Entretien avec Raymond Conzemius, directeur technique du COSL et chef de mission olympique pour ce comité, afin d’évoquer les initiatives mises en place et les ambitions de la délégation luxembourgeoise pour ces Jeux.
Quel est le rôle du COSL et ses initiatives pour permettre le développement et la performance de nos athlètes ?
Le COSL a principalement un rôle de coordination, de mise en place d’un contexte favorable aux sportifs afin de leur permettre d’évoluer au mieux. Ces derniers sont au centre de nos préoccupations, ainsi que les entraineurs, qui sont ceux qui ont aidé le sportif à être le mieux préparé. Pour cela, nous avons mis en place toute une structure avec des personnes-ressources pour répondre à trois éléments principaux. D’abord la performance de l’athlète, qui est toujours au centre des préoccupations, ainsi que sa préparation, pour permettre à l’athlète d’être au top le jour J. Puis la sécurité, afin d’être paré à toute éventualité et imprévu potentiel. Nous avons tout un plan concernant ce point, avec notamment l’élément du safeguarding qui en fait partie, tout comme l’antidopage, qui sont des sujets où nous nous devons d’être dans la prévention. Enfin, le « well being » des valeurs olympiques, pour que nous soyons tous unis par un ensemble de valeurs communes telles que le respect, le travail en équipe ou encore la passion, des valeurs que nous avons définies avec les différents acteurs. Pour ce point, nous avons mis en place un code de conduite et un plan d’action, afin d’expliquer comment tous les acteurs doivent se comporter pour que le sportif soit dans un contexte de performance, mais également dans un contexte positif d’un point de vue psychologique. Pour ce qui est de l’athlète, qui reste l’élément central, il y a toute une série de services fournis par le LIHPS ou différents acteurs directement sur place, et nous sommes sur quelque chose de très individualisé.
Quels sont les retours des athlètes sur le LIHPS, créé en 2017, et comment se porte le développement de ce projet ?
Sur les cas où les athlètes, leur staff et les experts du LIHPS sont en étroite collaboration, les retours sont quasi exclusivement positifs. Les cas où nous voyons le plus de résultats interviennent notamment en cas de blessure, avec de beaux exemples comme Ruben Querinjean ou encore Jenny Warling, où l’expertise du LIHPS avec les médecins du CHL Eich permet de favoriser le retour du sportif au plus haut niveau. Il y a des éléments concernant la récupération optimale du sportif, mais également toute une série de technologies mises en place, notamment à la Coque, et toute une équipe qui entoure l’athlète qui permettent encore une fois d’optimiser le processus pour que la performance soit à la hauteur.
« Sur le LIHPS, les retours sont quasi exclusivement positifs. »
En lien avec le LIHPS, la SportFabrik ayant vu le jour fin 2022 a aussi un rôle
essentiel ?
Avec la Sportfabrik, nous sommes vraiment à la pointe du développement technologique et des services livrés dans la biomécanique qui permettent de donner aux athlètes et leurs entraineurs la possibilité d’avoir une meilleure qualité d’analyse, et d’être au même niveau que leurs concurrents étrangers.
En quoi ces Jeux de Paris ont-ils une saveur si particulière ?
D’un point de vue personnel, c’est forcément particulier, car ce sont les premiers d’un point de vue de chef de mission. Pour nous, en tant que Team Lëtzebuerg, nous avons mis en place tout un organigramme et un contexte pour réunir tous les acteurs, et en faire un véritable travail d’équipe. L’objectif est évidemment de mettre en place un contexte très individualisé pour chaque athlète. La proximité de ces Jeux de Paris d’un point de vue géographique nous aide à le mettre en place. Je pense par exemple à la présence d’un nutritionniste qui viendra à Paris pour quelques jours afin d’observer les lieux. Nous pouvons donc mettre en place des choses, au vu de la proximité, que nous n’aurions pas forcément pu faire si les Jeux n’avaient pas été aussi près. Même pour une petite nation comme nous, l’objectif est de ne pas être trop en retrait par rapport aux grosses nations du point de vue de la structuration de la performance. Donc avec le LIHPS, HPTRC et les différents acteurs, nous pouvons garantir la meilleure préparation pour nos sportifs, ce qui est extraordinaire. Nous avons également des échanges intéressants avec nos homologues Français et d’autres grandes nations comme les Allemands et les Belges qui nous aident sur l’aspect logistique, sportif ou encore le domaine de l’hospitalité avec la Maison du Luxembourg.
« Team Lëtzebuerg a mis en place tout un organigramme et un contexte pour réunir tous les acteurs, et en faire un véritable travail d’équipe. »
Quels sont les objectifs pour ces Jeux de Paris d’un point de vue institutionnel ?
Dans un contexte général, cet évènement unique peut permettre de créer des liens avec des acteurs dans le domaine sportif, mais aussi de créer un lien avec des acteurs externes au domaine sportif, afin de montrer l’impact sociétal que le sport peut avoir, et qui nous tient à coeur. Il faudra aussi nouer des liens entre toutes les formes de sport, que ce soit avec le sport de haut niveau, mais également à travers le développement de l’activité physique qui peuvent être étroitement liés, comme l’organisation Terre de Jeux dans le contexte de ces Jeux de Paris 2024. Cela nous tient à coeur en tant que COSL, car nous ne nous considérons pas seulement comme un comité olympique, mais comme un comité olympique et sportif.
Et en termes de résultat ?
J’ai envie de parler d’objectif en termes de performance, car le résultat est une conséquence de la performance, mais aussi d’un contexte sur lequel nous n’avons pas forcément la possibilité d’influer en totalité, comme par exemple un certain déroulement de course qui n’est pas que du fait de notre sportif. Notre objectif est que tous nos athlètes soient au meilleur de leur forme le jour J, et que leur état physique et mental leur permette de performer au mieux. Il faut mettre ces résultats dans le contexte olympique, qui réunit les meilleurs athlètes de chaque discipline. Bien sûr, nous espérons quelques belles performances d’un point de vue du classement, avec un ou deux Top 10 et trois ou quatre parmi le Top 20, qui sont des objectifs qui ne nous semblent pas irréalistes.
« J’ai envie de parler d’objectif en termes de performance, car le résultat en est une conséquence. »
Le pays est sur une excellente dynamiques en matière de nombre de représentants aux Olympiades depuis vingt ans. Comment expliquez vous cette constance ?
Je pense que nous avons mis en place bon nombre de structures au Luxembourg qui commencent à porter leurs fruits. Le Sportlycée, la section sportive de l’armée, le renforcement des fédérations, le LIHPS sont tout un ensemble de systèmes qui nous permettent de tenir le cap et de ne pas prendre de retard par rapport aux évolutions à l’étranger. Il y a également des situations individuelles qui jouent un rôle dans ce bilan. En athlétisme par exemple, c’est une somme de contextes individuels. Mais surtout, je pense qu’il y a un vrai contexte luxembourgeois qui permet aux jeunes de se dire : « je m’investis à 100% dans le sport, c’est ma passion et j’ai envie d’évoluer dans ce domaine ». Avec les soutiens qu’on a tels que les congés sportifs, l’armée, le soutien du COSL, du ministère, les sportifs sont dans un environnement assez sécurisant, leur permettant d’oser et de vivre cette passion pleinement. Ce contexte positif permet à nos athlètes de faire ce choix pendant une certaine période de leur vie. Je pense que nous sommes pas mal avec tous ces systèmes mis en place, même si nous devons encore évoluer pour continuer à nous améliorer.
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