Inconnu au Grand-Duché de Luxembourg, le Belge Mathieu Fivet est le nouveau coach de l’équipe féminine du T71 Dudelange. Ancien joueur et entraîneur en Belgique, il a choisi à 45 ans de se lancer un nouveau défi avec un effectif rajeuni et en pleine reconstruction. « J’apprécie de travailler avec la jeune classe », assure-t-il. Et les débuts sont réussis. Entretien.
Une jolie carrière au plat pays
Né le 2 mars 1979, père de trois enfants (12, 17 et 19 ans), Mathieu Fivet est dorénavant directeur d’école après une vie professionnelle d’instituteur. Sa carrière sportive, il l’a effectuée dans trois clubs : Bertrix, BCCA Neufchâteau et RBC La Rulles. Joueur, meneur attitré, il a porté avec brio le maillot de Neufchâteau de 1996 à 2011, en Division 2 et 3 nationale. De 2011 à 2024, il a évolué à Rulles (Régionale 2, 1ère et 2e provinciale). Le coaching, il l’a dans le sang et a réussi partout où il est passé. Titulaire des diplômes Niveau 3 Adeps Basket Belgium soit le plus haut niveau en Belgique, Mathieu Fivet a été entraîneur-coach chez les jeunes (U12, U14, U16 filles) dès 1999 et jusqu’en 2024. En parallèle, il a entraîné des équipes senior(e)s depuis 2001 (les messieurs de Bertrix, de Rulles et de Neufchâteau dont un titre de champion de D3 glané en 2017 + les dames de Rulles). Un joli palmarès sans oublier des participations à de nombreux « clinics ».
« L’objectif est de décrocher la qualification pour les playoffs. »
MENTAL! : Pourquoi avoir choisi de quitter la Belgique et de tenter votre chance à l’étranger ?
Mathieu Fivet : J’avais déjà été contacté par le Basket Racing Club Luxembourg par le passé. Le comité me connaissait via ma carrière au BCCA Neufchâteau. Pour diverses raisons (familiales et professionnelles), il m’avait été impossible d’y donner une suite favorable. Cet été, j’ai estimé avoir fait le tour de la question. Je savais Dudelange à la recherche d’un entraîneur : j’ai envoyé mon CV. Le comité s’est montré intéressé. On a discuté, et ça a « matché ».
Avez-vous, tout de même, hésité à franchir le pas ?
Aucunement. Beaucoup d’entraîneurs sont des étrangers. Je suis un inconnu ? Ce n’est pas grave. Sans me mettre martel en tête, je fais mon petit bonhomme de chemin. Je suis (encore) un jeune coach et il me reste au moins une quinze d’années à entraîner.
Vous avez dirigé des hommes et des femmes. En quoi le coaching diffère-t-il ?
Je n’ai aucune préférence entre les deux. Par contre, je peux m’appuyer sur mon métier d’instituteur et maintenant de directeur d’école. Je « manage » 40 adultes au quotidien, je participe à des formations (techniques de communication, etc.) et, oui, c’est un avantage. Le basket masculin est plus physique. Selon les positions et les pivots, il faut s’adapter. Il est rare de voir l’aspect physique prédominer chez les dames avec lesquelles il faut tenir compte d’autres aspects. On s’adresse à chacun et chacune différemment.
Quitter le basket amateur pour le monde semi-professionnel : est-ce un rêve devenu réalité ?
Je ne le vois pas de la sorte. Le basket reste ma plus grande passion. J’ai débuté à l’âge de 6 ans et 39 ans plus tard, la ferveur est toujours la même.
Quel univers avez-vous découvert au T71 ?
Incomparable avec tout ce que j’ai connu. C’est même impressionnant. Il y a un organigramme pour chaque équipe, il existe un « fan-shop ». La structure de l’équipe est semi-professionnelle avec un manager, un kinésithérapeute, un médecin et un assistant-coach. Le fait d’avoir quatre entraînements (dont des spécifiques : physique, séances de shoots, de vidéos) par semaine permet d’approfondir les systèmes.
Avez-vous dû vous mettre à niveau, vous adapter ?
Après des années en Belgique, j’avais le cul dans le beurre. J’avais envie de sortir de ma zone de confort. Entreprendre les efforts nécessaires pour relever un challenge s’impose. Inévitablement, une nouvelle approche est nécessaire, et c’est ultra motivant. Quelle adrénaline ! Je me recycle, je me réinvente, je perfectionne mon anglais, j’écoute des podcasts pendant les trajets. Coacher des joueuses professionnelles est inédit. Tout se passe super, super bien. Elles jouent pour l’équipe, et non pour leurs statistiques. Cet état d’esprit est remarquable.
Vous n’avez pas choisi votre staff. Comment se passe la collaboration avec l’assistant coach, Alain Schaeffer ?
Elle est excellente. Ancien coach de Soleuvre, Alain connaît la division et les noyaux. C’est un avantage. Il entraîne les cadettes – plusieurs évoluent avec le noyau A – et il y a une séance en commun chaque mardi.
L’effectif a subi une cure de jouvence. Quelles sont les exigences du comité ?
Le vivier est réel. Plusieurs cadettes nées en 2006 et formées au club évoluent dorénavant en équipe A, et elles se frottent à des adultes – il existe un sacré écart entres les deux catégories. Dudelange a la culture de la gagne ! Le départ de trois cadres ainsi que l’absence (prolongée) de la meneuse Catherine Mreches [NDLR : blessée, elle ne sera pas retour avant janvier] et celle actuelle de Michelle Dittgen ne facilite rien. L’équipe est nouvelle, en pleine reconstruction. J’ai confié le jeu à une Américaine, qui d’habitude évolue poste 3. Il s’agit d’une saison de transition, gagner un trophée sera compliqué mais on ambitionne d’aller le plus loin possible en Coupe de Luxembourg. Le comité ne me met aucune pression.
Quel bilan établir trois mois après la reprise des entraînements ?
Mon intégration s’est bien passée. Je m’éclate. Avec cinq victoires et trois défaites, le bilan est plutôt positif. Gréngenwald et Bertange possèdent trois étrangères et Dudelange deux. La différence est énorme. Autre exemple, je « tourne » avec neuf ou dix filles pendant que Gréngenwald aligne six joueuses expérimentées. N’empêche, nous avons déjà mis de belles choses en place. La mentalité est excellente. L’intensité est présente aux entraînements. C’est aussi plus… sérieux qu’en Belgique : ici, les séances sont minutées, sans retard et sans aucune absence pour une raison qui n’en est pas une. La différence de niveau le justifie.
Le championnat Enovos League constitue une découverte pour vous. À quelle place Dudelange se classerait-il en Division 1 belge ?
Je ne connaissais pas le championnat mais je me suis vite rendu compte du niveau. Dudelange ne peut pas rivaliser pas avec les cadors belges, les Braine, Namur ou Willebroek. On serait 5e ou 6e de classe.
Max Flammang : « Mathieu Fivet correspond au profil recherché »
Manager de l’équipe féminine, Max Flammang et le comité du T71 avaient la responsabilité de nommer un remplaçant à Jérôme Altmann, entraîneur pendant quatre saisons. « Jérôme nous a avertis assez tôt de son arrêt. On a eu le temps de chercher son successeur. » Le choix s’est porté sur Mathieu Fivet. « Pour être honnête, nous ne le connaissions pas du tout. » Avec le départ de trois filles du cinq de base, l’équipe allait être remaniée et la jeune classe mise sur le devant de la scène. « Effectivement. Nous cherchions un coach capable d’assurer la transition avec la jeune classe. Nous avons reçu plusieurs candidatures. Très vite, nous en avons convenu : monsieur Fivet a de l’expérience à revendre dans le développement des jeunes joueuses pour les amener à un haut niveau. Par le passé, l’équipe masculine a déjà collaboré avec des coachs de nationalité belge. » Un accord a été trouvé. « Dudelange n’a pas les moyens financiers pour acheter une équipe. Il nous faut travailler avec nos jeunes dont nous sommes très fiers. Le profil de Mathieu Fivet correspond. Après trois mois, la collaboration est fructueuse, se passe sans aucune anicroche. Le comité est très, très satisfait. Mathieu s’investit, et il a un excellent contact avec les deux joueuses professionnelles. Il a signé pour une saison mais on espère aller beaucoup plus loin avec lui ».
Vincent Lommel
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