Après avoir goûté au Graal du WRC pour remplacer le français Pierre-Louis Loubet sur les spéciales du Chili et d’Europe Centrale, Grégoire Munster et son copilote sont officiellement l’équipage de la Puma Hybrid Rally1 pour toute la saison 2024 qui a débuté fin janvier à Monte-Carlo.
C’est un rêve d’enfant qui se réalisait pour le pilote Grégoire Munster quand il a été appelé en WRC par son équipe M-Sport Ford Rally Team. Le passage de la Ford Fiesta Rally2 avec laquelle il avait conclu quatre courses dans le top 10 (5e en Grèce, 7e en Sardaigne, 8e à Monte-Carlo et 9e en Finlande) à la Ford Puma Rally1 est une consécration pour lui et son copilote Louis Louka, habitués à jouer les seconds couteaux dans leur ancienne équipe Hyundai.
Il y a encore quelques semaines, Munster se projetait : « Pour 2024, l’idéal serait de refaire une saison en WRC2, avec si possible quelques piges en Rally1 pour poursuivre l’apprentissage. »
Or, le destin ne s’est pas arrêté au galop d’essai puisqu’à l’issue de ses deux manches, non seulement la paire Munster-Louka a ramené la voiture en un seul morceau sur la ligne d’arrivée malgré quelques erreurs de rookies (13e au Chili) mais ils ont réussi l’exploit de marquer des points sur l’inédite « Central European Rally » (Autriche, Allemagne, République tchèque) en terminant à une honorable 7e place.
Incroyable cadeau de Noël : ce ne sont pas 2 ni même 4 épreuves en WRC qui les attendent au menu de cette saison, mais l’intégralité des manches à commencer par le rallye de Monte-Carl’ ! L’Estonien Tanak partant chez Hyundai et le Français Loubet n’ayant pas été reconduit, Grégoire Munster et son coéquipier Adrien Fourmaux ont en effet été promus pièces maîtresses de Ford pour 2024.
Après deux manches sur la Puma 1 au Chili et au Rallye d’Europe centrale, vous attendiez-vous à être promus en WRC sur toute la saison en 2024 ?
Non, c’était une surprise ! On s’attendait à remettre le couvert dans un programme mixte en WRC2 et 4 ou 5 courses en WRC1, mais grâce à nos résultats et un concours de circonstances avec des places qui se libèrent, on a été promus pour un programme complet et on compte bien saisir cette opportunité pour essayer d’y rester.
« La saison parfaite pour accumuler de l’expérience. »
Quel est votre sentiment de faire partie des six pilotes seulement qui participeront à l’intégralité du championnat du monde ?
C’est un privilège de pouvoir être sur toutes les manches. Surtout que plusieurs pilotes de renom vont venir partiellement participer, comme Ogier ou Rovanperä, tous les deux champions du monde… Sébastien Ogier est vraiment une source d’inspiration pour moi : il m’impressionne dans sa gestion de la course mais aussi sa faculté à être performant sur n’importe quel type de monture et n’importe quel terrain. Il excelle partout ! Pour nous, le passage en WRC est peut-être un peu prématuré parce qu’on n’a pas encore suffisamment d’expérience en championnat du monde, mais je vois cela comme la saison parfaite pour accumuler de l’expérience et être présents un maximum de kilomètres sur tous types de surface.
Quelles sont les principales différences de comportement entre la Fiesta 2 et la Puma 1 ?
Ce sont deux voitures totalement différentes ! Déjà, il y a 70 chevaux d’écart entre les deux modèles, sans compter le pack Hybrid qui vient s’ajouter sur la Puma 1 : si on arrive à débloquer le pack Hybrid au freinage, on a alors 130 chevaux disponibles sur la prochaine accélération pendant 3 à 4 secondes. L’aéro est aussi important : sur la Puma 1, on a des gros ailerons à l’arrière et des packs aéro un peu partout sur les flancs de la voiture et sur les pare-chocs avant et arrière. À haute vitesse, quand on arrive à avoir une charge suffisante, c’est un phénomène qu’on n’a pas du tout en WRC2 et auquel on doit s’adapter quand on switche vers la WRC1.
« Mon objectif : un top 5 rapidement avant d’aller en chercher un autre »
Quels objectifs vous ont été fixés par Ford M-Sport ?
L’objectif est d’abord de prendre de l’expérience et crescendo d’essayer d’augmenter le rythme. On va commencer la première partie de saison sur des rallyes compliqués : le Monte-Carl’ avec ses conditions changeantes [NDLR : arrivé 8e suite à une sortie de route], puis la Suède où l’on a zéro expérience [rendez-vous demain pour les premières spéciales!], avant d’enchaîner avec le Portugal et la Sardaigne que nous n’avons faits qu’une seule fois là où nos concurrents ont 8 ou 9 participations. En revanche, quand on arrivera en deuxième partie de saison, avec le Chili ou la Central Europe qu’on a roulé l’année passée déjà avec la Puma, le Japon où on a deux participations à notre actif et où ça s’est plutôt bien passé, mais aussi la Pologne et la Lettonie qui seront de nouvelles manches pour tout le monde, là on aura nos chances de faire des résultats plus probants.
Le but que je me suis fixé est de faire un Top 5 rapidement, avant d’aller en chercher un autre !
Quels sont les rallyes où vous avez vos chances et ceux qui vous paraissent plus difficiles ?
Ils sont tous difficiles ! La Grèce est un rallye où la position sur la route joue beaucoup. Avec deux participations, faire un Top 5 là-bas est un objectif réalisable pour lequel on a envie de se préparer. Le Portugal et la Sardaigne seront un vrai défi et de bonnes sessions de test grandeur nature car les autres connaissent par coeur des spéciales qu’on n’a faites qu’une fois. On manque d’expérience aussi sur la Suède. Les manches en Lettonie, Pologne et Finlande peuvent également surprendre, de par la vitesse engagée : j’ai fait la Finlande en Rally2, c’était déjà impressionnant, alors en Rally1 je n’ose même pas imaginer ce que ça donne !
« Avec Louis Louka, on a cette rage de vaincre ! »
Votre copilote Louis Louka est votre binôme depuis 2018 chez Opel : il vous a suivi chez Hyundai puis chez Ford. Comment définiriez-vous votre relation après 6 années dans le même cockpit ?
On a tout de suite accroché dès le début : on s’entend super bien. On a commencé tout en bas de l’échelle ensemble, et depuis on a cette rage de vaincre et de faire mieux chaque saison, faire le moins d’erreurs possible et motiver les boss à nous faire confiance une année supplémentaire. Cela nous a menés jusqu’ici et permis de réaliser notre rêve. Au final, on est deux grands enfants qui rêvent d’être en WRC et aujourd’hui on a cette chance !
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