dans le championnat de France où lors des matchs de Ligue des Champions. Mais cela demande donc une disponibilité quasi constante et cela rajoute encore des rencontres. Il fallait alléger le calendrier pour vraiment pouvoir me focaliser sur les compétitions internationales. J’ai signé à Schiltigeim pour douze matchs, sinon, cela n’aurait pas été possible de gérer.
Comment évalues-tu ton niveau ces derniers temps ?
Les trois dernières semaines, j’ai très bien joué, à l’image de la victoire en Suède en double en perdant seulement un set. En simple je suis satisfaite de mes performances mais les résultats ne reflètent pas le niveau actuel. J’ai perdu deux fois au cinquième set ce qui est toujours dommage.
Avoir le sentiment d’évoluer à un bon niveau tout en ne voyant pas de réel lien avec les résultats est-il plus frustrant, ou encourageant ?
Pour moi, c’est encourageant. Les mois d’avant, j’étais moins forte et je ne jouais pas aussi bien. Là, savoir que le niveau est là me fait dire que les résultats vont vite suivre.
Avec tous ces matchs et un si gros objectif face à soi, n’y a-t-il pas un risque d’usure mentale ou physique à un moment ?
C’est une bonne question. Physiquement, je ne suis pas trop inquiète. Je ne me blesse que très rarement. Mais c’est sûr que mentalement, cela peut être difficile de gérer les émotions et la débauche d’énergie. Il faut réussir à vite oublier une défaite et tout de suite se focaliser sur le prochain match ou la prochaine compétition. Je ne suis pas la seule à être dans cette situation-là. Quand le calendrier est si chargé, tout le monde passe par la même chose.
Est-ce que tu as un accompagnement mental pour précisément gérer cette période ?
Oui, je travaille avec Frank Muller, un psychologue mental du LIHPS. Cela m’apporte beaucoup.
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