Le sport fait partie des valeurs les plus prisées dans le monde du travail : synonyme d’engagement, de dépassement individuel ou de collectif soudé, il est souvent invoqué par les dirigeants pour fédérer les équipes et par les salariés pour se retrouver dans un moment de partage et d’entraide. Dossier sur les bienfaits du sport en entreprise, ses freins et ses leviers.
La pandémie est souvent vue rétrospectivement comme ayant été un facilitateur d’activité physique notamment par le biais des challenges sur les réseaux sociaux. Mais la réalité semble tout autre : la moitié des Européens ont réduit le temps consacré voire ont totalement interrompu leur pratique du sport. Quel impact le retour d’une majorité de son temps de travail en présentiel a-t-il eu sur la pratique du sport de la population luxembourgeoise active ?
Après les éditions 2013 et 2017, la Commission européenne a publié en 2022 son Eurobaromètre du sport et de l’activité physique. Suite aux travaux menés par Bruxelles, Margaritis Schinas, vice-président chargé de la promotion d’un mode de vie sain (HealthyLifestyle4All), a insisté : « Le sport ne résoudra pas à lui seul tous nos problèmes mais il présente aussi un potentiel unique pour nous rassembler et nous donner le sentiment que nous appartenons à une communauté. » Cet état de fait est partagé par tous, et dans le monde de l’entreprise encore davantage, là où le sport fédère sur des projets, des séances de team buildings ou de missions caritatives. Néanmoins, notre pays concentre certaines particularités.
Parmi les 27 états membres de l’Union Européenne, 38% des 26580 personnes interrogées ont déclaré pratiquer du sport « régulièrement ou assez régulièrement ». Au Grand-Duché, ce nombre est quasiment doublé : 63% de nos 502 concitoyens représentatifs interviewés sont pratiquants d’une activité physique. Et à y regarder de plus près selon les catégories socioprofessionnelles, on pourrait même largement dépasser les 80% en ne tenant compte que de la population active (les sondés qui ont témoigné « jamais ou rarement » sont pour les deux tiers au foyer, en pension, au chômage ou en étude).
Pourtant, le Luxembourg est l’un des pays où la sédentarité est la plus problématique : 42% des personnes interrogées passent plus de 5h30 assises au cours d’une journée normale, et jusqu’à 15% au-delà de 8h30. Entre le temps de trajet en voiture sur nos autoroutes saturées et la posture au bureau devant son écran, c’est bien davantage que la moyenne européenne (de 3 points) et surtout plus qu’en 2017 (où 10% de la population luxembourgeoise interrogée passait plus de 8h30 en position assise).
Or, si 50% de nos concitoyens semblent s’adonner à une activité physique en plein air, ils sont 38% à pratiquer le sport à domicile, 25% dans un centre sportif (centre de fitness ou remise en forme, salle de musculation, piscine), 17% en club contre seulement… 10% sur le lieu de travail. Un chiffre à relativiser toutefois : parmi ceux qui pratiquent le sport à l’extérieur, plus de mille licenciés écument les terrains des 26 clubs de football corporatif en portant haut les couleurs de leur entreprise. Quels sont les freins pour la pratique du sport en entreprise ?
En cause, le manque de temps évidemment (pour 39% du total des sondés, le sport n’est pas pratiqué pour cette raison), mais aussi d’espaces dédiés ou d’infrastructures directement accessibles en entreprise. Le Rapport d’activité 2023 du ministère des Sports pointe du doigt le problème dans son chapitre sur le Centre national sportif et culturel D’COQUE, un lieu pourtant entièrement dévolu à l’activité physique et en plein coeur du quartier d’affaires du Kirchberg : « Le sport d’entreprise, en repli de 35,5% par rapport à l’année de référence 2019, subit de plein fouet le problème du manque d’espaces disponibles. »
Avec le retour de l’hiver et des conditions météorologiques difficiles, nul doute que ces espaces intérieurs vont cruellement faire défaut à toutes celles et ceux qui désireraient allier sport et entreprise, car qu’on se le dise, les chiffres ne mentent pas : les actifs du Luxembourg sont sportifs !
Fréquence, temps consacré, cadre et raisons : quelles que soient les activités physiques pratiquées en entreprise, les bénéfices au travail sont quantifiables. Quelques chiffres et statistiques officiels.
C’est le taux de Luxembourgeois déclarant pratiquer une activité physique régulière ou très régulière. Ce nombre est croissant (+7 en 5 ans) et dépasse largement la moyenne européenne (38%). Les femmes sont les plus sportives, hormis dans la tranche 25-39 ans. Mais seuls 10% d’entre eux le pratique au travail.
Un actif sédentaire qui se met à la pratique du sport en entreprise améliore sa productivité de 6% à 9% (Goodwill management). Une entreprise peut même améliorer sa rentabilité nette jusqu’à 14% dans un niveau d’engagement fort pour le sport : en réduisant le taux d’absentéisme, les risques de maladies musculo-squelettiques (cause de 87% des maladies professionnelles) ou les arrêts de travail.
Taux de satisfaction des salariés qui pratiquent le sport en entreprise, également facteur d’engagement et de cohésion pour les collaborateurs. Ils sont près de 100% chez les dirigeants ayant adopté le sport dans leur société alors que 70% des entreprises ignorent à qui s’adresser pour entamer une démarche de promotion du sport.
Les salariés affirment très majoritairement avoir de meilleures relations avec leurs collègues grâce au sport en entreprise. 77% déclarent même que le sport en entreprise permet de remotiver les équipes.
Un salarié ayant accès une solution d’activité physique en entreprise estime que son équilibre vie pro/vie perso est supérieur de plus de 16% à celui d’un salarié ne bénéficiant pas de cet accès.
Sources : Eurobaromètre spécial 525 (Commission européenne, 2022), Étude de l’impact économique de l’Activité Physique et Sportive sur l’entreprise, le salarié et la société civile (Goodwill management, 2015), Rapport d’activité du Ministère de la Santé et de la Sécurité sociale, Observatoire de l’Engagement en Entreprise 2023.
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