C’est un fait établi : le Grand-Duché est une pépinière de football. La formation est inscrite dans les projets de clubs historiques tels que le Fola ou le Progrès, devenue une marque de fabrique pour Dudelange, Käerjeng ou le Racing à tel point que le modèle a fait des émules et que la fédération s’est dotée depuis d’un centre national tentaculaire. Reportage dans la serre des futures fines fleurs du ballon rond.
On peut parfois regretter qu’ils s’envolent vers d’autres cieux, désertant nos pelouses pour conquérir le monde pro, mais dans ce cas, comme l’a dit un entraîneur de BGL Ligue aguerri au foot professionnel :
« c’est qu’on a réussi notre mission » (Jeff Strasser, Dribble! #59). Admettre la fuite des talents, dès le plus jeune âge, c’est reconnaître la qualité de nos éducateurs, de nos programmes d’entraînement, ou des infrastructures de Mondercange qui ont bénéficié du quart du budget total de la FLF. C’est entériner l’idée selon laquelle le Luxembourg est une véritable terre de formation du football de demain. Voire d’aujourd’hui à y regarder de plus près.
Les nouveaux capés internationaux que sont Kevin D’Anzico, Christophe Andrade Brites, ou Tomás Moreira Cruz ont tous fait leurs armes dans nos clubs formateurs : Käerjeng de 2011 à 2016 pour le défenseur de Differdange, le F91 depuis 2015 pour la pépite de 17 ans du CFN, ou encore Norden (comme Laurent Jans) de 2015 à 2021 pour le milieu offensif des U23 du Benfica. Et de manière plus générale chez les Rout Léiwen, ils sont presque tous passés par le Centre de Formation National à l’issue de leur passage dans une académie : pèle-mêle, le Racing pour Leo Barreiro, Kiki Martins, Danel Sinani, Flo Bohnert, Mathias Olesen, Dirk Carlson, Yvandro Borges, ou encore Gerson Rodrigues avant le Swift ; Dudelange pour Edvin Muratovic, Mike Omasanya, Sofiane Ikene ou Aiman Dardari ; le Fola pour Enes Mahmutovic ou Vincent Thill (qui a ensuite intégré les jeunes de Metz) ; Rodange pour Seid Korac et Oli Thill ; Niederkorn pour Seba Thill…
Sans compter les jeunes étrangers formés dans nos écoles de foot, comme Aston Da Silva, passé par Dudelange et le Racing avant de rejoindre le PSV dans son pays natal. Comme Balsa Perkovic (Mondercange) repéré à l’Académie du RFCUL par la Serbie U18. Ou Miralem Pjanic qui a écumé le synthétique du FC Schifflange avant de partir en France se faire un nom à Metz puis Lyon. Une notoriété en Ligue 1 qui l’a conduit au destin connu de tous, d’abord à l’AS Roma, puis la Juventus de Turin (avec plus de 280 matchs de Serie A dans ses bagages) ou encore au FC Barcelone et au total, 87 rencontres de Champions League.
Et pour récolter les fruits d’un véritable travail de formation, il faut bien sûr des infrastructures, comme celles de Mondercange qui ont reçu les éloges de l’UEFA et la FIFA (on se reportera utilement à la brochure UEFA direct N°185 d’août 2019), un budget alloué conséquent (parfois jusqu’à 15% des investissements d’un club), mais surtout des femmes et des hommes. Des entraîneurs qualifiés qui ne cessent de faire grossir les rangs des formateurs pour nos plus de 1000 équipes de jeunes, filles et garçons confondus. Avec les armes techniques mais aussi pédagogiques nécessaires pour accompagner l’éclosion des meilleurs talents et limiter les dégâts de l’effet « projet Mbappé » sur la jeune génération et surtout leurs parents, aveuglés par les discours des scouts et autres agents qui vendent leur salade. Parfois davantage désireuses des retombées économiques que du plaisir pris par leurs rejetons sur les pelouses, les familles se retrouvent bien souvent confrontées à la réalité d’une sélection drastique et aux désillusions après s’être monté le chou. La force de nos formateurs qualifiés repose alors sur leur gestion humaine autant que footballistique. Après tout, il n’est pas de roses sans épines, et les meilleurs jardiniers sont ceux capables de séparer le bon grain de l’ivraie.
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