Le jeune grimpeur de 22 ans, désormais affilié à la FLERA (Fédération luxembourgeoise d’escalade, de randonnée sportive et d’alpinisme), poursuit en même temps que la pratique de son sport des études d’architecture à Grenoble, en France. Rencontre avec un enfant de la balle qui a suivi les traces de sa mère, elle aussi mordue d’escalade.
C’est un sport auquel il est désormais difficile d’échapper. L’escalade connaît depuis quelques années un engouement qui ne se dément pas. La preuve aussi au Luxembourg avec l’ouverture en octobre dernier, à Esch-sur-Alzette, de la plus grande salle d’escalade de la Grande Région. Dans un espace de 3 000 m2, ce nouvel eldorado de la grimpe offre une multitude d’activités et se destine à accueillir les novices comme les plus expérimentés. Il accueillera d’ailleurs les championnats du Luxembourg de bloc durant le dernier week-end de novembre.
Mais pourquoi ce sport attire-t-il autant ? Longtemps réservée à un public d’initiés, l’escalade a réussi à conquérir le grand public depuis les années 2000, avec la démocratisation des salles indoor. Dans le même temps, les instances gérant la discipline ont également su évoluer. En 1990, l’Union internationale des associations d’alpinisme (UIAA) est fondée, et l’escalade est désormais considérée comme discipline sportive à part entière par le Comité international olympique. Mais c’est seulement en 2007 que le CIO associe l’escalade au « mouvement olympique ».
Le processus est alors lancé afin que cette discipline s’insère à plus ou moins long terme dans le programme des Jeux olympiques. En 2011, elle intègre la liste des sports susceptibles de faire leur apparition à Tokyo 2020. Les grimpeurs font donc leurs grands débuts olympiques dans la capitale nipponne en 2021, avec au programme l’épreuve du combiné, qui regroupe les trois catégories d’escalade : le bloc, la difficulté et la vitesse. En 2024, les Jeux olympiques de Paris proposeront une évolution : le bloc et la difficulté resteront associés en combiné, tandis que la vitesse, épreuve la plus spectaculaire, sera une épreuve à part entière.
Un parcours prometteur chez les juniors
C’est très jeune que Nathan Martin fit ses premiers pas de grimpeur, suivant les traces de sa mère, elle aussi passionnée d’escalade : « J’ai commencé l’escalade comme ma mère, qui est professeur de sport et en faisait également. Je devais avoir cinq ou six ans, puis j’ai intégré un club vers l’âge de sept ou huit ans », se remémore Nathan. Très vite, sa progression linéaire va lui permettre de participer à des compétitions européennes et mondiales, et de récolter de bons résultats dans sa discipline fétiche, le bloc, en catégorie junior. Troisième en European Youth Cup à Imst en Autriche en 2015, il confirme l’année suivante en collectionnant les podiums : 2e à Graz, 3e à Varsovie, à L’Argentière et à Längenfeld, et surtout vainqueur des Championnats du monde juniors à Guangzhou en Chine. En 2017, Nathan poursuit son brillant parcours chez les jeunes avec de nouveaux podiums à Graz, Innsbruck et Slany, et une victoire en Youth Cup à Uster en Suisse, puis à L’Argentière (France). Il conclut cette année 2017 avec une deuxième place aux championnats d’Europe juniors à Perm en Russie. En 2018, rebelote : troisième à Delft, il termine également sur la troisième marche du podium des Championnats du monde juniors de Moscou, puis deuxième des championnats d’Europe à Bruxelles.
En plus d’être un sportif accompli, Nathan Martin mène en parallèle des études d’architecture du côté de Grenoble, en France. Dans la capitale des Alpes, le jeune étudiant bénéficie du statut d’« étudiant sportif de haut niveau » (ESHN) à l’ENSAG (École nationale supérieure d’architecture de Grenoble) : « C’est difficile d’allier les deux, il y a des périodes plus compliquées que d’autres. Idéalement, je dois m’entraîner 20 heures par semaine, mais avec mes études c’est un peu moins. Je m’entraîne essentiellement ici, à Grenoble. C’est malheureux, mais c’est difficile de s’entraîner à l’escalade pour l’instant aux alentours du Luxembourg. C’est une des difficultés de notre sport : trouver les bonnes infrastructures. Ce n’est pas comme en athlétisme, où l’on va sur une piste de 400 m et c’est réglé. Ce n’est pas facile, et le niveau dépend pas mal de cela »,regrette Nathan.
Parmi les différentes disciplines de l’escalade, c’est dans celle du bloc que Nathan exprime son potentiel. Mais pourquoi celle-ci plutôt qu’une autre ? « Je pratique le bloc et la difficulté, mais plus le bloc en général. La vitesse, c’est vraiment une discipline à part. La plupart des grimpeurs font bloc et difficulté. Certains font la vitesse aussi, mais ce n’est pas du tout complémentaire par rapport au bloc. » Dans un sport particulièrement exigeant au niveau des articulations, le risque de blessure est-il plus important que dans une autre activité sportive ? « Je me suis déjà blessé quelques fois, mais c’est un peu comme dans n’importe quel sport si on ne fait pas attention », relativise Nathan.
Le choix de concourir pour le Luxembourg
Auparavant affilié à la FFME (Fédération française de la montagne et de l’escalade), Nathan Martin a désormais choisi de représenter le Luxembourg, il fait d’ailleurs partie du cadre promotion du COSL. Un choix qu’il explique par une plus grande liberté, notamment afin de choisir les compétitions où il souhaite s’aligner : « Les athlètes français ne choisissent pas vraiment les compétitions, c’est la fédération qui les place. Ici, j’ai un budget et je choisis mes compétitions, c’est autre chose que de se les voir imposer », argumente le grimpeur. « Pour la gestion avec l’école, c’est également plus tranquille, je n’ai pas à passer par toutes les sélections. Et en termes de charge mentale, c’est moins impactant. » Ce changement a été plutôt bien accueilli par la fédération luxembourgeoise, moins du côté français : « Ce n’était pas simple comme passage, la fédération française a tout fait pour que cela ne se fasse pas. La FLERA a plutôt bien travaillé pour rendre cela possible ! »
Concernant l’engouement que connaît actuellement l’escalade, Nathan Martin possède également son avis sur la question : « Les Jeux olympiques ont aidé à populariser l’escalade, les réseaux sociaux également. En France notamment, il y a beaucoup de salles d’escalade qui ouvrent leurs portes et les gens aiment ça. Le bouche-à-oreille joue également un rôle, je pense. Mais c’est vrai que l’engouement est fort. » Lucide et honnête envers lui-même, Nathan Martin revient sur sa saison 2023, plutôt en dents de scie : « Globalement, toute ma saison s’est passée moyennement. C’était la première année avec ce dispositif, je n’avais pas d’entraîneur… plein de choses qui n’étaient pas top. Mais tout est réglé maintenant ! Pour revenir sur les Championnats du monde de Bern, c’est presque la compétition qui s’est le mieux passée. Je dois faire 43e en bloc, ce qui était ma meilleure perf’ de la saison, mais c’est une mauvaise perf’ en soi. »
À 250 jours des Jeux olympiques, Nathan Martin est toujours dans le flou concernant une éventuelle participation à l’olympiade parisienne : « Je vous avoue que je n’ai pas encore les réponses, je les attends… Il y a des compétitions qui permettront de se qualifier, et puis il faut aussi être dans les 48 premiers du classement mondial de 2023, et je dois être autour de la 46e, 50e place », explique Nathan. Après les championnats du Luxembourg, le jeune grimpeur sera sevré de compétitions jusqu’en avril, date à laquelle les principales vont s’enchaîner. Une longue période d’abstinence, avant un enchaînement important durant trois mois jusque, pourquoi pas, les Jeux olympiques de Paris.
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