Trois épreuves olympiques doivent se dérouler dans le fleuve parisien à compter de demain. Une promesse faite à tous les Franciliens dès le premier mandat de la maire de la capitale française, Anne Hidalgo, en 2014. Déjà en 1990, l’ancien maire et futur Président Jacques Chirac donnait rendez-vous pour le voir s’y baigner. 36 ans plus tard, le rêve est-il devenu réalité ?
Avec le Plan Baignade, la Ville de Paris, l’État et les collectivités locales ont investi plus de 1,4 milliard d’Euros depuis 2015 pour permettre la tenue des épreuves olympiques et paralympiques en eau libre dans la Seine. D’énormes efforts ont été consentis pour améliorer la qualité de l’eau, soulignés par l’Ambassadeur pour le sport français, « avec par exemple les constructions du bassin d’orage d’Austerlitz, estimé à plus de 90 millions d’Euros et qui permet depuis le mois de mai d’éviter les déversements d’eaux usées en cas de fortes précipitations, d’un collecteur de grande capacité et d’une station de dépollution des eaux pluviales ». Leur objectif : permettre la baignade pour tous sur trois sites parisiens 2025, et dès cet été de voir les Jeux Olympiques y inaugurer la nage. Pour rassurer, un coup de com’ de la maire de Paris Anne Hidalgo qui a fait le plongeon dans les eaux de la Seine le 17 juillet.
Car les triathlons des 30 et 31 juillet et 5 août verront a priori l’épreuve de natation se dérouler dans le fleuve entre le pont Alexandre III et le pont de l’Alma, et les 8 et 9 août la natation marathon de 10 km plongera à son tour dans les eaux fluviales, avant de voir les athlètes paralympiques s’y mouiller lors du paratriathlon des 1er et 2 septembre. Pourtant, la Seine est bel et bien interdite à la baignade depuis un siècle : en 1923, un arrêté préfectoral pointant les risques liés à la navigation et à la pollution met fin à une pratique séculaire. Les chercheurs du nouveau courant hygiéniste ne cessaient d’alerter les baigneurs et les autorités sur les risques d’infection cutanée, de gastroentérite, d’otite, d’infection urinaire et surtout de leptospirose, une maladie bactérienne transmise par les rats.
En cause principalement, le taux de bactéries Escherichias coli (E. coli) et entérocoques, présentes dans les matières fécales et souvent indicatrices d’agents pathogènes, nettement en baisse depuis le début des travaux d’assainissement (le dossier de presse officiel de la Préfecture d’Île-de-France affiche « 75% de la pollution bactériologique identifiée abattue ») mais qui dépasse les seuils lors des épisodes de pluie intense. Or, les sept derniers mois ont été particulièrement humides, avec de fortes précipitations qui ont engorgé le réseau d’évacuation des eaux usées se déversant donc dans la Seine, l’absence d’ensoleillement et de son action bactéricide, et l’augmentation du débit du fleuve amoindrissant l’efficacité des usines de traitement. Résultat : déjà en août dernier, l’épreuve test de natation avait été annulée à la dernière minute ; le 10 juin 2024, l’équipe de France de nage en eau libre n’a pas pu s’entraîner comme prévu à cause de taux dépassant les normes acceptables ; rebelote ces derniers jours avec les deux entraînements pour le triathlon annulés pour une pollution au-delà des seuils. Les pouvoirs publics sont néanmoins vigilants : depuis le 1er juin, des analyses quotidiennes sont réalisées par un laboratoire indépendant mandaté par la Ville de Paris et un bulletin « météo Seine » est édité de manière hebdomadaire. Une garantie bien plus transparente que lors des Olympiades de Londres, Rio, ou encore Tokyo où les conséquences encore lourdes de la pandémie intéressaient davantage la presse japonaise que la qualité des eaux du Parc marin d’Odaiba, pourtant soumis aux mêmes problématiques avec des taux bien plus alarmants.
Or après le printemps le plus humide que la capitale française ait connu depuis le nouveau millénaire et une dépression qui a vu la cérémonie d’ouverture se dérouler sous des trombes d’eau, le principal risque des épreuves dans la Seine n’est finalement pas sanitaire : le débit du fleuve peut s’avérer dangereux. Un pari d’autant plus risqué que le comité d’organisation des Jeux n’a pas de plan B.
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