Légende : Quand des lions rouges éteignent la ville rose

4 minutes

Le 3 septembre 2017, l’équipe du Luxembourg accomplit l’un des plus beaux exploits de son histoire en accrochant un match nul héroïque face aux futurs champions du monde français. Retour sur ce résultat inoubliable.

David contre Goliath. En ce jour de septembre, lorsque la France affronte le Luxembourg pour ce match de qualification pour la Coupe du Monde 2018, personne ne croit un instant sur un autre résultat qu’une victoire des tricolores. Et peut-on vraiment les blâmer ?

Quand bien même les Roud Léiwen ont amélioré leurs performances lors de ces dernières années, ce soir d’automne au Stadium de Toulouse, l’écart entre la bande à Deschamps et les amateurs de Luc Holtz demeure abyssal. Sur le onze titulaire des Bleus, neuf seront champions du monde neuf mois plus tard. Portée par une génération magique, la France revêt toutes les facettes de l’équipe intouchable. À titre d’exemple, la côte de victoire des Bleus par au moins quatre buts d’écart est de… 1,25.

Tornade bleue sur la ville rose.

Porté par un public toulousain euphorique, le onze français démarre la rencontre pied au plancher et impose de suite une pression monstre. Dès les dix premières minutes, Mbappé fait passer des frissons dans la défense luxembourgeoise. Par deux fois, il élimine avec aise sans néanmoins marquer.

Car au moment de conclure, les Bleus chancellent. La France perd ainsi son sang-froid et lorsque la tentative est bonne, c’est Joubert, exceptionnel, qui s’envole et détourne. Pogba, Griezmann, Mbappe, Sidibé… tous s’attellent à la frappe mais trouvent à chaque fois sur leur chemin un tacle héroïque, une parade ou l’extérieur du but.

Passée cette tempête initiale, le Luxembourg parvient petit à petit à mettre en place un bloc bas plus solide, qui force la France à aller chercher l’exploit d’hors de la surface. Et, mieux encore, les hommes de Holtz se permettent même quelques incursions, à l’image de cette frappe de David Turpel qui file au dessus des cages. Après 45 minutes intenses, l’arbitre siffle la mi-temps sur ce 0-0. Une belle prouesse en soi pour les Roud Léiwen qui plient, mais ne rompent pas.

Pour quelques centimètres de moins…

Sans aucun changement effectué à la pause, les débats reprennent comme ils avaient commencé. Le bloc luxembourgeois demeure bien en place, et les Bleus n’ont pour seule solution que des centres infructueux et des frappes de loin hors cadre. Malgré le soutien des fans, l’équipe de France continue, encore et toujours, à buter devant une tête, une main ou un tacle d’un groupe qui refuse de céder et est galvanisé.

Alors que Philipps sauve une frappe de Lemar sur sa ligne, et que la barre empêche une tête lobée de Pogba d’aller au fond, Gerson récupère un ballon dans sa moitié de terrain. Après avoir parfaitement combiné, il dépose sur une accélération foudroyante Koscielny et se retrouve seul sur le côté gauche du terrain. Conduite de balle impeccable, rentrée dans la surface, ouverture du pied : Lloris est battu… mais pas le poteau. La balle aura beau revenir dans les pieds de Turpel, le Luxembourg ne marquera pas ce soir, pour quelques centimètres.

Qu’à cela ne tienne, et malgré une ou deux dernières actions chaudes encore repoussées, la rencontre se termine sans buts de part et d’autre et offre au Grand-Duché son plus beau résultat en cent ans d’existence.

À jamais dans l’histoire.

Sitôt l’exploit accompli, la presse s’enflamme sur ce résultat historique, et célèbre massivement le courage des visiteurs. Félicitée par Deschamps, la sélection peut ardemment profiter de ce « jour de gloire » – dixit Luc Holtz – et réaliser la portée de son exploit.

II fallait, ce soir-là, voir ces amateurs courir plus vite, plus fort, encore et encore pour réussir l’impossible. Symbole de ce résultat historique, Joubert pourrait aisément être considéré comme le héros de ce combat homérique. Mais en ce soir, c’était bien une équipe, refusant d’endosser le rôle de victime expiatoire qui avait, par son courage réussit à faire vaciller un groupe champion du monde neuf mois plus tard. Si l’allégorie du lion et la souris, non utilisée dans cet article conviendrait non sans mal à la situation, nous préférons, pour des raisons historiques mais aussi de fierté, clamer que les rois de la savane ce 3 septembre 2017, étaient bien les joueurs de notre pays. Les Roud Léiwen.

Moien Rédaction

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