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Voyage aux Féroé : carnet de bord

6 minutes
© Marco Noel

Les Îles Féroé, concentré de nature brute, accueillaient Differdange pour un match de Ligue des Champions. Récit de voyage au pays des trolls.

Le football est dans tous les esprits européens en ce mois de juillet, à quelques jours de la finale de l’Euro 2024 et en plein premiers tours des coupes UEFA. Pourtant ici, l’on pourrait croire qu’il n’a jamais existé, tant le climat est rude et la terre de basalte. Une contrée inhospitalière, qui compte près du double de moutons que d’habitants, répartie sur dix-huit îles aux falaises et cascades majestueuses. Aucun arbre ne vient perturber l’horizon des collines, lacs, fjords et concrétions rocheuses balayées par les vents et les embruns.

On dit qu’au pays des moutons (littéralement Føroyar – à prononcer Feuryè – signifie « terre des moutons » en féringien), un troll se cache sous chaque pierre ; gare à celui qui se risquerait à les déranger. On raconte également que chaque île était à l’origine flottante, et qu’elles jouaient à disparaître la nuit ou par grand brouillard, mais que désormais elles étaient toutes reliées sous la mer par un bras de terre.

Et la modernité semble avoir donné raison à cette théorie, les humains creusant des tunnels à même la roche volcanique qui nous ont permis de rallier Streymoy, la plus grande et plus habitée des îles, depuis Vágar, le premier promontoire de l’archipel que l’on foule puisqu’il y abrite son unique aéroport.

Baignée par la baie de Vestaravag et blottie derrière l’île-aiguille Nólsoy, Streymoy est le berceau de Tórshavn, capitale de ce protectorat danois qui revendique pourtant son autonomie culturelle à défaut d’avoir su trouver un consensus pour une réelle indépendance politique.

Dans cette ville de 20.000 habitants, près de la moitié du total de l’archipel, le monde occidental s’est introduit subrepticement avec son lot de touristes au milieu des bâtiments aux toits herbeux et des bateaux de pêche faisant sécher les poissons à l’air marin.

En juillet, le jour décline si tard qu’à minuit la lumière berce encore les prairies d’une chape hors du temps. Pourtant située bien en-deçà du cercle polaire arctique, les Féroé demeurent à mi-chemin entre l’Islande et la Norvège et se nimbent d’un halo de nuit blanche auréolée d’une brume mystérieuse.

Et au matin, on s’aperçoit que les moutons sont véritablement les hôtes, omniprésents, comme la verdure, des lieux les plus reculés jusqu’à quelques mètres du centre historique et du Parlement millénaire, le Løgting, en pleine capitale. Inutile de pousser jusqu’à Mykines (l’île la plus à l’ouest, rattachée administrativement à Vágar et refuge des macareux) ni Nólsoy, les ovidés importés par les Vikings dès leur première colonie au IXe siècle ont fait de cette terre enchantée leur pâturage officiel.

À Tórshavn, tout est un mélange sans filtre de tradition et d’histoire. On croise des bergers en pleine tonte de leur troupeau, des pêcheurs vendant leurs prises directement sur la jetée au vieux port, des touristes égarés sur un ancien fort du XVIe siècle : la forteresse de Skansin conçue pour se préserver des pirates veille sur la capitale du haut d’une colline recouverte d’herbe sur la route pour rejoindre Tinganes.

Depuis bientôt vingt ans, le Norðoyatunnilin permet de rejoindre par la voie terrestre Klaksvík, la deuxième ville de l’archipel, depuis l’île de Eysturoy en passant sous le détroit de Leirvíksfjørður. Ce tunnel de plus de six kilomètres passe à 150m sous la mer et permet de relier Tórshavn au stade Við Djúpumýru sur Borðoy en moins d’une heure, grâce au nouveau Eysturoyartunnilin inauguré en 2020 et dont les 11 kilomètres sous-marins depuis Sreymoy se croisent en un rond-point anachronique. Lorsqu’on revoit la lueur du jour, on longe alors le Skælingsfjall puis le Slættaratindur, le point culminant de tout l’archipel du haut de ses 882 mètres, qui laisse rarement la brume découvrir son sommet.

Et même quand le football reprend ses droits et que le destin n’est pas au rendez-vous, on se prend à croire que les trolls en avaient après nous, qui les avons réveillés et retournons humblement sur le Vieux Continent en s’inclinant devant la majesté des lieux. On entendrait presque le vent murmurer dans un chuchotement de cascade : « Takk fyri Føroyar, farvæl… »

Marco Noel

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